Chine: l'envers de la croissance

Publié le 12/10/2009 à 14:29

Chine: l'envers de la croissance

Publié le 12/10/2009 à 14:29

Par La Presse Canadienne

Photo: Bloomberg

Le boom économique de la Chine a son revers: l'explosion des ordures ménagères et détritus en tout genre que les villes déversent à la campagne.

En effet, à mesure que le boom économique se répand dans la population et sur le territoire chinois, des montagnes de détritus sont produites et s'accumulent.

Dans les villes, les capacités de traitement saturent et les autorités tentent tant bien que mal de gérer le phénomène. La quantité de papier, carton, plastique, métal, verre et autres ordures ménagères a plus que triplé en 20 ans pour atteindre quelque 300 millions de tonnes de détritus par an dans tout le pays, estime Nie Yongfeng, spécialiste en gestion des déchets à l'Université Tsinghua de Pékin.

En proportion de leur population, les États-Unis sont encore loin devant la Chine: les Américains, qui sont quatre fois moins nombreux que les Chinois, ont produit 254 millions de tonnes de déchets en 2007, même s'il est vrai que le tiers de ces ordures sont recyclées ou compostées, selon les chiffres fournis par l'Agence de protection environnementale américaine.

Mais, pour la Chine, le problème constitue une vraie révolution dans les comportements alors qu'il y a seulement une génération, les familles, largement rurales et pauvres, utilisaient et recyclaient à peu près tout.

«La question des ordures n'était jamais compliquée auparavant, parce que nous n'avions pas de supermarchés, nous n'avions pas tous ces emballages sophistiqués et ces choses sans fin à acheter», rappelle M. Nie. «Aujourd'hui, soudain, le gouvernement panique face aux montagnes de déchets qui s'entassent, sans savoir où les mettre tous.»

Les détritus n'empoisonnent pas seulement l'air et le sol, mais aussi les relations sociales. Dans les villes, les protestations de la population -plus éduquée, mieux organisée- ont incité les autorités à déverser leurs déchets dans les zones rurales.

Mais, à la campagne, les villageois sont souvent mis devant le fait accompli et n'ont que des moyens dérisoires pour exprimer leur colère.

Le cas de Zhanglidong

À l’entrée de Zhanglidong, un immense site d'enfouissement de déchets s'étend à perte de vue.

Ce village situé à une trentaine de kilomètres de Zhengzhou (est), mégapole de huit millions d'habitants et capitale de la province du Henan, une centaine de camions poubelle regorgeant d'ordures sont alignés, attendant patiemment de déverser leurs déchets dans cette décharge grande comme 15 terrains de football !

En moins de cinq ans, le Projet global d'enfouissement et de traitement de déchets de Zhengzhou a littéralement submergé ce hameau d'un millier d'âmes, un village jusque-là plutôt propret.

Aujourd'hui, les pêches et les cerises pourrissent sur les arbres, infestés par toutes sortes d'insectes attirés par l'odeur pestilentielle. Les champs, contaminés par des détritus toxiques, sont laissés à l'abandon.

Chaque jour, c'est la bagatelle d'une centaine de tonnes de déchets qui arrivent aux abords du village, en provenance de Zhengzhou. «En un instant, la vie ici est passée du paradis à l'enfer», raconte une vieille habitante de 78 ans, Wang Xiuhua, tout en chassant des nuées de moustiques et de mouches. Soudain, la septuagénaire est prise de quintes de toux incontrôlées. Elle explique que les gaz émanant de la décharge irritent ses bronches.

«La ville de Zhengzhou est impeccable parce que leurs ordures sont déversées dans notre village», dénonce un habitant, Li Qiaohong, qui accuse la décharge d'être responsable de l'eczéma de son fils de cinq ans.

La famille Li fait partie des quelques foyers qui vivent à une centaine de mètres seulement du site d'enfouissement, séparé par une simple barrière. Chacune de ces familles touche 100 yuan (15 dollars canadiens) du gouvernement en compensation.

«Nous, les villageois, sommes trop naïfs. Nous ne savions pas ce qu'était un site d'enfouissement », explique M. Li. « Si nous avions été informés plus tôt de toute la pollution que cela causerait, nous aurions tout fait pour stopper le processus de construction. Maintenant, il est trop tard.»

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