L'éveil des travailleurs chinois

Publié le 07/07/2010 à 10:04, mis à jour le 21/04/2011 à 14:03

L'éveil des travailleurs chinois

Publié le 07/07/2010 à 10:04, mis à jour le 21/04/2011 à 14:03

Photo : Bloomberg. Des travailleurs chinois manifestent devant l'usine Honda à Zhongshan.

Manifestations. Grèves. Bâti sur un modèle d’affaires où la main-d’œuvre est abondante et bon marché, le secteur manufacturier chinois vit actuellement une transformation sans précédent. De plus en plus de travailleurs exigent de meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail.

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Quels sont les impacts de ces manifestations sur les entreprises québécoises qui font affaires en Chine. Le consommateur en paiera-t-il le prix ?

Pour répondre à ces questions, Lesaffaires.monde s’est entretenu avec Ari Van-Assche, professeur agrégé au service de l’enseignement des affaires internationales à HEC Montréal et spécialiste de l’économie chinoise. M. Van-Assche revient d'ailleurs tout juste de Chine.

Ne pas trop s’inquiéter

Dans son édition du 10 juin 2010, Bloomberg BusinessWeek faisait état d'une hausse de l'activisme des travailleurs chinois (voir titre et lien de l’article). Les usines de Foxconn et Honda, entre autres, ont fait face à des conflits de travail importants : les travailleurs ont manifesté en grand nombre pour dénoncer les piètres conditions de travail.

Ari Van-Assche estime qu’il ne faut pas généraliser. « Je ne sais pas s'il plus de grèves qu’avant. Certains cas, comme le manufacturier Foxconn, qui assemble les iPods, sont plus médiatisés que d’autres, mais cela ne veut pas dire qu’il y a plus de manifestations », affirme le spécialiste.

Ari Van-Assche observe la situation et ne croit pas qu’il faut sonner l’alarme. Selon lui, la Chine reste une région de premier choix en matière de coûts. « Les salaires des travailleurs chinois sont bas, mais augmentent depuis plusieurs années. Il n'y a rien de nouveau », dit-il.

Les conflits qui touchent les entreprises étrangères ne doivent pas cacher la réalité. « Les entreprises étrangères paient déjà plus cher et offrent de meilleures conditions de travail que les entreprises chinoises», ajoute M. Van-Assche.

Toujours avantageux d’être en Chine

Face à cette hausse des conflits, certaines entreprises explorent d’autres marchés, mais aucun ne possède, à tout le moins pour le moment, la main-d’œuvre abondante et les infrastructures dont peut se vanter la Chine. Sans compter que l'emplacement géographique de la Chine, et sa superficie, sont aussi des atouts majeurs.

« La Chine est proche de pays comme le Japon, Taiwan, Singapour, qui sont des plaques tournantes du commerce mondial », dit M. Van-Asshce.

Les entreprises étrangères ne s’implantent pas sur le marché chinois tout simplement pour réduire leurs coûts, rappelle Ari Van-Assche. « Les entreprises déménagent leurs activités en Chine afin d’avoir un accès direct au marché asiatique. Elles voient à long terme. La classe moyenne asiatique va continuer d’augmenter. »

Un impact minime pour les consommateurs

Le consommateur sera-t-il celui qui paie la note en fin de compte ? « C’est certain que nous pourrons observer une hausse des prix, mais de très peu », explique M. Van-Assche.

Ce qui est rarement mentionné, croit M. Van-Assche, est le gain de productivité qui découle de l'amélioration des conditions de travail. « On oublie souvent la corrélation entre ces changements dans le climat de travail et la hausse de productivité », affirme Ari Van-Assche.

Sans compter que la dépréciation du yuan chinois joue aussi en faveur des consommateurs étrangers…

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