Conflits d'intérêt majeurs à Wall Street

Publié le 13/01/2010 à 13:40

Conflits d'intérêt majeurs à Wall Street

Publié le 13/01/2010 à 13:40

Par Jean-Paul Gagné

Blogue.

Un haut dirigeant de Goldman Sachs vient d’admettre que sa firme gère des conflits d’intérêt d’envergure.

Cette admission est incluse dans un courriel obtenu par DealBook au sujet d’idées de placement (« Trading Ideas ») qu’une division de Goldman, Fundamental Strategies Group, transmet à certains clients à un certain moment et qu’elle peut utiliser pour elle-même.

Or, Goldman, qui a beaucoup de liquidités, est elle-même un très gros joueur dans les marchés financiers. Elle peut donc influencer par ces actions le marché sur des titres et des produits dérivés.

Bien entendu, Goldman peut aussi ne pas utiliser les stratégies ou les idées de placement communiquées. Elle peut même utiliser des stratégies qui vont à l'encontre de celles suivies par cves clients (comme on le verra plus loin). En d'autres mots, faire de la main gauche ce que la main droite ne fait pas.

Goldman ne s’engage pas non plus à faire un suivi sur ces suggestions. Et, bien entendu, elle se dégage de toute responsabilité à l’égard des décisions que prennent les clients à la suite de la réception de l'information communiquée.

Ces "Tradings Ideas" sont données aux représentants, qui les partagent avec leurs clients, ce qui ne veut pas dire que tous les reçoivent en même temps.

Cela crée inévitablement des conflits d’intérêts.

La mère des conflits d’intérêt

Mais le plus gros conflit d’intérêts que Goldman et d’autres joueurs comme Morgan Stanley semblent avoir géré ces dernières années est survenu lors du sommet du marché des titres de dettes hypothécaires à haut risque (« subprime »).

Il a en effet été révélé que Goldman Sachs a investi dans des CDS (credit default swaps ») pour se protéger du risque que représentaient les CDO (collateralized debt obligations) qu’elles détenaient pour elle-même en même temps qu’elle en distribuait à des clients.

Autrement dit, Goldman vendait des titres risqués à des clients, alors même qu’elle se protégeait contre des pertes en utilisant des CDS et en vendant à découvert des instruments financiers (index sur les CDO). De cette façon, elle réduisait le risque de son propre investissement dans des CDO, alors que ses clients augmentaient le leur.

Officiellement, ces deux activités étaient faites par des divisions différentes de la firme, qui ne se parlent pas, et ne faisaient donc pas partie d’une stratégie pour permettre à Goldman de se protéger de ses pertes sur le dos de ses clients.

Or, il a été révélé que Goldman a revendu dans le marché, entre mars 2006 et février 2007, pour environ 39 milliards de dollars de CDO qu'elle détenait dans ses propres livres.

Quant la crise est survenue, Goldman possédait des CDS sans valeur qu’elle avait achetés de AIG pour se protéger de ses pertes possibles sur les CDO. Mais comme elle avait un bon ami à Washington (nul autre son ex-président, Henry Paulson, alors secrétaire du Trésor), ce dernier s’est assuré, lors du sauvetage de AIG, que cette dernière paierait 13 milliards de dollars à Goldman en dédommagement pour lesdits CDS.

Goldman et Morgan Stanley sont poursuivies par des caisses de retraite et autres investisseurs qui ont acheté des CDO et du papier commercial empoisonné par des « subprimes », alors même que ces deux banques d’affaires utilisaient des stratégies qui les protégeaient d’une perte advenant un effondrement du marché des CDO et du papier commercial. Il y a eu au moins un règlement hors cours à la suite d’une telle poursuite.

Chez-nous

Il sera intéressant de voir la conclusion de ces recours, mais cette problématique nous montre à quel point le Canada est différent des États-Unis.

En effet, l’entente survenue en décembre 2008 sur le papier commercial adossé à des actifs (PCAA) non bancaire vendu au Canada a interdit toute poursuite par les victimes qui ont acheté ce produit toxique, sauf si on arrivait à démontrer qu’il y a eu de la fraude.

Une consolation toutefois. Les autorités réglementaires canadiennes ont imposé en décembre 2009 une amende globale de 138,8 millions de dollars (M$) aux banques qui ont distribué ces produits, sur lesquels les victimes ont déjà pris des radiations de l’ordre de 50 % et plus. Le motif : leur manque de vigilance. Mais ce règlement ne mettra rien dans les poches des victimes.

L’encours du PCAA non bancaire dépassait les 32 milliards de dollars, dont plus de 13 milliards étaient dans les coffres de la Caisse de dépôt, au moment où le marché a gelé en août 2007.

Et qui avait été le plus gros distributeur de ce produit toxique ? Nulle autre que la Banque Nationale, d’où sa part de 75 M$, soit 54 % de l’amende totale de 138,8 M$ mentionnée plus haut.

Et qui était le plus gros client de cette banque pour ce PCAA. Sans doute, la Caisse de dépôt, mais cela ne sera jamais confirmé.

On ne saura probablement jamais non plus pourquoi la Caisse de dépôt a vendu du PCAA bancaire pour acheter du PCAA non bancaire dans les semaines qui ont précédé le gel du marché. Or, l’histoire a démontré que la supposée garantie de liquidité sur le PCAA non bancaire n’a pas fonctionné, d’où les pertes subies part tous ceux qui en avaient en août 2007.

 

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