La Bourse de Shanghai boit la tasse en 2016

Publié le 30/12/2016 à 11:20

La Bourse de Shanghai boit la tasse en 2016

Publié le 30/12/2016 à 11:20

Par AFP

Après les montagnes russes de 2015, l'année du Singe a fait boire la tasse aux Bourses chinoises, Shanghai enregistrant l'une des pires performances mondiales --dans un marché boudé des investisseurs face à l'essoufflement de l'économie et aux interventions imprévisibles des autorités.

L'indice composite de la Bourse de Shanghai a essuyé sur l'ensemble de 2016 un plongeon de 12,3%, contre des hausses annuelles de 0,4% à Hong Kong comme à Tokyo. Shenzhen, deuxième place de Chine continentale, a lâché 14,7%.

Jeudi, la Chine figurait au dernier rang du classement du Wall Street Journal recensant les performances boursières de quarante pays.

«Les Bourses chinoises se sont effondrées, et elles ne se sont encore qu'à moitié reprises, avec un rétablissement très lent», résume pour l'AFP Shen Zhengyang, analyste du courtier Northeast Securities.

Shanghai et Shenzhen avaient commencé du mauvais pied, après l'instauration en janvier par les autorités d'un «coupe-circuit», mécanisme bloquant automatiquement les échanges en cas de baisse trop rapide des indices.

Terrorisés à l'idée d'être empêchés de revendre leurs titres à leur guise, les boursicoteurs avaient massivement cédé leurs actions, provoquant un effondrement immédiat des marchés... et obligeant Pékin à débrancher le «coupe-circuit» quatre jours après ses débuts.

Perte de confiance

Suite au fiasco, le président du régulateur boursier avait été limogé et son successeur Liu Shiyu, échaudé, a préféré faire profil bas.

Une attitude qui ne rassure guère et laisse les investisseurs désorientés, estime Oliver Rui, professeur de la China Europe International Business School (CEIBS).

«Les gens ne comprennent pas où les autorités veulent aller» et ce manque de clarté dans la régulation des marchés "explique en partie" la médiocre performance boursière, explique-t-il.

Surtout, plane l'ombre du krach boursier de l'été 2015: la Bourse de Shanghai avait dégringolé de 40% au deuxième semestre 2015, après s'être envolée de 60% sur les six mois précédents (terminant donc au final sur une progression annuelle de 9,4%).

Ces fortes turbulences et l'incapacité du gouvernement à endiguer l'effondrement, en dépit d'interventions massives sur les marchés, ont largement écorné la confiance des petits actionnaires individuels.

Ces derniers, souvent suivistes et peu familiers des mécanismes financiers, forment plus de 90% des investisseurs sur les Bourses chinoises, ce qui alimente leur folle volatilité.

Délaissant la Bourse, certains se sont reportés sur l'immobilier ou des matières premières de niche, des secteurs où les prix se sont envolés.

Par ailleurs, le yuan s'est déprécié de 7% face au dollar en 2016: de quoi inciter des investisseurs à se tourner vers des actifs plus rémunérateurs à l'étranger, note Dickie Wong, directeur du courtier Kingston Securities à Hong Kong.

Et de l'avis général, le lancement en fanfare ce mois-ci de la plateforme de connexion boursière entre Shenzhen et Hong Kong ne changera pas nécessairement la donne, faute d'une attractivité suffisante pour appâter les investisseurs étrangers.

«Option la moins rentable»

Autre point noir: la réforme tant attendue du système d'introduction en Bourse n'est pas intervenue. Ce sont donc les autorités qui continuent de décider quand et à quel prix doivent être introduites de nouvelles actions --d'où des cours initialement très sous-évalués.

«C'est le meilleur moyen d'envoyer de mauvais signaux au marché», soupire Oliver Rui.

Les autorités ne devraient pas "intervenir autant (...) Si vous ne lâchez pas la bride, impossible de savoir si le marché peut s'adapter à un nouveau système", insiste-t-il.

Les places chinoises restent de fait suspendues à l'interventionnisme du gouvernement, qui avait supervisé en 2015 des achats colossaux d'actions sur fonds publics pour renflouer les marchés. Résultat, nombre de cours sont déconnectés de l'activité et de la santé réelles des entreprises.

«Dans un environnement pareil, il devient difficile pour un investisseur d'appliquer des stratégies gagnantes!», s'agace Zhang Qun, un analyste du courtier Citic Securities. Pour lui, la Bourse est désormais «l'option la moins rentable» en Chine pour un placement.

Selon China Merchant Securities, 2017 pourrait permettre aux Bourses chinoises de reprendre leur souffle: mais ses estimations couvrent large, allant d'un repli de 6% à un bond de 23%, reflétant l'incertitude totale sur l'attitude de Pékin.

«A l'heure où se durcissent les contrôles sur le marché immobilier et où le marché obligataire recule, il n'y pas beaucoup d'autre choix», observe néanmoins M. Wong. «Les fonds doivent bien investir quelque part, et la Bourse restera toujours une option».

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