Affaire Tapie: Christine Lagarde se défend

Publié le 12/12/2016 à 12:49

Affaire Tapie: Christine Lagarde se défend

Publié le 12/12/2016 à 12:49

Par AFP

Photo: 123rf

Elle a peut-être été « abusée » dans l'affaire Tapie, mais n'a jamais été « négligente »: l'ex-ministre et actuelle directrice générale du FMI Christine Lagarde s'est défendue pied à pied lundi devant la Cour de justice de la République (CJR).

« Ai-je été abusée? Avons-nous été plusieurs à être abusés? Si oui, par qui? Nous le saurons peut-être un jour, moi je souhaite le savoir. Ai-je été négligente? Non »: d'emblée, Mme Lagarde, 60 ans, tailleur sombre et foulard coloré, donne le ton.

Elle ne veut pas payer seule pour l'un des grands scandales financiers ayant eu lieu pendant la présidence de Nicolas Sarkozy, celui de l'arbitrage Tapie.

En 2008, l'homme d'affaires gagne plus de 400 millions d'euros via une procédure d'arbitrage, soldant un vieux contentieux avec l'ancienne banque publique Crédit Lyonnais à propos de la revente dans les années 90 du groupe Adidas.

Ministre de l'Economie de 2007 à 2011, Mme Lagarde a selon les magistrats instructeurs fait preuve de « négligence » ayant permis ce « détournement » d'argent public: d'abord en abandonnant la voie judiciaire classique pour l'arbitrage; ensuite en acceptant sans broncher une sentence désastreuse pour les contribuables.

La CJR a jusqu'au 20 décembre pour dire si l'ancienne ministre est coupable. Ce délit rarement poursuivi de « négligence » est passible d'une peine allant jusqu'à un an de prison et de 15.000 euros d'amende.

Cette juridiction hybride, composée de magistrats professionnels et de parlementaires, se prononce sur les crimes et délits reprochés à des membres de gouvernement, et commis dans l'exercice de leurs fonctions.

« J'ai agi en conscience et en confiance avec pour seul objectif l’intérêt général », dit la patronne du Fonds monétaire international, reconduite haut la main à son poste l'été dernier.

La Cour vient d'évacuer une demande de report du procès faite par sa défense, et Christine Lagarde, qui a subi sans ciller les flashes des photographes pendant de longues minutes au début de l'audience, a maintenant hâte d'en découdre.

Elle se dit « profondément choquée » par la virulence des conclusions des magistrats instructeurs, qui fustigent son « incurie », sa « précipitation » et sa « légèreté ».

La présidente Martine Ract Madoux lui pose des questions très précises sur les détails de l'affaire, sur les nominations de ses collaborateurs proches ou lointains, sur le choix des arbitres.

Mme Lagarde, elle, se décrit en ministre préoccupée des grandes questions « macroéconomiques » et « internationales », confrontée aux débuts d'une crise financière majeure, à la tête d'un ministère « gigantesque » - en plus des Finances et de l'Economie, elle a hérité de l'Emploi.

« Cette histoire d'arbitrage n'est pas une priorité » à l'époque, dit-elle. Mais « ça vaut la peine d'explorer » cette voie pour mettre fin au contentieux judiciaire avec Bernard Tapie, aussi tentaculaire - neuf procédures parallèles - que coûteux - 32 millions d'euros d'honoraires d'avocats par an.

Pour autant, cette ancienne avocate, ayant travaillé dans un très prestigieux cabinet anglo-saxon, assure qu'elle n'est « pas une spécialiste » de ces procédures privées.

Pourquoi ne prend-elle pas connaissance à l'été 2007 d'une note de l'Agence des participations de l'Etat, très hostile à tout arbitrage? veut savoir la présidente.

C'est qu'elle en reçoit « 8 à 9.000 par an », en provenance de toutes les puissantes administrations de Bercy, et qu'elle fait « confiance » à ses collaborateurs, notamment à son directeur de cabinet Stéphane Richard, pour faire le tri.

M. Richard, aujourd'hui PDG d'Orange, est appelé à témoigner mercredi, tout comme Jean-François Rocchi et Bernard Scemama, chargés à l'époque de liquider une partie des actifs du Crédit Lyonnais.

Tous étaient sous l'autorité de Mme Lagarde. Tous sont, avec d'autres dont Bernard Tapie, mis en examen pour avoir monté un « simulacre » au profit de l'homme d'affaires, sous couvert d'arbitrage.

Si cette procédure pénale, parallèle à celle qui vise Mme Lagarde, suit encore son cours, au civil le débat est clos. L'arbitrage a été annulé en 2015 pour « fraude », avec obligation pour M. Tapie de rembourser.

À la une

Logistique: sale temps pour les entreprises

03/05/2024 | François Normand

ANALYSE. Depuis 2020, les crises se multiplient, et les travailleurs du CN et du CPKC pourraient bientôt être en grève.

Les travailleurs du CN et du CPKC se donnent un mandat de grève

Un arrêt de travail au CN et au CPKC simultanément pourrait perturber les chaînes d’approvisionnement.

Bourse: Wall Street salue l’accalmie de l’emploi américain

Mis à jour le 03/05/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto prenait plus de 100 points à la fermeture.