BP sacrifiera-t-elle Tony Hayward en vain ?

Publié le 25/07/2010 à 22:35, mis à jour le 25/07/2010 à 22:50

BP sacrifiera-t-elle Tony Hayward en vain ?

Publié le 25/07/2010 à 22:35, mis à jour le 25/07/2010 à 22:50

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. Le chef de la direction de BP, Tony Hayward, a certes échappé quelques paroles malhabiles pendant la crise déclenchée par l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon dans le Golfe du Mexique le 20 avril dernier, mais ce n'est pas la raison de son congédiement, qui paraissait éminent au moment d'écrire ces lignes (le 25 juillet).

BP avait besoin d'un bouc émissaire et personne d'autre que Tony Hayward ne pouvait remplir ce rôle. C'est son principal dirigeant qui va écoper. Rien de plus normal.

Reste maintenant à savoir ce qu'on lui donnera comme arrangement de départ. Encore là, on jouera la carte politique : on visera une compensation assez élevée pour le traiter correctement, mais pas trop, car cela paraîtrait mal dans les circonstances. De plus, le moment est mal choisi pour M. Hayward, car la valeur des options d'achat d'actions qu'il possède a pris toute une dégringolade avec l'effondrement du prix de l'action BP à cause de la crise.

Il serait remplacé par un Américain, Robert Dudley, actuellement responsable de la gestion de cette crise. C'est une autre décision politique qui a pour but de faire baisser la colère des Américains contre la société britannique. Le président Obama n'a cessé de répéter que cet accident est de la faute de BP.

À la demande du président Obama, BP a crée un fonds de 20 milliards de dollars US pour compenser les victimes de la marée noire, mais aucun déboursé n'a encore été fait. C'est un américain qui a été nommé pour géérer les réclamations.

Néanmoins, le remplacement du chef de la direction de BP n'accomplira rien de significatif si la culture de de cette société n'est pas changée.

Société voyou

Depuis le déclenchement de la crise du Golfe du Mexique, il ne se passe pas une semaine sans que ne remontent à la surface quantités d'accidents environnementaux, de graves manquements à la sécurité et de décisions administratives discutables, qui témoignent d'une culture d'entreprise qui n'a rien à voir avec la responsabilité sociale et l'éthique.

BP est une société qui tourne les coins ronds, qui est très centrée sur le contrôle de ses coûts et la maximisation de ses prrofits, qui met en danger la vie de ses employés et qui ne se soucie pas de protéger l'environnement. En 2005, une explosion survenue à sa raffinerie de pétrole de Texas City a causé la mort de 15 travailleurs et en a blessé 170 autres. Après la remise en état de cette raffinerie quelques années plus tard, une inspection gouvernementale a démontré qu'il existait encore des dizaines de manquements à la sécurité dans cette même raffinerie.

En Alaska, son réseau d'oléoducs est rouillé et mal entretenu, si bien que plusieurs fuites de pétrole s'y sont produites au cours des dernières années.

Ces jours derniers, on apprenait qu'une alarme avait désactivée sur la plateforme Deepwater Horizon pour ne pas réveiller les employés pendant leur période de sommeil. Bien entendu, le système d'alarme n'a pu prévenir le personnel de la plateforme de l'explosion qui se préparait et qui s'est effectivement produite. Résultat : 11 morts et une fuite de pétrole sans précédent en Amérique du Nord.

Criminel contre pétrole

Il y a une semaine, on apprenait que BP a fait des pressions sur le gouvernement du Royaume-Uni pour qu'il libère le libyen Abdelbaset Ali Mohmet al-Megrahi, premier responsable de l'attentat terroriste qui a fait sauter un avion de PanAm au-dessus de Lockerbie en Écosse en 1988. Cet attentat a causé la mort des 243 passagers, de ses 16 membres d'équipage et de 11 résidents de Lockerbie, victimes de la chute des débris de l'avion.

La libération du prisonnier libyen, qui fut accueilli en héros à Tripoli, avait pour but de sécuriser un programme d'exploration de 900 millions de livres sterling par BP au large de la Libye.

Bref, BP ne recule devant rien pour faire de l'argent.

On constate aujourd'hui qu'elle paie un prix très élevé pour sa cupidité et son manque d'éthique.

À la une

Compétitivité: Biden pourrait aider nos entreprises

ANALYSE. S'il est réélu, Biden veut porter le taux d'impôt des sociétés de 21 à 28%, alors qu'il est de 15% au Canada.

Et si les Américains changeaient d’avis?

26/04/2024 | John Plassard

EXPERT INVITÉ. Environ 4 électeurs sur 10 âgés de 18 à 34 ans déclarent qu’ils pourraient changer leur vote.

L’inflation rebondit en mars aux États-Unis

Mis à jour le 26/04/2024 | AFP

L’inflation est repartie à la hausse en mars aux États-Unis, à 2,7% sur un an contre 2,5% en février.