Le cobalt, diable bleu de la révolution verte

Publié le 07/08/2019 à 11:45, mis à jour le 07/08/2019 à 13:16

Le cobalt, diable bleu de la révolution verte

Publié le 07/08/2019 à 11:45, mis à jour le 07/08/2019 à 13:16

Par AFP
Un homme porte sur son dos un sac rempli de minerais.

Une mine de fer et de cobalt en République démocratique du Congo (Photo: Getty Images)

La compagnie minière Glencore a justifié mercredi la suspension de sa mine de Mutanda, en République Démocratique du Congo (RDC), par la chute récente des cours du cobalt. Explications sur la perte d’éclat de ce métal, encore chéri des marchés il y a moins d’un an. 

Qu’est-ce que le cobalt ?

Le cobalt est un métal rare, autrefois utilisé comme pigment bleu, qui est crucial pour la fabrication des batteries de téléphones portables et des véhicules électriques.

La République Démocratique du Congo en est le plus gros producteur, fournissant 72 % de la production mondiale en 2018, selon le rapport annuel des analystes de Darton Commodities, spécialiste des échanges de cobalt.

Les minerais contenant ce métal étant souvent mélangés au cuivre, l’extraction du cobalt dépend souvent de la viabilité des gisements de cuivre qui l’entourent.

Pourquoi son prix avait-il grimpé ?

En mars 2018, le cours du cobalt a grimpé jusqu’à 95 500 dollars la tonne, son plus haut niveau depuis que le LME a commencé à suivre ce métal en 2010.

Plusieurs pays ont annoncé ces dernières années qu’ils prévoyaient d’abandonner progressivement les voitures essence et diesel et les constructeurs automobiles se sont préparés à une hausse de la demande en véhicules électriques.

Sur le petit marché du cobalt, où de nombreux échanges industriels se font dans des termes confidentiels, le poids des investisseurs financiers semble avoir pris à l’époque des proportions démesurées, du fait des espoirs de gains générés par la révolution verte. 

D’autres métaux, comme le nickel, sont également nécessaires à la fabrication des batteries électriques, mais leurs marchés nettement plus larges répondent à des critères variés, et sont donc moins volatils. 

« Les gains des prix sont dus à la fois à la hausse de la demande des consommateurs et à une demande accrue des investisseurs sur un marché ouvert réduit », avait ainsi résumé l’an dernier l’institut géologique américain, l’USGS, à propos du cobalt.

Pourquoi a-t-il chuté ?

Fin juillet, le prix du métal bleu est tombé à 26 000 dollars, son plus bas niveau en trois ans.

Les prévisions des constructeurs automobiles ont poussé les producteurs de cobalt à intensifier leur production. 

Mais celle-ci a fini par dépasser la demande et a donc créé un surplus des stocks.

De plus, la supposée demande en batteries de voitures électriques a tardé à atteindre les niveaux annoncés par le passé.

Résultat, « le cobalt a commencé par perdre son attrait et les prix se sont corrigés », expliquent les analystes de Darton.

« La chute du cours du cobalt a déclenché des prises de bénéfices chez les investisseurs et des mesures de déstockage de la part des fournisseurs, plombant encore plus le prix du métal », poursuit Andries Gerbens, un des analystes de Darton.

Tout cela s’inscrit dans un contexte économique peu propice aux montées des prix des métaux industriels, à l’heure où les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis assombrissent les perspectives de la croissance mondiale.

À quoi faut-il s’attendre ?

« Le surplus de cobalt devrait se réduire au fur et à mesure que la demande s’accélère », avant que cette dernière ne dépasse l’offre en 2022, ce qui fera remonter les prix, prévoient les analystes de Darton.

Il est possible que les constructeurs d’automobiles et les fabricants de batteries électriques profitent des faibles prix actuels pour se constituer leurs propres stocks, ce qui devrait contribuer à relever la demande et donc permettre aux prix de remonter. 

La décision de Glencore de relancer, ou pas, sa mine de Mutanda devrait dépendre de l’ampleur et du rythme de cette remontée, mais elle pourrait s’appuyer aussi en partie sur des considérations locales, comme les relations de la compagnie avec les autorités de la RDC.

En attendant, le cours du cobalt est monté mercredi de 1,80 % par rapport à son cours de la veille, s’échangeant à 28 300 dollars la tonne.

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