Jean-Paul Gagné : Bachand sonne la fin de la récréation

Publié le 30/03/2010 à 16:41

Jean-Paul Gagné : Bachand sonne la fin de la récréation

Publié le 30/03/2010 à 16:41

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. Le ministre Raymond Bachand n’a pas raté son premier budget. Rompant avec la tradition de distribuer des bonbons aux électeurs, le nouveau ministre des Finances a répondu à plusieurs attentes exprimées depuis quelques mois.

PLUS : Notre dossier spécial sur le budget

Plusieurs citoyens n’aimeront pas ce budget, mais celui-ci n’en est pas moins courageux et responsable.

Comme un ménage qui doit se reprendre en main après avoir vécu longtemps au-dessus de ses moyens, le gouvernement Charest a annoncé plusieurs mesures qui marquent un tournant dans la gestion de ses finances publiques.

Quand on se compare

Nous vivons au-dessus de nos moyens et, surtout, beaucoup plus grassement que les Ontariens tout en étant plus pauvres et plus endettés. En 2008-2009, le Québec a dépensé 17,5 milliards de dollars (G$) de plus que l’Ontario toutes proportions gardées. Or, le produit intérieur brut (PIB) per capita du Québec est de 14 % inférieur à celui de l’Ontario. En outre, le Québec finance 25 % plus de services publics que l’Ontario.

De plus, les Québécois portent sur leurs épaules une dette publique qui représente 94 % du PIB québécois en incluant la dette brute du Québec (162 milliards de dollars au 31 mars 2010) et les120 G$ que représente la part du Québec de la dette fédérale.

En partie à cause de son endettement, la notation de crédit que Standard & Poors donne à la dette du Québec est inférieure à celle de plusieurs provinces, dont le Nouveau-Brunswick, une province pourtant plus petite et moins riche.

Mesures impopulaires

Le budget Bachand peut aussi être qualifié de audacieux. Outre les deux hausses de 1 % de la taxe de vente les 1er janvier 2011 et 1er janvier 2012, le ministre introduit une contribution au financement de la santé (50 $ par adulte en 2010, 100 $ en 2011 et 200 $ par la suite), un dégel des droits de scolarité à l’automne 2012, une hausse d’un cent le kWh en quatre ans (de 2014 à 2018) du tarif du bloc patrimonial d’électricité, une hausse d’un cent par année pendant quatre ans de la taxe sur les carburants, le gel de sa masse salariale jusqu’en 2013-2014, une réduction de 10 % des dépenses de fonctionnement de nature administrative des ministères et des organismes publics et la fusion et le transfert à des ministères de 28 fonds et organismes.

L’effort de retour à l’équilibre budgétaire en 2013-2014 totalisera 11 G$, dont la moitié proviendra de compressions des dépenses. Un peu plus de 30 % de l’effort viendra des taxes qui seront ajoutées au fardeau des particuliers et 7 % proviendra des entreprises (dont 470 M$ de plus en quatre ans de la part des institutions financières). Le reste viendra de l’intensification de la lutte à l’évasion fiscale.

Le gouvernement veut limiter la croissance de ses dépenses de programmes à 2,9 % en 2010-2011 et à 2,2 % par année par la suite. Il prévoit également limiter à 3,7 % la croissance des dépenses de santé et à 2,2 % celle des dépenses d’éducation pour l’exercice 2010-2011, comparativement à des taux de croissance respective de 5,7 % et 3,5 % pour l’exercice précédent. C’est ambitieux, compte des taux de croissance beaucoup plus forte des dernières années.

Toujours la santé

Encore un fois, la santé absorbera le gros de la croissance des dépenses (55% de la hausse), l’éducation recevra 18 % de l’augmentation des crédits, le transport, 13 % et la famille et les aînés, 6 %. Tous les autres ministères se partageront 8 % de la hausse des dépenses.

Enfin, Québec s’est fixé pour objectif de réduire sa dette brute à 52 % du PIB en mars 2015, comparativement à 54 % en mars 2010. Espérons qu’on maintiendra cette direction.

Ce budget promet beaucoup, mais au-delà du gel de la masse salariale et de la volonté de ne plus reconduire automatiquement les programmes, il manque un engagement formel d’accroître davantage l’efficacité de la machine gouvernementale.

Il y a du travail à faire sur ce plan, notamment en gérant plus efficacement l’octroi des contrats d’entretien et de construction et en regroupant les achats, deux domaines où la machine gouvernementale n’est pas efficace.

Bref, un jugement qui n’est pas complaisant, mais pertinent dans les circonstances.

 

À la une

Compétitivité: Biden pourrait aider nos entreprises

ANALYSE. S'il est réélu, Biden veut porter le taux d'impôt des sociétés de 21 à 28%, alors qu'il est de 15% au Canada.

Et si les Américains changeaient d’avis?

26/04/2024 | John Plassard

EXPERT INVITÉ. Environ 4 électeurs sur 10 âgés de 18 à 34 ans déclarent qu’ils pourraient changer leur vote.

L’inflation rebondit en mars aux États-Unis

Mis à jour le 26/04/2024 | AFP

L’inflation est repartie à la hausse en mars aux États-Unis, à 2,7% sur un an contre 2,5% en février.