Gros conflit d'intérêts chez Potash

Publié le 23/08/2010 à 15:27, mis à jour le 24/08/2010 à 11:36

Gros conflit d'intérêts chez Potash

Publié le 23/08/2010 à 15:27, mis à jour le 24/08/2010 à 11:36

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. La rémunération des présidents et des chefs de la direction des grandes sociétés est tellement débridée que Bill Doyle, qui occupe cette fonction chez Potash Corp., encaisserait 455 millions de dollars US si l’offre d’achat de BHP Billiton pour le fleuron de la Saskatchewan est acceptée. Et l'encan est loin d'être terminé.

Le gros de cette bonanza viendra des actions de Potash et des options d’achat qu’il possède, lesquelles forment l’essentiel de sa rémunération.

Ce ne serait pas la première fois que M. Doyle toucherait le gros lot. Selon un dossier du Financial Post, le chef de la direction de Potash a obtenu une rémunération de 320 M$ CA en 2007. Ce chiffre a été établi en prenant l'hypothèse que M. Doyle a exercé toutes ses options avant la fin de 2007.

On peut penser toutefois que ce ne fut pas le cas. En effet, les options accordées par le conseil d’administration de Potash le sont pour une période de dix ans. De plus, M. Doyle n’avait pas pour philosophie de les exercer rapidement.

Américain d'origine, Bill Doyle a déménagé ses pénates à Chicago, ce qui donne l'impression à certains citoyens de la Saskatchewan que Potash est maintenant dirigée de la Ville des vents.

Conflit d’intérêts

Dans le cas présent, M. Doyle se retrouve en situation de conflit d’intérêts : ou bien, il tente, avec son conseil d’administration, d’obtenir la meilleure offre possible de BHP ou d’un autre acquéreur; dans ce cas, il passe à la caisse. Ou bien, il tente de trouver une autre solution autre que la vente du producteur canadien de potasse.

Cette dernière solution pourrait être l’acquisition d’un concurrent, tel le producteur américain de potasse Mosaic, ou encore Agrium de Calgary, qui, en plus de produire une plus grande variétés de fertilisants, possède aussi des réseaux de détail au Canada, aux États-Unis et dans d’autres pays. Une acquisition d’Agrium ferait de Potash une société de fertilisants, qui serait plus diversifée dans sa production et ses modes de distributioin.

Une autre solution pourrait être de réaliser une fusion avec une autre grande société canadienne, comme Teck-Cominco, pour constituer un groupe de grande envergure à contrôle canadien.

Une acquisition d'une autre société par Potash pourrait permettre d'accroître sa dette et, ainsi, de la rendre moins intéressante pour un acquéreur.

Convergence d’intérêts

Bien entendu, si M. Doyle et le conseil d’administration de Potash acceptent une offre d’achat des actions de Potash, il y aura convergence entre l’intérêt du chef de la direction et celui des actionnaires.

Par contre, sachant que les membres du conseil d’administration sont des mandataires de la société, ils se doivent de prendre la meilleure décision pour la société elle-même. Ainsi, il se pourrait que la décision optimale des administrateurs ne soit pas nécessairement la vente de l’entreprise, mais la création d’un plus grand groupe, dont ferait alors partie une ou d’autres sociétés.

Dans un tel cas, il pourrait ne pas y avoir de convergence d’intérêt entre celui du chef de la direction et celui du conseil d’administration.

Sur le plan pratique toutefois, il y a tout lieu de s’attendre à ce que les intérêts des uns et des autres convergent et tendent vers la vente de l’entreprise.

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