Les Cassandre prédisaient que les banques canadiennes plieraient sous le poids de l'immobilier et de l'endettement des ménages en 2013. Le secteur a tout de même connu une bonne année et poursuivra sur cette lancée en 2014, selon les experts interrogés par Les Affaires.
Les banques abordent l'année 2014 sur un pied solide, à la faveur d'un bon rendement de leur portefeuille de prêts, de marges d'intérêt qui se stabilisent et d'une diminution des coûts d'exploitation, affirme John Reucassel, de BMO Marchés des capitaux. Il émet une recommandation «surperformance» pour l'ensemble du secteur. Les banques gèrent bien le risque de l'immobilier résidentiel et des finances des ménages, dit l'analyste.
Les actions des banques sont devenues moins sensibles à une augmentation des taux d'intérêt, grâce à la diversification des activités vers la gestion de patrimoine et les marchés des capitaux, constate Marc-André Robitaille, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Placements AGF. «Pour les investisseurs à la recherche de dividendes, elles deviennent un peu plus attrayantes que les télécommunications ou les sociétés de placement immobilier.».
Moins optimiste, Justin Fuller, de l'agence de notation Fitch, est d'avis que la dette des ménages est «insoutenable» et que le marché immobilier est surévalué. Même un atterrissage en douceur pourrait gruger les bénéfices, selon lui.
L'effet du dollar canadien
La TD (Tor., TD, 96,39 $), qui détient plus de succursales aux États-Unis qu'au nord de la frontière, est la favorite des analystes. Des 17 qui suivent le titre, 11 en recommandent l'achat pour réduire leur exposition au marché canadien.
La Scotia (Tor., BNS, 64,32 $), autre banque très présente à l'international, se retrouve au sommet de la liste d'achats de Desjardins Marché des capitaux et de Valeurs mobilières TD. La banque est dans «une classe à part», selon Michael Goldberg, de Desjardins Marché des capitaux, qui salue la direction pour son attention aux détails.
La dépréciation du dollar canadien sera favorable à la Scotia et à la TD, dit M. Robitaille. Les analystes qui suivent le secteur bancaire prévoient en moyenne un huard à 0,97 $ US. Le gestionnaire de portefeuille croit que le huard volera plus bas en 2014.
Mal-aimée en raison de sa concentration au Canada et de la perte d'exclusivité des cartes de crédit Aéroplan, la CIBC (Tor., CM, 90,83 $) se trouve dans les bonnes grâces des gestionnaires de portefeuille. «Ses succursales sont très rentables, dit Timothy Caulfield, directeur de la recherche et gestionnaire de portefeuille chez Placements Franklin Templeton. C'est une entreprise qui offre un meilleur rendement sur les capitaux propres que ses pairs.» M. Robitaille estime, lui aussi, que la CIBC est attrayante tandis qu'elle s'échange à escompte comparativement aux autres banques canadiennes (10,75 fois le bénéfice par action de 2014). En moyenne, les cinq grandes banques canadiennes sont à 11,46 fois.
