Le maillon fort


Édition du 25 Avril 2015

Le maillon fort


Édition du 25 Avril 2015

L'interdépendance

Après le mont Jefferson se profile le mont Clay. Gilles Barbot offre un choix à l'équipe : la voie de gauche, plus longue et qui nécessitera les crampons ; ou celle de droite, plus abrupte, dans les rochers. L'équipe choisit cette dernière, plus directe. C'est presque de l'escalade par endroits et le défi en amuse plusieurs. C'est tout de même essoufflant. Vers midi, nous arrivons au sommet bien fatigués, alors que se dresse devant nous l'imposant mont Washington.

Le hamster commence à tourner. La beauté du paysage devient secondaire. Le ravin sur notre gauche est impressionnant, vertigineux en fait, mais on fixe notre attention sur les empreintes du marcheur qui nous précède, pour ne pas laisser l'écart se creuser, ne pas laisser l'équipe se désagréger.

L'ordre de marche devient primordial. Stéphan Parent, des Fêtes de la Nouvelle-France, solide et constant, est appelé en renfort juste derrière Pierre Marc Tremblay, de Convivia-Pacini, pour lui donner une petite poussée quand la pente s'accentue. Un autre binôme se forme un peu plus loin dans le rang. Ceux qui ont le plus de force partagent avec ceux qui en ont moins. Pousser, tirer, toutes les stratégies sont bonnes, pourvu que l'effort soit égal. De cette manière, l'équipe progresse plus vite jusqu'au sommet. «La force de l'équipe, pouvoir s'entraider, c'est une chose à laquelle je croyais déjà, mais là, je vois les effets, en particulier l'effet mobilisateur», soulignera Nathalie, le lendemain.

L'équipe atteint le sommet du mont Washington à 13 h 30. «Un record personnel !» s'amuse Stéphan. La satisfaction est inouïe. Il fait un peu froid dans les vêtements mouillés, après la grosse suée de la montée. Mais même si le petit vent nous gèle les doigts, nous nous photographions tour à tour sur nos téléphones, à côté de la pancarte du sommet. Comme un autocollant sur le pare-choc, mais en 1 000 fois mieux...

La confiance

Gilles sonde l'état des troupes. Nous venons de reprendre notre souffle et sur une échelle de fatigue de 0 à 10, notre moyenne est entre 6 et 7. Tant mieux s'il nous reste un peu de jus, parce que «ce n'est pas parce que vous en avez fini avec le mont Washington que le mont Washington en a fini avec vous !» scande le coach.

Rapidement, nous redescendons en direction du nord-ouest. En une trentaine de minutes, nous dégringolons de 1 100 pi. Les genoux et les chevilles en prennent un coup. «Ça travaille autrement, mais ça travaille fort», reconnaît Laurent Pieraut, de CS Systems.

Lorsque nous arrivons à la Lakes of the Clouds Hut, Gilles Barbot marque une pause et invite l'équipe à se réunir en cercle, la formation des grandes décisions. «Derrière moi, vous voyez le mont Monroe. Soit vous décidez de le monter avec vos sacs à dos parce que vous êtes des guerriers et que vous dites "On va prendre un autre sommet". Soit vous le faites, mais sans les sacs à dos. Ou encore, vous dites : "Atteindre des sommets, c'est bien, mais on est brulés et on veut descendre". Que choisirez-vous ?»

Hésitation. Pierre Marc, qui souffre du mollet depuis le début, se prononce : «Je n'ai ni le coeur ni le goût de monter. Je pourrais attendre ceux qui voudraient y aller et les encourager». Le reste de l'équipe débat : puisque tous s'entendent sur le fait qu'on ne laissera personne derrière, prendra-t-on l'option minimale ou trouvera-t-on les ressources pour soutenir le maillon le plus faible et pousser l'équipe vers un nouveau sommet ? Josée St-Onge, de PwC, dit qu'elle a le goût de le faire, mais qu'elle aura besoin d'aide. D'autres coéquipiers sont sur les freins. Christian a le sourire malicieux de celui qui attend de voir où sont ses appuis pour asséner l'argument décisif. Quand Stéphan fait référence à nul autre qu'Edmund Hillary, le pionnier de l'Everest, pour nous donner du courage, Christian sait que le fruit est mûr. «J'ai le vilain défaut de toujours être willing, de m'embarquer.» Pause, puis le coup de grâce : «Ma crainte, c'est toujours de revenir à l'hôtel, puis de regretter».

Tout est dit. Pierre Marc quitte le cercle et détache son sac : «On y va !» Il doutait de lui, mais il a maintenant confiance dans ses coéquipiers pour l'aider, et réciproquement. «Notre leadership en équipe s'est manifesté dans notre décision au pied du mont Monroe, puis par l'entraide dans l'effort, en se poussant, en se tenant dans la montée», se remémorera Martin.

Nous avons donc ajouté un 4e mont à notre palmarès ce jour-là, et nous avons savouré notre succès tout au long d'une longue glissade de 1 500 pi sur nos fonds de culotte dans les pentes du ravin Ammonoosuc.

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