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Les tuiles se sont abattues l’une après l’autre sur les quincailliers du Québec. Si bien que ces détaillants connaissent l’une des pires saisons depuis au moins dix ans, selon Richard Darveau, le pdg de l’Association québécoise de la quincaillerie et des matériaux de construction (AQMAT).
Les quincailliers écopent de la mauvaise température au printemps, du conflit de travail dans le secteur de la construction et de la morosité ambiante provoquée par les scandales de corruption dans les travaux publics. «Les astres étaient mal alignés cette année», constate M. Darveau en entrevue avec LesAffaires.com.
Ces difficultés ont touché les quincailliers durant leur plus importante période de l’année. «Entre la mi-avril et la fin juin, nos membres enregistrent près de la moitié de leur chiffre d’affaires en seulement dix semaines, explique le représentant de l’industrie. Cette période, c’est leur Noël.»
Grève et pluie
En mai, les précipitations à Montréal ont été plus élevées de 150% aux moyennes historiques, selon Environnement Canada. Il a plu entre 14 jours et 18 jours dans les différentes régions du Québec. La grisaille s’est poursuivie en juin. La température peu invitante aura découragé les propriétaires d’effectuer des travaux dans leur habitation, constate Richard Darveau.
Au mauvais temps s’est ajouté le conflit de travail dans l’industrie de la construction à la fin juin, mais aussi la période de rumeur avant son déclenchement. «Dans l’approche du conflit, certains clients ont reporté leurs projets craignant que les travaux soient interrompus en plein conflit de travail, raconte M. Darveau. L’impact est important puisque les entrepreneurs en construction procurent la très grande majorité des recettes des quincailliers.»
Dans ses plus récentes prévisions économiques, la Banque du Canada a indiqué que le conflit du travail dans l’industrie de la construction aura retranché 0,6 point de pourcentage à la croissance du produit intérieur brut (PIB) canadien. La reprise des activités de construction devrait cependant ajouter 0,7 point de pourcentage à la croissance économique pour le reste de l’année.
Dans le secteur du détail en général, le marché canadien offre des perspectives moroses tandis que l’économie canadienne connaît une croissance modeste, a expliqué Robert Hogue, économiste principal de RBC Marchés des capitaux, en juin. Lourdement endettés, les ménages n’ont plus la marge de manœuvre nécessaire pour augmenter leurs dépenses. PLUS: Les détaillants québécois devront s’adapter à l'invasion américaine.
Pour l’instant, il est trop tôt pour évaluer l’impact du mauvais début de saison pour l’industrie, indique M. Darveau. Comme la banque centrale canadienne, il espère un regain des activités en août et septembre.
Pour soutenir l’industrie à plus long terme, l’AQMAT recommande aux gouvernements provinciaux et fédéraux de permettre aux contribuables de retirer des sommes de leur REER pour effectuer d’importants travaux de rénovation. L’idée s’inspire du Régime d’accession à la propriété (RAP).
L’association suggère aussi d’accorder des crédits d’impôt pour les consommateurs qui sollicitent les services d’un entrepreneur ayant un permis en bonne et due forme. « Le gouvernement en sortirait gagnant, ça permettrait d’accroître la traçabilité des dépenses, de réduire l’évitement fiscal tout en protégeant les consommateurs», commente son pdg.
