Luxembourg: Jean-Claude Juncker démissionne

Publié le 11/07/2013 à 09:01, mis à jour le 17/10/2013 à 08:10

Luxembourg: Jean-Claude Juncker démissionne

Publié le 11/07/2013 à 09:01, mis à jour le 17/10/2013 à 08:10

Par AFP

Jean-Claude Juncker, Premier ministre du Luxembourg depuis 18 ans et figure européenne, va demander jeudi la convocation d'élections anticipées après avoir été lâché par son allié socialiste, avec l'intention manifeste de se succéder à lui-même.

Au terme d'un débat de sept heures mercredi à la chambre des députés sur sa responsabilité dans un scandale impliquant le service de renseignement, M. Juncker a été contraint de jeter l'éponge. Après un conseil de gouvernement dans la matinée, il devait se rendre dans l'après-midi chez le Grand-Duc Henri pour lui demander de dissoudre la chambre des députés.

Des élections anticipées doivent être organisées dans les trois mois et, selon toute vraisemblance, elles auront lieu le 20 octobre prochain, soit sept mois avant l'échéance normale de mai 2014.

Tout semble indiquer que M. Juncker veut conduire la liste des chrétiens sociaux (CSV) pour rempiler comme chef du gouvernement. « Je ne suis pas puni, donc je veux encore me présenter aux élections », a-t-il déclaré dès mercredi soir. « Cela dépendra de mon parti, mais j'ai tout de même quelques indications que le parti voudrait me voir me porter candidat », a-t-il dit jeudi.

Le CSV a convoqué un congrès extraordinaire jeudi soir. Ce parti de centre droit, au pouvoir sans discontinuer depuis sa création en 1944, à l'exception d'une brève période d'opposition au milieu des années 70, domine largement la vie politique locale.

Avec 38% des voix en 2009, il avait obtenu 26 des 60 sièges de députés, soit le double de ses alliés socialistes et trois fois plus que les libéraux. Il devrait logiquement rester le premier parti du pays.

En cas de retrait de M. Juncker, le nom le plus cité pour lui succéder est celui de Viviane Reding, sa grande rivale au sein du parti. Exilée depuis près de 15 ans à Bruxelles, où elle est chargée de la Justice pour son troisième mandat consécutif de commissaire européen, Mme Reding reste la personnalité politique locale la plus connue après le Premier ministre.

Elle a semblé lui faire allégeance jeudi en déclarant à l'AFP via sa porte-parole qu'il est « la meilleure personne pour diriger notre pays ».

L'incertitude règne aussi sur la future coalition: les chrétiens sociaux vont-ils repartir avec leur traditionnel allié socialiste, ou tenter une nouvelle configuration avec les libéraux, avec lesquels ils ont déjà gouverné entre 1999 et 2004?

Les socialistes pourraient aussi tenter une nouvelle coalition à trois avec les libéraux et les Verts pour chasser les chrétiens sociaux du pouvoir.

Dès jeudi matin, M Juncker a reçu le soutien appuyé du PPE, qui regroupe les partis de centre droit européens. Il « a toute ma confiance et mon soutien pour les échéances électorales nationales et européennes à venir », a affirmé dans un communiqué Joseph Daul, le président du groupe au Parlement européen.

Une déclaration en forme d'ouverture vers un poste européen pour celui qui avait été pressenti en 1999 pour la présidence du Conseil européen, avant d'être récusé notamment par le président français Nicolas Sarkozy.

« Je suis convaincu que nous continuerons, ensemble, à faire avancer la cause européenne », a ajouté M. Daul à 10 mois des prochaines élections européennes.

Qui que soit le futur Premier ministre, il devra s'investir plus que son prédécesseur dans la vie politique luxembourgeoise. Un des grands reproches faits à M. Juncker a été d'avoir délaissé le pays au profit de l'Europe, notamment ces dernières années lorsqu'il s'est battu pour sauver l'euro à la tête de l'Eurogroupe, le forum des ministres des Finances de l'union monétaire qu'il a présidé entre 2005 et 2013.

La démission de M. Juncker intervient quelques mois après l'annonce par le Luxembourg, une place financière majeure en Europe, de la levée partielle de son secret bancaire, après des années de résistance.

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