Incursion québécoise timide dans le pétrole à base de micro-algues

Publié le 28/05/2011 à 00:00, mis à jour le 07/06/2011 à 17:40

Incursion québécoise timide dans le pétrole à base de micro-algues

Publié le 28/05/2011 à 00:00, mis à jour le 07/06/2011 à 17:40

Bien que la production de carburant à partir de micro-algues approche du stade industriel dans plusieurs pays, le Québec en est à ses tout premiers coups d'accélérateur dans ce domaine. Goutte à goutte, des recherches s'amorcent et pourraient ouvrir la voie à une plus large exploitation.

L'espagnole Bio Fuel Systems (BFS) a déclenché une vague médiatique en Europe l'hiver dernier, après avoir annoncé qu'elle avait mis au point une technologie permettant d'obtenir un substitut au pétrole grâce à la photosynthèse de micro-algues marines. Comme le procédé requiert de grandes quantités de gaz carbonique (CO2), cela en fait une solution de rechange propre.

La concurrence n'a pas tardé à copier le concept et à se lancer dans la course, avec entre autres l'américaine Solazyme, l'australienne Algae.tec, ou l'italienne ENI, trois sociétés cotées en Bourse.

Au Québec, on est encore loin de la production industrielle ; la recherche commence à peine. Le ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs a accordé moins de 500 000 $ à deux projets sur les micro-algues.

Le premier, mené à l'Université de Montréal (UdeM), vise à isoler et à déterminer le potentiel des algues locales. "Nous commencerons à récolter les premiers échantillons d'algues en juin afin de les caractériser", dit le biophysicien Patrick Hallenbeck, responsable de l'étude de l'UdeM, dont les travaux ont été subventionnés par le gouvernement. "La technologie n'est pas encore au point ici, mais il y a un potentiel pour créer un grand nombre d'emplois. Nous n'avons pas encore choisi d'emplacement, mais des possibilités s'offrent à nous si l'on désire utiliser l'eau saline, comme la Gaspésie par exemple."

L'autre projet, mené à l'Université de Sherbrooke (UdeS), se concentrera plutôt sur la technique de production. Selon les chercheurs de l'UdeS, il serait envisageable de réduire l'importation annuelle québécoise de pétrole de 150 millions de barils.

Une voie parmi d'autres

Certains industriels n'auront pas attendu l'aboutissement des recherches avant de commencer à lorgner les micro-algues. L'Agence de l'efficacité énergétique dit étudier deux projets d'exploitation, mais refuse de nommer les entreprises qui y sont associées.

Pour Andrée-Lise Méthot, fondatrice de Cycle Capital Management, un fonds de capital de risque consacré aux technologies propres, l'arrivée du pétrole bleu est à prendre avec des pincettes.

"Les algues ont sûrement un potentiel prometteur, notamment pour la production de carburéacteur [carburant aviation], mais il est encore trop tôt pour dire si on pourra se positionner dans ce secteur." Elle ne veut pas diminuer le potentiel de ce nouveau secteur, mais rappelle que c'est très nouveau. D'autres avenues, notamment celle de la production de carburants à partir de déchets, sont plus avancées. Enerkem compte parmi les chefs de file de cette industrie, donne- t-elle en exemple. "Rien n'empêche de regarder du côté des micro-algues, mais il faut s'assurer de mettre nos billes là où il y a un réel potentiel économique." Mario Jolicoeur, biochimiste à l'École Polytechnique, souligne lui aussi que cette avenue est peu avancée, même s'il a déjà collaboré avec la pétrolière Total sur un projet. "L'erreur à ne pas refaire fut de tout miser sur le pétrole, en marginalisant les autres technologies. À mon sens, les micros-algues sont une voie parmi d'autres, dit-il. Mais la tendance de l'industrie automobile est ailleurs, peut-être plus au niveau hybride et électrique."

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