Produits du phoque : Ottawa riposte

Publié le 27/07/2009 à 00:00

Produits du phoque : Ottawa riposte

Publié le 27/07/2009 à 00:00

Par La Presse Canadienne

À peine quelques heures après que le Conseil de l'Union européenne (UE) eut entériné l'interdiction du commerce des produits dérivés du phoque, le ministre canadien du Commerce, Stockwell Day, a confirmé, lundi, que le Canada demandera à l'OMC de se pencher sur le dossier.

Mais comme de tels recours peuvent prendre de longs mois, voire des années, et que l'embargo européen entrera en vigueur avant l'ouverture de la saison de la chasse l'an prochain, les chasseurs de phoques devront prendre leur mal en patience.

"Nous sommes très déçus de cette décision. Nous croyons fermement que cela viole les lignes directrices de l'OMC", a souligné le ministre Day, en point de presse aux côtés de sa collègue des Pêches et Océans, Gail Shea.

Selon Ottawa, l'embargo voté par l'UE n'a aucun fondement scientifique et n'est basé que sur des "absurdités émotives".

"On se serait attendu de l'UE qu'elle agisse à la lumière de la science plutôt que de la désinformation", a noté la ministre Shea.

La décision du Conseil, regroupant les ministres des Etats membres de l'Union européenne, confirme la mesure votée massivement au Parlement européen en mai dernier. Elle a été entérinée sans débat et seules les délégations danoise, roumaine et autrichienne se sont abstenues.

Le Canada, qui est le plus important chasseur de phoque à travers la planète, a exporté pour l'équivalent de 5,5 millions $ de produits vers les membres de l'UE l'an dernier. Avec l'embargo européen, les chasseurs devront dire adieu à plus de 25 pour cent de leurs marchés.

Le règlement porte sur les produits dérivés de toutes les espèces de phoques, y compris les pelleteries, les organes, la viande, l'huile et la graisse, utilisés par exemple dans les cosmétiques ou les produits pharmaceutiques.

Certaines communautés autochtones pratiquant la chasse pour des fins de subsistance pourront obtenir des dérogations, mais selon la ministre Shea, ces exceptions ne seront pas suffisantes et l'interdiction européenne fera mal aux communautés côtières.

"Les phoques sont chassés dans les communautés où il n'y a pas beaucoup d'autres opportunités", a-t-elle rappelé, ajoutant que pour certains villages côtiers, la chasse aux phoques représentait 35 pour cent du revenu total de la communauté.

"J'espère que les politiciens européens comprendront un jour l'erreur qu'ils viennent de commettre", a noté Mary Simon, présidente de l'organisation inuite nationale Tapiriit Kanatami.

Le président de l'Association des chasseurs de phoques des Iles-de-la-Madeleine, Denis Longuépée, trouve lui aussi que le coup est difficile à encaisser, d'autant qu'à son avis, les écosystèmes seront fortement déséquilibrés si l'on cesse un jour de chasser le loup-marin.
"Dernièrement, je parlais à des amis qui sont en Gaspésie. Les phoques sont rendus dans les embouchures des rivières en train de manger les saumoneaux. Ca n'a jamais été vu", a-t-il confié en entrevue téléphonique.

Guerre de l'opinion publique

N'en déplaise aux chasseurs, force est de constater que leur sort a moins ému les parlementaires européens que celui des phoques.

Bien que la chasse aux blanchons soit interdite depuis 1987, les lobbys animalistes continuent de se servir des images de bébés phoques ensanglantés sur les banquises pour faire la promotion de leur cause.

"C'est devenu leur vache à lait", a déploré la ministre Shea.

Le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) a émis lundi un communiqué qualifiant l'embargo "d'importante victoire".

"La fermeture des marchés européens devrait marquer le début de la fin pour la chasse commerciale aux phoques pratiquée au Canada. C'est le moment idéal de faire cesser cette activité aberrante et inutile", a soutenu sa porte-parole Sheryl Fink.

Le député bloquiste Raynald Blais a rétorqué qu'il n'était pas temps de baisser les bras, au contraire, alors qu'il juge que l'appui à la chasse aux phoques est grandissant dans la population.

"On aurait dû envoyer des délégations (en Europe), s'exprimer et leur dire notre côté de l'histoire. Ca n'a pas été fait", a pour sa part déploré le néo-démocrate Yvon Godin.

Selon lui, Ottawa devrait dédommager les communautés de chasseurs, mais également celles de pêcheurs, qui voient leur quota de morue tronqué - un résultat direct de la surpopulation de phoques, selon M. Godin.

Le gouvernent conservateur n'envisage pas, pour l'instant, de verser de dédommagement, a cependant indiqué le ministre Day.

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