Le moral des investisseurs en Allemagne, mesuré par le baromètre ZEW, a nettement dépassé les attentes des analystes, atteignant en décembre un plus haut depuis avril 2006, un bond de bon augure pour 2014.

Ce baromètre, qui mesure les attentes des investisseurs pour les six mois à venir dans le pays, a poursuivi son ascension des derniers mois pour atteindre 62 points, contre 54,6 points en novembre, selon des données publiées mardi par l'institut du même nom.

Les analystes du consensus réalisé par l'agence Dow Jones Newswires tablaient sur une progression beaucoup plus modeste de l'indice ZEW, à 55 points.

En avril 2006, il s'était établi à 62,7 points avant de jouer au yo-yo au gré de la crise financière et économique. Depuis le mois de juillet, il n'a cessé de progresser.

« Les experts des marchés financiers regardent 2014 avec optimisme », a commenté dans un communiqué Clemens Fuest, président de l'institut ZEW. « Malgré les données économiques décevantes de ces derniers temps, une amélioration continue de la conjoncture économique en Allemagne et dans la zone euro est attendue », a-t-il analysé.

A la Bourse de Francfort, cette nouvelle a laissé indifférents les investisseurs. Vers 11H20 GMT, l'indice vedette Dax restait orienté à la baisse (-0,33% à 9.133,2 points), le marché scrutant des publications venues hors d'Allemagne et se montrant attentiste avant de connaître l'issue de la réunion mensuelle de la Banque centrale américaine (Fed).

Les sondages réalisés pour établir le ZEW « doivent toujours être traités avec prudence et se sont généralement montrés excessivement optimistes ces derniers mois », a souligné Jonathan Loynes, économiste de Capital Economics.

« Le recul de la production industrielle (en octobre) suggère provisoirement que la croissance a peu de chances d'accélérer au quatrième trimestre par rapport à la hausse de 0,3% observée au troisième trimestre », a-t-il rappelé.

Le dernier chiffre de la production industrielle en Allemagne a en effet refroidi les analystes, avec un deuxième recul d'affilée en octobre, quand était attendu un rebond.

« L'amélioration des sondages renforce toutefois notre avis selon lequel la croissance allemande va probablement décoller quelque peu en 2014, peut-être à environ 1,5% », a ajouté M. Loynes.

Une opinion partagée par son confrère de la banque régionale BayernLB, Stefan Kipar, pour qui « les investisseurs comptent sur une accélération de la croissance aussi bien en zone euro qu'en Allemagne ».

« Les investisseurs allemands terminent l'année sur une note très positive », a pour sa part estimé Christian Schulz, de la banque Berenberg.

Très nette pour l'Allemagne, l'amélioration de leurs attentes « pour la zone euro a été encore plus impressionnante avec (...) 68,3 points, soit un plus haut depuis presque 10 ans » a relevé l'analyste.

En dépit des signaux inquiétants envoyés par la production industrielle, le baromètre ZEW de décembre ressort « nettement meilleur qu'escompté (...) et donne l'impression que l'économie allemande est immunisée contre les perspectives relativement faibles pour ses voisins de la zone euro touchés par la crise », a estimé Johannes Gareis, de Natixis.

D'après lui, l'Allemagne devrait « rester un pilier solide de la croissance au sein de la zone euro l'an prochain ».

Les estimations des investisseurs de leur situation actuelle en Allemagne ont également progressé sur un mois, de 3,7% à 32,4 points, ce qui constitue leur plus forte hausse depuis septembre.

La publication du baromètre Ifo du moral des entrepreneurs allemands mercredi devrait permettre d'avoir une lecture plus complète de la situation économique à attendre pour la première économie européenne.