L'emploi inquiète la Fed

Publié le 21/10/2009 à 14:08

L'emploi inquiète la Fed

Publié le 21/10/2009 à 14:08

Par Olivier Schmouker

James Bullard, de la Fed du Missouri, craint le risque d'inflation. Photo : Bloomberg.

La divulgation du Livre beige de la Réserve fédérale (Fed) a renforcé la conviction de ceux qui croient que ses taux directeurs ne vont pas augmenter de sitôt, car il y a encore trop de bémols pour que cela survienne.

Ainsi, les dirigeants de la Fed ont une crainte majeure qui les empêche de remonter leur taux directeur, à quasi-zéro depuis décembre dernier : le taux de chômage élevé, qui ne devrait pas baisser «sensiblement» en 2010, selon eux.

Lors de leur dernière réunion de politique monétaire, les 22 et 23 septembre, ils avaient en effet estimé que, «d'une manière générale», l'économie américaine «devrait croître durant la fin de 2009 et en 2010, mais à un rythme qui ne ferait pas baisser sensiblement le taux de chômage», selon les minutes de cette session.

Dans le Livre beige d'octobre, il est indiqué que «les conditions du marché de l'emploi sont généralement faibles ou mitigées aux États-Unis». Et quand il y a du mieux enregistré récemment dans certains États, cela concerne surtout «des emplois temporaires».

Dans leurs dernières prévisions publiées, remontant à juin, les dirigeants de la Fed estimaient que les Etats-Unis reviendraient à la croissance au second semestre et que le produit intérieur brut (PIB) augmenterait de 2,1 à 3,3% en 2010. Ils misaient alors sur un taux de chômage moyen compris entre 9,8 et 10,1% au dernier trimestre de 2009, et entre 9,5 et 9,8% l’année suivante.

Le risque d’inflation est-il sous-estimé par la Fed ?

L'évolution du marché de l'emploi sera par conséquent l’un des facteurs déterminant l'évolution de la politique monétaire américaine. Or, dans l'histoire récente, la Fed n'a jamais relevé son taux après une récession sans avoir constaté préalablement une baisse notable du chômage.

Pour Brian Bethune, économiste du cabinet IHS Global Insight, «le scénario plutôt troublant concernant le marché du travail mentionné par la Fed représente un risque plus fort que celle-ci veut bien l'admettre».

Quel risque? Essentiellement de voir l’inflation bondir aux Etats-Unis. Toute la difficulté de l'exercice de la Fed consiste en effet à trouver le moment opportun pour recommencer à augmenter ses taux directeurs afin de contrer un envol éventiuel des prix, le tout sans tuer dans l’œuf la reprise économique du pays.

Ben Bernanke, le président de la Fed, en a parfaitement conscience. Le 8 octobre, il déclarait à ce sujet qu’après «une longue période de taux à un niveau extrêmement bas» viendrait forcément une remontée «afin d’enrayer tout risque d’inflation à terme».

Des voix discordantes se font entendre

Le hic? Des voix discordantes commencent à se faire entendre au sein-même du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC). Des membres ne cachent plus leurs divergences avec M. Bernanke en ce qui a trait, entre autres, à l'inflation.

Thomas Hoenig, président de la Fed de Kansas City (Missouri), l'une des douze antennes régionales de la banque centrale, a plaidé le 6 octobre pour une hausse rapide du taux directeur, jugeant que celui-ci serait encore «très accommodant» à 1 ou 2%.

En vertu de la rotation entre les dirigeants des Fed régionales, M. Hoenig sera en 2010 l'un des membres dotés du droit de vote au FOMC.

Son homologue de St-Louis (Missouri), James Bullard, qui votera lui aussi en 2010 au FOMC, a déclaré dimanche dernier que les menaces d'inflation à moyen terme sont loin d'être «négligeables», signifiant implicitement sa préférence pour une hausse de taux.

À la fin de juillet, Charles Plosser (Fed de Philadelphie, Pennsylvanie) avait jugé que la banque centrale pourrait avoir à relever son taux assez rapidement afin d'éviter une répétition de la grande inflation des années 70.

Jeffrey Lacker (Richmond, Virginie), Charles Evans (Chicago, Illinois), et Kevin Warsh, l'un des cinq gouverneurs de la Fed, ont tenu des propos similaires ces dernières semaines, M. Evans allant jusqu'à laisser entendre que la Réserve fédérale pourrait être amenée à relever son taux avant que le chômage n'ait commencé à baisser.

Avec Reuters, AFP et Bloomberg.

PLUS : Consultez le Livre beige de la Fed (PDF)

 

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