Le dollar monte, le ton de Sears aussi

Publié le 29/05/2010 à 00:00

Le dollar monte, le ton de Sears aussi

Publié le 29/05/2010 à 00:00

Le dollar canadien s'apprécie, les consommateurs veulent que cela se reflète dans les prix et Sears Canada souhaite que ses fournisseurs y mettent du leur.

Le détaillant a demandé à plusieurs d'entre eux de réduire de 10 % leur facture et demande même un " recouvrement rétroactif ", indiquait la semaine dernière le Wall Street Journal.

Le quotidien new-yorkais a pris connaissance d'une lettre que Sears a envoyée à ses fournisseurs en avril. Le détaillant estime qu'un huard plus fort signifie que les fournisseurs payent leurs produits moins cher.

Sears cherche par tous les moyens à abaisser ses prix, car de nombreux consommateurs canadiens reluquent les commerces américains, la force du huard leur permettant de profiter de belles occasions. " Le Web est aussi un concurrent direct ", précise le porte-parole de Sears, Vincent Tower.

Une manoeuvre opportuniste ?

" Un comportement de prédateur ! ", s'insurge David Shaeter, président du National Apparel Bureau, de Westmount, qui représente plus de 150 fournisseurs au pays. " C'est injuste et ce n'est pas éthique ", dit-il. Si Sears est devenu un acteur de premier plan dans le commerce du détail, ce n'est certainement pas grâce à des stratégies qui visent à " escroquer " ses fournisseurs, ajoute-t-il.

" Quand Sears prétend que nous réalisons plus de bénéfices avec un dollar fort, c'est faux ! Et puis quand le dollar est faible, est-ce que Sears nous rembourse ? "

M. Shaeter y voit une manoeuvre opportuniste pour faire plus d'argent. " Sears n'a qu'à se protéger des fluctuations du dollar. "

Nombre de détaillants et de fournisseurs négocient des contrats à terme ou des options auprès de leurs institutions financières - une sorte d'assurance sur la valeur de la devise canadienne - de façon à ne pas être trop touchés par la fluctuations du dollar canadien.

C'est ce que fait Canadian Tire, par exemple. Stephen G. Wetmore, le président et chef de la direction, ne suivra pas l'exemple de Sears. " L'appréciation de la devise n'est pas un problème pour nous. De nombreux facteurs influent sur les prix. Leur ajustement se fera naturellement, en raison de la concurrence ", explique M. Wetmore.

Un pouvoir que les fournisseurs n'ont pas

Pour Jo-Anne Labrecque, professeure à HEC Montréal, ce bras de fer entre Sears et ses fournisseurs montre la force du détaillant.

" Le marché est maintenant dominé par une poignée d'acteurs, dit Mme Labrecque. Les détaillants ont un pouvoir que les fournisseurs n'ont pas. Ces derniers ne sont pas propriétaires des tablettes et doivent affronter de nombreux rivaux pour y avoir accès. La concurrence est féroce. "

Les fournisseurs ont peu de contrôle sur les prix, qui fluctuent en fonction de nombreux facteurs, ajoute-t-elle. " Sears leur demande de réagir à court terme, et c'est très difficile pour eux. Toutefois, c'est différent dans le secteur de l'alimentation. "

Le message que veut passer Sears à ses fournisseurs, selon elle, c'est que la concurrence est très vive et que les consommateurs sont, plus que jamais, très sensibles au prix qu'ils payent. " Mais les fournisseurs ne sont qu'un maillon de la chaîne. Ils ne peuvent pas tout absorber. "

Pour Sears, cette affaire est une tempête dans un verre d'eau. " Tout ce que nous voulons, c'est de nous faire les avocats des consommateurs, car ils n'ont pas leur mot à dire sur les prix ", explique M. Power.

La fronde est venue des associations qui représentent les fournisseurs, mais le porte-parole de Sears assure que les relations avec chaque fournisseur au quotidien sont cordiales, et que tous travaillent dans le même but : offrir aux consommateurs le plus bas prix possible.

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