Pertes d'emplois au Québec : «le portrait n'est pas si sombre»

Publié le 02/12/2011 à 15:03, mis à jour le 05/12/2011 à 07:52

Pertes d'emplois au Québec : «le portrait n'est pas si sombre»

Publié le 02/12/2011 à 15:03, mis à jour le 05/12/2011 à 07:52

Par Stéphane Rolland

Les données de l’emploi en novembre sont peu reluisantes au Québec : 30 500 pertes d’emploi nettes, 17 000 travailleurs qui jettent la serviette et une augmentation du taux de chômage, qui passe de 7,7% à 8%. Le portrait n’est pas aussi sombre qu’il n’y paraît, rassurent les économistes interrogés par LesAffaires.com.

Les données déçoivent, mais ne surprennent pas dans le contexte de ralentissement économique que vit le Québec, affirme Joëlle Noreau, économiste principale pour Desjardins. «Il y a de l’incertitude, et l’incertitude ne pousse jamais les entreprises à l’action, commente-t-elle. On a assisté à un ralentissement du PIB au deuxième trimestre alors que l’emploi se portait bien. Nous ressentons les contrecoups du ralentissement.»

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Le marché de l’emploi serait aussi victime de sa bonne tenue à la sortie de la crise. «Le Québec a rattrapé plus rapidement le terrain perdu durant la récession, note Marie-Claude Guillotte, économiste de Valeurs mobilières Banque Laurentienne. C’est normal qu’il ne conserve pas le même rythme alors que l’économie ralentit.»

«On revient à la tendance observée avant 2008, soit une meilleure croissance dans les provinces de l’Ouest qu’au Québec et en Ontario, constate Mme Guillotte. En novembre, l’Ontario fait bien, mais leur rattrapage survient plus tard.»

Pas de saignée

Deux indices viennent dédramatiser le portrait, croit l’économiste de Valeurs mobilières Banque Laurentienne. «Lorsqu’on regarde les hausses de salaire, ce n’est pas aussi sombre, répond-elle. La progression du salaire horaire s’est maintenue. Depuis un an, le taux horaire moyen a augmenté de 2,2%.»

Les pertes d’emploi sont également concentrées dans le secteur du commerce (27 000 pertes) et chez les travailleurs autonomes (21 000 pertes). «On voit donc qu’il n’y a pas de pertes généralisées dans le secteur public ou privé», ajoute Mme Guillotte.

Le recul de l’emploi autonome pourrait s’expliquer par la prudence des entreprises. «Les grandes entreprises pourraient préférer ne pas solliciter les services de consultant plutôt que de licencier des employés», estime Mme Noreau.

Quant aux données dans le commerce de détail, le fait que les données soient désaisonnalisées pourrait accroître la taille des pertes rapportées. «Il est possible que les entreprises aient tout simplement embauché moins de main-d’œuvre en prévision de la période des Fêtes. En désaisonnalisant les données, il est possible que cela ait accru le nombre de pertes enregistrées.»

Mme Noreau rappelle que les données de l’emploi sont très volatiles. «Il n’est pas impossible qu’on voie un rebond en décembre», nuance-t-elle.

À moyen terme, la tendance est tout de même baissière, même si elle est moins prononcée qu’en novembre. «Depuis six mois, nous avons des pertes nettes d’emploi au Canada et au Québec, et les pertes sont plus importantes au Québec», explique Mme Guillotte.

À plus long terme, Mme Noreau croit que le vieillissement de la population pourrait constituer une bonne nouvelle pour les marchés. «En raison du vieillissement de la population active, le taux de chômage est appelé à diminuer, écrit l’économiste dans une note. C’est de ce côté que pourraient provenir les signaux les plus encourageants.»

 

 

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