Analyse : obstacles potentiels à la hausse boursière

Publié le 03/06/2009 à 00:00

Analyse : obstacles potentiels à la hausse boursière

Publié le 03/06/2009 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

Depuis janvier dernier, les taux américains de 10 ans ont bondi de 63 %, passant de 2,04 à 3,45 %.

À ce niveau, ce taux de référence ne compromet pas encore le mouvement de rebond boursier. " Tant que les taux américains de 10 ans resteront sous 4,6 %, la Bourse pourra s'apprécier, car la hausse des taux sera tout simplement le reflet d'une amélioration de l'économie ", explique Peter Gibson, vice-président, stratégie et recherche quantitative, de Valeurs mobilières Desjardins.

La remontée des taux d'intérêt indique aussi que les investisseurs retrouvent un certain appétit pour le risque, et quittent le refuge du marché obligataire pour revenir aux actions.

M. Gibson a élaboré un modèle qui compare l'attrait relatif, pour les investisseurs, entre le rendement des obligations et le rendement des actions, lequel est généré par les bénéfices des entreprises.

Dès que les taux de 10 ans atteindront 4,6 %, le rendement des obligations de cette échéance deviendra suffisamment attrayant pour livrer une sérieuse concurrence aux actions, dit-il.

En fait, les actions américaines commenceront à perdre de leur attrait par rapport aux obligations dès que le taux américain de 10 ans franchira le cap de 3,8 %, puisque la rentabilité des entreprises décline fortement, précise M. Gibson.

Le dollar américain est moins un refuge

Si, en même temps que les taux montent, les investisseurs perdent confiance dans le dollar américain (à cause du coût faramineux des plans de relance), la Bourse connaîtra une importante nouvelle cassure, soutient M. Gibson.

" Une baisse marquée du billet vert indiquerait une nouvelle crise dans le marché obligataire et la perte de confiance des investisseurs dans la capacité du gouvernement américain de financer ses énormes déficits ", dit M. Gibson.

Pour financer son déficit de 2 000 milliards de dollars américains prévu en 2009, le Trésor américain a émis pour quelque 1 100 milliards de dollars d'obligations et prévoit en vendre pour 900 milliards au cours des quatre prochains mois.

Si le dollar faiblissait trop vite, le gouvernement américain serait contraint de relever ses taux, afin de convaincre les investisseurs étrangers d'acheter des obligations américaines.

Une remontée trop prononcée des taux casserait la reprise économique.

Pour l'instant, le repli récent du dollar américain est avant tout un indicateur de reprise parmi d'autres. Le billet vert baisse parce que les investisseurs professionnels sentent moins le besoin de se réfugier dans la principale monnaie de référence, et surtout, la plus facilement négociable.

En outre, le recul du dollar, que la panique de l'automne dernier a artificiellement poussé à la hausse, fait le bonheur des multinationales américaines qui exportent leurs produits et services.

À ce titre, la baisse du billet vert contribue à la croissance économique en gonflant les revenus et les bénéfices que les entreprises réalisent à l'extérieur des États-Unis.

Le pétrole, un frein à 70-80 $ US

Pour sa part, Francisco Blanch, stratège des matières premières chez Merrill Lynch, à Londres, estime qu'il faudrait que le prix du baril de pétrole grimpe jusqu'à 70-80 $ US pour mettre en péril la reprise prévue dans les pays développés.

Le prix du pétrole a presque déjà doublé depuis décembre.

 

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