Inflation/déflation: la bataille des économistes

Publié le 23/01/2009 à 00:00

Inflation/déflation: la bataille des économistes

Publié le 23/01/2009 à 00:00

Bay Street est divisé. Tandis que Jeff Rubin, l’économiste en chef de la CIBC anticipe que le taux d’inflation aux États-Unis dépassera 4% dans un an, son homologue de la BMO, Sherry Cooper avertit que les forces déflationnistes s’accélèrent.

À la CIBC, on pense que la planche à billets de la Réserve fédérale fonctionne à plein régime, laissant présager d’un dérapage inflationniste imminent.

«Alors que la Réserve fédérale s’apprête à racheter des actifs toxiques des banques et que le Trésor prévoit injecter 825 milliards de dollars américains dans un plan de relance, le marché obligataire se demande d’où viendra l’argent pour payer tout cela ?», écrit Jeff Rubin.

«De la même source dont ont été puisés les fonds en Argentine dans les années 80 et au Zimbabwe en ce moment», répond-il.

La politique monétaire de taux d’intérêt faible et d’assouplissement quantitatif s’apparente à transformer les pertes et les déficits en argent neuf qui fait gonfler la masse monétaire américaine. Celle-ci a déjà grimpé de près de 20% ces trois derniers mois.

Les Chinois paient la note

Pour Jeff Rubin, cette stratégie monétaire consiste à alléger le fardeau du remboursement de la dette des épaules des contribuables américains pour le faire passer aux Chinois détenteurs de bons du Trésor.

«Les obligations d’État américaines vont certes être repayées en intégralité à maturité mais, d’ici là, le taux de change entre le yuan et le dollar américain pourrait baisser de 40%», avertit-il.

Jeff Rubin trace un parallèle entre les déficits budgétaires des années d’après la seconde guerre mondiale, la guerre de Corée et la guerre du Vietnam et les envolées inflationnistes qui ont suivi.

«Quand la planche à billets a été activée pour payer pour la guerre de Corée, l’inflation est sortie du territoire négatif pour passer à 9% en l’espace de neuf mois», rappelle-t-il.

Ce qui donnera le coup d’envoi du dérapage inflationniste aux États-Unis, sera le prix du pétrole. Si le baril vaut environs 45 dollars aujourd’hui, il reviendra très vite au niveau du prix marginal de production, soit le coût d’extraction du pétrole des sables bitumineux.

Baisses de salaires

Rien de tout cela ne préoccupe Sherry Cooper, économiste en chef à la BMO. Ce qui retient son attention ce sont les baisses de salaires qu’ont concédé les syndicats américains afin que leurs membres puissent conserver leurs emplois. «C’est la première fois depuis la grande dépression qu’un tel événement se produit », fait-elle remarquer.

Les salaires réels sont en recul et de plus en plus de personnes sont employées en dessous de leur potentiel. Certaines ont même baissé les bras et ont laissé tomber les démarches pour se trouver un emploi. De plus, on annonce de plus en plus de gels de salaires par des entreprises qui essaient d’éviter à tout prix de licencier.

Même les syndicalistes concèdent de plein gré à des baisses de salaires, tels ce syndicat de camionneurs qui a voté en faveur d’une baisse de salaires de 10%. Sherry Cooper pense que les syndicats dans le secteur de l’automobile devront leur emboîter le pas.

Pour Sherry Cooper, ces baisses de salaires sont le point de départ d’une spirale infernale.
«Les revenus des ménages vont diminuer induisant de nouvelles baisses de la consommation. Ce qui, par ricochet contraindra les entreprises à ralentir la production et les ventes. Par conséquent, les entreprises rangeront au placard leurs plans d’expansions et leurs dépenses d’investissement. Donc les prix vont baisser», écrit-elle.

Une fois lancée, cette spirale déflationniste est difficile à freiner, pense l’économiste, qui entrevoir une période prolongée de faiblesse de l’activité économique aux États-Unis.

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