Sur fond de crise sociale, l'Espagne présente un budget austère

Publié le 27/09/2012 à 07:46, mis à jour le 27/09/2012 à 07:49

Sur fond de crise sociale, l'Espagne présente un budget austère

Publié le 27/09/2012 à 07:46, mis à jour le 27/09/2012 à 07:49

Par AFP

Photo: Bloomberg

Le gouvernement espagnol présente jeudi un budget 2013 marqué par l'austérité, dans un climat d'intense protestation sociale et de regain de tension des marchés, impatients de voir la quatrième économie de la zone euro solliciter son sauvetage financier.

Avec l'objectif de récupérer 39 milliards d'euros, pour diviser par deux le déficit public (de 8,9% du PIB en 2011, à 4,5%), «sans aucun doute, il s'agira d'un budget austère et au niveau des ministères, nous continuerons de faire plus avec moins» d'argent, a prévenu la porte-parole du gouvernement conservateur, Soraya Saenz de Santamaria.

Un exercice crucial pour Madrid

«De la crédibilité (de ce budget) dépendra si se précipite ou non la demande d'aide du pays», met en garde la maison de courtage Link Securities. La nervosité des marchés, apaisée en août par l'annonce de mesures de soutien de la Banque centrale européenne (BCE), est dernièrement remontée d'un cran alors que l'Espagne n'en appelle toujours pas aux fonds de secours européens, étape indispensable pour faire agir la BCE.

Signe de cette tension, le taux d'emprunt à dix ans du pays est repassé mercredi au-dessus des 6%, pour la première fois depuis le 18 septembre. Il restait jeudi supérieur à ce niveau, jugé insoutenable à long terme.

Le chef du gouvernement Mariano Rajoy s'est toutefois montré prêt à accélérer la cadence: si le taux d'emprunt de l'Espagne restait à un niveau «très élevé pendant trop longtemps», «je peux vous assurer à 100% que nous demanderions ce sauvetage», a-t-il dit mercredi au Wall Street Journal.

Cette déclaration tranche avec la prudence affichée jusque-là par le pays qui redoute les strictes conditions qui lui seraient imposées en échange.

A ce contexte tendu s'ajoute une véritable crise politique et sociale au sein du pays, secoué ces derniers jours par une série de manifestations, parfois violentes, contre l'austérité, alors que la Catalogne, agitée par une poussée indépendantiste, a annoncé des élections anticipées pour novembre.

Malgré tout, le gouvernement maintient le cap de la rigueur car sa priorité est de retrouver la confiance des marchés: en ce sens, la présentation du budget et d'un nouveau plan de réformes est perçue par les analystes comme l'avant-dernière étape avant de demander le sauvetage.

Dans son budget, dont les grandes lignes ont été présentées dès juillet, il entend récupérer 15 milliards d'euros de la hausse de la TVA et d'autres impôts, tandis que 7 milliards sont attendus des coupes dans les régions, qui gèrent les budgets de la santé et de l'éducation.

Les salaires des fonctionnaires resteront gelés pour la troisième année consécutive, selon une source syndicale, mais le gouvernement souhaite toujours revaloriser les pensions de retraite avec l'inflation malgré le coût élevé qu'il devra ainsi assumer (3,5 à 4,5 milliards selon les médias).

Autre annonce attendue jeudi, celle d'un train de réformes négocié avec Bruxelles, pour stimuler notamment l'activité des entreprises et les exportations, "une préparation avant de demander une aide pour le pays?", s'interrogent les analystes de Renta4.

«En révélant des mesures déjà prônées par le Fonds monétaire international (FMI) et l'Union européenne, comme de nouvelles réformes concernant les marchés du travail et des biens, le gouvernement pourrait éviter d'avoir à implanter de nouvelles mesures pour recevoir à l'avenir un sauvetage», renchérit Ben May, analyste de Capital Economics. De quoi "préparer le chemin pour un accord de sauvetage qui serait mis en place rapidement".

«L'Espagne espère qu'avec son budget, elle en fait assez pour se qualifier pour une aide» européenne sans nouvelles conditions, avec l'idée de «présenter tout cela comme des décisions espagnoles et non des conditions imposées à l'Espagne de l'extérieur», note Holger Schmieding, analyste à la banque Berenberg.

Dernière étape vendredi, avec l'estimation des besoins de ses banques, à qui la zone euro a promis 100 milliards d'euros: de quoi boucler cette première aide et peut-être déclencher celle pour le pays. Autre élément pouvant le pousser à agir vite: Moody's, qui menace de placer l'Espagne en catégorie spéculative, a jusqu'à dimanche pour se décider.

 

 

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