Attention aux conseils du beau-frère

Offert par Les affaires plus


Édition de Novembre 2017

Attention aux conseils du beau-frère

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Édition de Novembre 2017

Il roule en grosse voiture, occupe un poste de cadre, porte la cravate et parle d'investissement d'un ton assuré. Faut-il l'écouter ou s'en méfier ?

En matière d'investissement, on rêve tous au miracle. C'est peut-être pour cette raison qu'on est parfois prompt à boire les paroles du beau-frère, de la belle-sœur ou de l'ami qui s'autoproclament experts en la matière. Cependant, leurs soi-disant conseils peuvent virer au cauchemar financier et provoquer de la brouille dans la famille.

Un des défis auxquels font face régulièrement les planificateurs financiers, c'est de détruire les mythes véhiculés par ceux qu'on surnomme dans ce reportage les «beaux-frères». «Dès qu'un membre de la famille ou un ami semble réussir financièrement, ses conseils sont pris comme parole d'évangile», constate Danièle Soaré, coach financière.

Pourtant, ce beau-frère qui connaît du succès en affaires ne dit probablement pas toute la vérité sur ses finances. «Les gens ont tendance à vanter leurs bons coups, mais à taire leurs mauvais coups. Même chez mes clients fortunés, leurs investissements ruineux sont rarement évoqués», constate Sylvain B. Tremblay, associé et vice-président, gestion privée, chez Optimum gestion de placements.

Danièle Soaré a été témoin de plusieurs histoires où de petits investisseurs ont suivi, les yeux fermés, les conseils d'un proche «ayant de bons tuyaux» dans une aventure ruineuse. «Dans ces cas-là, ce n'est pas simplement de l'argent qui se perd, ce sont aussi des amitiés ou des liens familiaux qui se brisent», raconte cette coach financière.

La question à se poser : Pourquoi rechercher le coup fumant en écoutant le beau-frère ? «Si vous avez simplement besoin d'un rendement financier de 5 % par année pour atteindre vos objectifs de retraite, vous ne devriez jamais risquer votre patrimoine pour un gain hypothétique de 20 %. Peu importe les conseils du beau-frère !» soutient Sylvain B. Tremblay.

Le beau-frère qui vous contamine de ses conseils peut bien vous recommander d'investir dans du penny stock ou sur le marché boursier indien, sauf qu'en réalité, il sait peu de choses de vous. «Pour bien conseiller les gens, il faut considérer l'ensemble de leur situation financière et non simplement dire qu'un placement est meilleur qu'un autre. La répartition des actifs vaut davantage que du stock picking», affirme Danièle Soaré.

Les stratégies de placement ne s'improvisent pas. «Chez nous, nous sommes 34 spécialistes qui travaillons pour générer des revenus. Personne n'agit sous le coup de l'impulsion. Le beau-frère peut bien émettre des commentaires, la finance n'est pas son champ d'intervention», met en garde Sylvain B. Tremblay.

L'expert patenté est aussi une nuisance dans le monde de l'immobilier. Les beaux-frères ont tendance à sous-estimer les coûts liés à la gestion d'un immeuble, comme les frais comptables, les frais juridiques et l'entretien. Pour cette raison, ils payent souvent trop cher leurs immeubles à revenus», constate Yvan Cournoyer, du Club d'investisseurs immobiliers du Québec. Résultat : le rendement escompté n'est pas au rendez-vous.

Autre conseil toxique souvent fourni par le beau-frère : économiser sur l'inspection préachat. «Il va proposer de la faire lui-même, car c'est un bon bricoleur. Mais est-ce qu'il s'y connaît bien dans les immeubles datant des années 1950 ? Rien n'est moins sûr», ajoute Yvan Cournoyer, aussi chroniqueur sur le site Les Affaires. En cas de problème, vous n'aurez aucun recours contre le beau-frère, qui n'a pas d'assurance responsabilité.

Plus on est jeune, plus on serait enclin à écouter le beau-frère. Selon un sondage de l'Institut québécois de planification financière (IQPF) réalisé en 2016, 61 % des jeunes adultes âgés de 18 à 25 ans suivent les conseils financiers de proches en vue de planifier leur avenir financier, plutôt que de s'en remettre à des gens qui ont l'expertise en la matière. Seulement 22 % de l'ensemble des répondants adoptent le même comportement, prouvant que les jeunes sont plus à risque.

Facile de dire non à un proche qui vous donne des conseils. Il en va toutefois autrement lorsque votre cousin, nièce ou coéquipier au hockey devient conseiller en placement ou planificateur financier. «S'il est nouveau dans la profession, il tentera sûrement de vous recruter. Il sera encore plus difficile, en cas de divergence d'opinions, de mettre un terme à cette relation», avertit Danièle Soaré.

Suivre les conseils du beau-frère peut vous délester de quelques milliers de dollars, mais être le pourvoyeur de conseils peut aussi vous mettre dans l'embarras. Ginette Boisvenu* en sait quelque chose. Cette femme d'affaires a mis en contact un ami investisseur avec des entrepreneurs en qui elle avait confiance. Leur entreprise a cependant été un échec et son ami a perdu ses billes. «Je me sens encore responsable de ce gâchis. Sans ma recommandation, cet ami n'aurait jamais placé son épargne dans cette aventure», témoigne-t-elle. La relation d'amitié a été écorchée à jamais.

*qui préfère taire son véritable nom.

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