"Nous avons eu des discussions très positives et nous sommes parvenus à des accords importants", explique David Bonior, ancien parlementaire du Michigan, qui joue un rôle de médiateur dans les discussions. Des obstacles importants demeurent toutefois sur la structure et les objectifs d'une fédération unifiée, reconnaît-il.
Sept syndicats, menés par le Syndicat international des employés de service (SEIU) ont claqué la porte de l'AFL-CIO en 2005, la plus grande fédération de syndicats aux Etats-Unis, lui reprochant de trop se concentrer sur la politique et pas assez sur le recrutement de nouveaux membres. Une division du mouvement syndical sur fond de déclin du taux de syndicalisation aux Etats-Unis, passé de 35% de la main d'oeuvre dans les années 1950 à 12% aujourd'hui.
Le paysage politique a changé avec l'élection de Barack Obama, qui permet aux démocrates de contrôler la Maison Blanche en plus du Congrès. Et les syndicats espèrent un changement de la loi pour faciliter l'activité syndicale.
Le regroupement dans une seule fédération présente "des avantages manifestes en terme d'efficacité, (...) d'économies financières et pour beaucoup d'autres raisons", précise M. Bonior. "On peut toujours être plus efficace quand on parle dans une seule maison."
L'Association de l'éducation nationale, plus grand syndicat américain avec 3,2 millions d'adhérents, s'est jointe aux discussions. Elle n'est affiliée actuellement à aucune fédération mais pourrait intégrer la nouvelle structure envisagée.
Aucun des leaders syndicaux concernés n'a évoqué publiquement le contenu des pourparlers, mais le rythme des négociations s'est accéléré. "Nous sommes toujours en discussion", a confirmé récemment Anna Burger, porte-parole de Change to Win.
La division syndicale n'avait pas réellement d'importance lorsque les républicains étaient aux affaires, les syndicats n'ayant alors aucune chance d'obtenir une loi plus favorable, analyse Robert Reich, ancien secrétaire au Travail de Bill Clinton. Mais maintenant que les démocrates sont au pouvoir, les syndicats se rendent compte que "l'union fait la force". "Un mouvement syndical divisé est par nature plus faible", souligne-t-il.
Cette unité sera peut-être cruciale pour permettre l'adoption cette année d'une Loi sur le libre choix de l'employé, qui priverait l'employeur du droit d'exiger des élections à bulletins secrets avant qu'un syndicat puisse être reconnu dans l'entreprise. Avec le nouveau texte, plus de vote. Il suffirait qu'une majorité du personnel signe des documents permettant sa reconnaissance.
Les syndicats estiment que le vote du texte devrait doper le syndicalisme aux Etats-Unis, en permettant peut-être de doubler le nombre de syndiqués alors que la présence des syndicats dans les entreprises est actuellement découragée par les employeurs. Les organisations patronales critiquent le projet depuis des mois, estimant qu'il priverait les salariés du vote à bulletins secrets et les exposerait à des pressions syndicales.
Barack Obama s'est montré très favorable au texte durant la campagne présidentielle. Mais la priorité du nouveau président est aujourd'hui l'économie, et la Maison Blanche n'a pas indiqué quand elle souhaitait voir le projet examiné au Congrès.