Au royaume de la bêtise

Publié le 29/03/2010 à 11:48

Au royaume de la bêtise

Publié le 29/03/2010 à 11:48

Par Jean-Paul Gagné

Blogue. La boulangerie Weston vient d’annoncer qu’elle fermera son usine de Longueuil le 31 décembre 2010. La fermeture sera progressive.

C’est la réponse de Weston au rejet par les quelque150 salariés syndiqués de cette usine à son offre de renouvellement de la convention collective. Ceux-ci sont affiliés à la Centrale des syndicats démocratiques (CSD), qui a pourtant la réputation d’être accommodante.

Weston a offert des hausses salariales de 2 % par année pour les quatre prochaines années et le maintien de la semaine de travail : trois journées de 12 heures.

Le nœud du problème

Pour plus de flexibilité face aux besoins de ses clients (les épiceries sont maintenant ouvertes sept jours/semaine) et accroître sa productivité, Weston a demandé aux salariés de renoncer à travailler trois jours consécutifs, mais elle s’est engagée à ce que chaque employé ait congé au moins un des deux jours de la fin de semaine.

Les têtes fortes du syndicat ont vu cette demande comme une attaque contre leurs droits acquis, si bien que le syndicat a rejeté le projet d’entente par 68 % des votes exprimés.

La moyenne d’âge des travailleurs est élevée. « Over my dead body », se sont dits certains. À quoi bon faire des concessions ? Ne sont-ils proches de leur retraite ? Ne pourront-ils pas partir avec une généreuse allocation de départ? Pourquoi protégeraient-ils l’emploi des travailleurs qui pourraient les remplacer ?

C’est non seulement stupide, mais oublier l’histoire de cette boulangerie et de la protection dont plusieurs des salariés actuels ont bénéficié il y a un peu plus de 20 ans.

Un peu d’histoire

À la fin des années 1990, Weston avait décidé de fermer sa vieille usine Longueuil, située le long de la route 132. C’était vu comme une catastrophe.

Le syndicat local, aidé de dirigeants de la CSD, et Gaétan Lussier, alors président de Weston Québec, en vinrent à une entente qui fut acceptée par la haute direction de Weston. Weston bâtirait à Longueuil la boulangerie la plus moderne au monde, quitte à sacrifer des dizaines d'emplois. C'était une décision intelligente.

L’ancienneté

Même si le bon sens économique aurait commandé à Weston de ne conserver que les salariés les plus productifs et les mieux préparés pour les technologies qui seraient utilisées, Weston a consenti à sélectionner les employés de la nouvelle usine sur la base de l’ancienneté. L’employeur est allé jusqu’à leur donner des cours d’alphabétisation. Ce n’est pas rien. Un contrat social en quelque sorte.

C’est cette usine que Weston entend maintenant fermer. Une usine qui a seulement 20 ans d’âge et dont la technologie est encore adéquate.

Le marché a beaucoup évolué ces dernières années. De nouveaux concurrents sont apparus, les boulangeries artisanales se sont multipliées et les Québécois mangent moins de pains tranchés conventionnels. De plus, Weston, qui possède maintenant Gadoua, a trois autres usines au Québec, qui peuvent prendre la relève. Elle peut aussi livrer au Québec des pains faits en Ontario.

La bêtise

C’est incroyable de s’enfarger dans une insignifiance comme le fait de ne pas pouvoir travailler trois jours consécutifs et de mettre à risque quelque 150 emplois. Comment ces salariés ne peuvent-ils pas apprécier le fait de ne travailler que trois jours/semaine ?

Il y a sûrement eu un manque de leadership incroyable dans la gestion de ce dossier, comparativement au bon sens qui avait prévalu il y a plus de 20 ans, lorsque l’on a tout fait pour permettre la construction de cette usine.

Qu’on réfléchisse un peu plus et qu’on retourne voter.

 

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