Québec rendra obligatoire le biocarburant dans la province

Publié le 24/01/2017 à 16:26

Québec rendra obligatoire le biocarburant dans la province

Publié le 24/01/2017 à 16:26

Par François Normand

Québec imposera bientôt un seuil minimal pour les biocarburants vendus dans la province, et ce, possiblement à compter de ce printemps. Cette mesure favoriserait le projet de bio raffinerie à La Tuque, en Mauricie, et aussi indirectement le projet de brut biologique à Port-Cartier, sur la Côte-Nord, qui ont besoin tous les deux d'un marché domestique pour être rentable à long terme.

Selon des sources de l'industrie qui préfèrent garder l'anonymat, le gouvernement Couillard songe actuellement à imposer un seuil de 2% sur les biocarburants, ce qui signifie que la totalité des carburants vendus au Québec devrait contenir au moins 2% de biocarburants.

Le projet de La Tuque prévoit la construction d'une bio raffinerie (qui entrerait en fonction en 2023) capable de produire du diesel renouvelable à partir de résidus forestiers. Ce carburant serait utilisé dans les véhicules routiers (camions, voitures, etc.) circulant au Québec.

Le projet à Port-Cartier (qui devrait être opérationnel en 2017-2018) prévoit produire du brut biologique (ce n'est donc pas un carburant) à partir de la biomasse forestière. Des entreprises comme Arcelor Mittal pourraient l'utiliser comme combustible dans leurs procédés de production.

Interviewé ce mardi à Montréal lors du sommet sur l'énergie organisé par les Événements Les Affaires, le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, a indiqué que son gouvernement était en train d'étudier la possibilité d'imposer un seuil minimal pour les biocarburants au Québec.

«On est en train d'en discuter au moment où on se parle», a déclaré le ministre, sans toutefois vouloir confirmer que la réglementation sur la vente de carburants au Québec serait effectivement modifiée ce printemps.

Cela dit, Pierre Arcand a clairement donné des signaux selon lesquels son gouvernement souhaite favoriser la création d'une filière de biocarburants au Québec, incluant le projet à La Tuque qui, à lui seul, est évalué à 1 milliard de dollars canadiens.

«Nous, on veut que cela avance, dit-il [...] C'est sûr qu'on est là pour faire en sorte que le projet de La Tuque, éventuellement, soit un succès», a insisté le ministre Arcand.

Pour le moment, la cible de 2% avec laquelle Québec travaillerait est insuffisante, et ce, même si cela constitue un pas dans la bonne direction, selon les sources de l'industrie. Car ce niveau serait insuffisant pour créer un véritable marché des biocarburants au Québec, alors que l'Ontario imposera un seuil minimal de 4% au courant de 2017.

Neste veut une seuil de 10%

De plus, en entretien avec Les Affaires le 17 janvier, un dirigeant de la finlandaise Neste, un leader mondial dans la production de biocarburants et partenaire pour le projet de La Tuque, a déclaré que la cible devrait être d'au moins 10% pour assurer la viabilité du projet.

«Il faut que la loi québécoise garantisse que les bio carburants représentent un minimum de 10% des carburants vendus au Québec», a déclaré Lars Perter Lindfors, vice-président principal et directeur technique de la multinationale finlandaise, en précisant que cette nouvelle réglementation doit être implantée d'ici 2 à 3 ans.

La cible que Québec annoncera ce printemps est le nerf de la guerre afin de garantir la rentabilité à terme des projets de biocarburants au Québec, insistent les sources de l'industrie.

D'une part, parce qu'il faut que cette cible soit supérieure à celle en vigueur dans les autres provinces, au premier chef en Ontario, car elle incitera Neste -et d'autres investisseurs- à investir au Québec et non pas ailleurs au Canada.

Actuellement, le projet de La Tuque n'est pratiquement pas financé.

D'autre part, parce que dans l'industrie mondiale des biocarburants, la cible idéale serait grosso modo un seuil minimal de 10%, comme c'est du reste le cas actuellement en Finlande -cette cible sera toutefois portée à 20% dans ce pays en 2020.

Selon une source, dans un monde idéal, Québec pourrait par exemple annoncer ce printemps une cible de 10% à atteindre à long terme (par exemple, dans 5 ans), tout en s'engageant toutefois à imposer, dès cette année, un seuil minimal de 5%.

La cible à court terme serait déjà supérieure à celle de l'Ontario, tandis que celle à long terme enverrait un signal clair aux investisseurs que le Québec veut développer rapidement la filière des biocarburants.

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