Bois d'oeuvre: Ottawa continue de craindre des représailles

Publié le 14/04/2009 à 00:00

Bois d'oeuvre: Ottawa continue de craindre des représailles

Publié le 14/04/2009 à 00:00

Par La Presse Canadienne
Malgré un avis juridique soumis à Ottawa par un regroupement d'entreprises forestières du Québec, M. Blackburn a rejeté, mardi, toute possibilité qu'Ottawa offre des garanties de prêts réclamées par ce secteur afin de surmonter la crise.

M. Blackburn a reconnu qu'à cause du contexte économique difficile, l'industrie forestière est exposée à des taux d'intérêt de 20 à 30 pour cent. Mais il estime que des garanties du fédéral, qui leur permettraient d'obtenir des taux plus près du marché, contreviendraient à l'Accord sur le bois d'oeuvre, signé en 2006.

"Si nous, comme gouvernement, on prête à 10 pour cent, on vient d'accorder un avantage de 20 pour cent, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. C'est comme ça qu'il va être interprété."

Selon M. Blackburn, l'avis juridique du Conseil québécois de l'industrie forestière (CQIF) n'a pas démontré qu'Ottawa a la marge de manoeuvre pour intervenir sans exposer les exportations canadiennes de bois à une pluie de droits compensatoires de la part des Etats-Unis.

"Si nous on contrevient et qu'il arrive un tarif douanier de 30 ou 40 pour cent sur le bois d'oeuvre, qu'est-ce qu'il va arriver aux compagnies canadiennes?, a-t-il demandé. Ca va être terminé. Elles ne seront plus capables de compétitionner et vont devoir fermer leur portes."

Appuyée par des partis de l'opposition à la Chambre des communes, l'industrie forestière québécoise a réclamé que le gouvernement fédéral lui procure un soutien financier équivalent aux plus de 2 milliards $ accordés à l'industrie automobile en Ontario.

Mardi, M. Blackburn a soutenu que si Ottawa avait pu offrir cette aide sans contrevenir à aucun accord commercial, c'est parce que les entreprises d'assemblage d'automobiles qui en profitent, au Canada, sont des filiales d'entreprises américaines.

"Ce n'est pas des compagnies en compétition, a-t-il dit. C'est les mêmes compagnies qui ont des manufactures au Canada. (...). Quand on parle du bois d'oeuvre, quand on parle de ce secteur d'intervention, les compagnies canadiennes et les compagnies américaines sont en compétition."

Par ailleurs, M. Blackburn a indiqué qu'une somme de 170 millions $, déjà annoncée pour l'ensemble du secteur forestier canadien dans le dernier budget, servirait principalement au développement de nouveaux produits du bois et à des initiatives de mises en marché.

Le président du CIFQ, Guy Chevrette, a soutenu que l'industrie avait d'abord et avant tout besoin de crédit afin de traverser la crise qui frappe la foresterie.

"(M. Blackburn) a voulu créer l'impression qu'il nous aide à court terme alors que pour sortir de la crise, ce n'est pas des subventions au marketing dont on a besoin, c'est de l'argent pour éviter que les institutions financières 'tirent la plogue'", a-t-il dit lors d'une entrevue téléphonique.

M. Chevrette s'est dit choqué de constater que le gouvernement fédéral renie la valeur de l'avis juridique qui lui a été soumis par le CIFQ.

L'industrie affirme que des garanties de prêt ne contreviendraient pas à l'ALENA en s'appuyant notamment sur la loi américaine, selon laquelle il serait légal de prêter suivant les taux pratiqués sur le marché.

"(M. Blackburn) s'entête à ne pas le faire, pour quelle raison, je ne le sais pas, a-t-il dit. Je pense que c'est parce que son gouvernement lui a dit de dire ça."

A Québec, le député du Parti libéral du Canada (PLC), Denis Coderre, a soutenu que l'avis juridique du CIFQ démontre que le gouvernement fédéral pourrait aider la foresterie sans s'attirer les foudres de Washington.

"C'est noir sur blanc, a-t-il dit. Ils peuvent le faire. Et si on l'a fait pour d'autres industries on devrait le faire en conséquence."

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a pour sa part souligné l'inégalité de l'aide accordée à l'automobile par rapport à la foresterie.

"Il y a une disproportion énorme, a-t-il déclaré en entrevue téléphonique. Pourtant, il y a un plus grand nombre de travailleurs dans le forestier."

Concernant les garanties de prêt, M. Duceppe a affirmé que l'avis juridique du CIFQ disait vrai et que M. Blackburn mentait, notamment parce qu'au moins une agence fédérale procède de cette façon.

"Exportation et développement Canada fonctionne sur une base de garanties de prêts, c'est tout à fait permis, a-t-il dit. Alors il ment effrontément. D'ailleurs, ils en donnent à l'automobile."

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