La Caisse ne donnera aucun chiffre

Publié le 21/11/2008 à 00:00

La Caisse ne donnera aucun chiffre

Publié le 21/11/2008 à 00:00

Accompagné du premier vice-président Immobilier, Fernand Perreault, qui préside le comité de direction de la Caisse en l'absence de Richard Guay, M. Brunet est revenu sur l'importance pour la Caisse de respecter ses propres règles de gouvernance.

Ainsi, aucun chiffre ne sera divulgué avant le début 2009. M. Brunet insiste que la Caisse préserve ainsi son indépendance et protège le lien de confiance qu'elle a développé avec ses partenaires.

Il y a cependant une certitude pour la Caisse de dépôt, la crise financière influencera négativement ses résultats. «Oui, les rendements de la Caisse seront affectés par la crise», a affirmé Pierre Brunet.

Fernand Perreault a souligné que la Caisse de dépôt dispose de 20 milliards de dollars en liquidités, en excluant le papier commercial adossé à des actifs (PCAA). Un niveau suffisant pour faire face "à toutes ses obligations envers ses déposants et ses partenaires".

Quant au modèle de gestion indicielle, Pierre Brunet a déclaré qu'elle serait effectuée par du personnel de la Caisse de dépôt, et donc qu'il n'était pas question d'impartition.

Un saut dans la campagne
 
Alors que les états financiers de la Caisse en inquiètent plus d’un, la situation appréhendée a refait surface dans la campagne électorale québécoise.

Même s'il dit ne pas prôner l'intervention politique dans les affaires de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Mario Dumont a reproché à son adversaire libéral Jean Charest de ne pas s'être assuré que l'institution gère ses actifs en "bon père de famille".

"La Caisse de dépôt, Jean Charest avait le devoir d'avoir un oeil dessus pour une gestion en bon père de famille et plutôt que ça, il a laissé notre Caisse de dépôt être gérée par des spéculateurs", a lancé le chef de l'Action démocratique du Québec (ADQ) en point de presse à Rouyn-Noranda.

"Il a laissé cette approche de spéculateurs devenir le mot d'ordre à la Caisse de dépôt, a-t-il ajouté. Aujourd'hui, on paye pour ça. Aujourd'hui, les Québécois s'inquiètent de ça."

La chef du Parti québécois, Pauline Marois, a elle aussi accusé M. Charest de faire du "gambling" avec l'argent des Québécois en raison des pertes subies par la Caisse de dépôt et de placement.

"Je pense qu'il a déclenché des élections parce qu'il avait peur des résultats", a déclaré la chef péquiste vendredi matin à l'hôtel de ville de Montréal, après une rencontre avec le maire Gérald Tremblay.

M. Charest a réagi aux attaques de ses adversaires en affirmant que "ce dont on parle, c'est le respect du rôle que joue la Caisse de dépôt et placement du Québec, et surtout de respecter le fait qu'on ne doit pas intervenir politiquement dans les affaires de la Caisse de dépôt et placement du Québec. C'est une erreur de faire ça. Mais je ne suis pas le seul à la penser".

"Ce qu'ils demandent, c'est une chose qui est réfutée par les experts dans le domaine, qui à peu près unanimement disent tous que c'est pas ça que la Caisse de dépôt doit faire. La Caisse de dépôt doit respecter sa mission, sa loi, faire son rapport sur une base annuelle, et c'est ce qu'elle fera", a ajouté le chef libéral.

M. Dumont a juré qu'il ne souhaitait pas que les politiciens se mêlent de la "gestion quotidienne" du "bas de laine" des Québécois.

"Il y a une différence entre l'intervention politique dans la gestion de la Caisse et la déresponsabilisation totale, a-t-il expliqué. Si on dit "la Caisse de dépôt s'en va toute seule comme un satellite qui est sorti de son orbite dans l'espace", je vais vous dire (que) je suis drôlement inquiet. Qui représente les actionnaires que nous sommes? Qui pose les questions? Qui nomme les administrateurs?"

Pas question, non plus, de modifier la Loi sur la Caisse de dépôt, qui stipule que l'institution doit rechercher un "rendement optimal (...) tout en contribuant au développement économique du Québec". Pour Mario Dumont, les libéraux ont échoué de façon "monumentale" sur les deux fronts.

"Le bas de laine des Québécois est menacé comme aucun autre dans le monde", a-t-il prétendu.

Le chef adéquiste reconnaît que la Caisse n'a pas pu échapper, comme les autres grands investisseurs, à la dégringolade des bourses mondiales. Mais selon lui, Québec aurait dû inciter l'institution à cesser d'investir dans le papier commercial adossé à des actifs (PCAA), un type de produit financier structuré qui s'est fortement déprécié dans la foulée de la crise hypothécaire américaine.

"Le papier commercial (...), ça n'a pas tout été acheté la même journée, a-t-il relevé. (...) On a pris l'argent de vos pensions puis on a joué à la loterie avec."

Il faudra des années de cotisations des Québécois au Régime de rentes et aux autres programmes gouvernementaux pour renflouer les pertes de 30 milliards $ que l'ADQ appréhende pour la Caisse en 2008, a déploré M. Dumont.

Le chef de l'ADQ a fait remarquer que lors de la campagne électorale de 2003, M. Charest avait accusé le gouvernement péquiste d'être responsable des pertes à la Caisse, alors que pendant celle de 2007, il s'est "pété les bretelles" avec les bons résultats de l'institution.

"Si Jean Charest était responsable l'année que ça allait bien, il est toujours responsable aujourd'hui", a-t-il affirmé.

La controverse autour de la Caisse s'est amplifiée ces derniers jours, alors qu'on a appris que son président et chef de la direction, Richard Guay, se trouvait actuellement en congé de maladie (jusqu'au 10 décembre) et que l'institution a congédié 10 gestionnaires de portefeuilles internationaux. 

En vertu de la loi, la Caisse gère ses actifs de façon indépendante du gouvernement. C'est le conseil d'administration de l'institution qui a choisi M. Guay comme président, alors qu'auparavant, la décision revenait à Québec.

Avec La Presse Canadienne

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