Les gestionnaires canadiens continuent à préférer les fonds d’ici

Publié le 27/12/2023 à 09:00

Les gestionnaires canadiens continuent à préférer les fonds d’ici

Publié le 27/12/2023 à 09:00

La participation géographique joue un rôle important dans le portefeuille d’un investisseur. (Photo: 123RF)

Il y a plus d’un an, Morningstar a publié un rapport sur les préférences des investisseurs dans le monde. Ce rapport s’intéressait notamment à la manière dont les Canadiens construisaient leur portefeuille. L’un des objectifs en particulier était d’examiner la préférence nationale, c’est-à-dire la surabondance d’actions et d’obligations de son propre pays par rapport aux indices mondiaux, situation qui ne se fonde pas sur une logique de placement solide. 

L’étude «Home Bias in Canada» ne s’intéresse pas seulement aux particuliers, mais aussi aux fonds de détail gérés par des gestionnaires de placement; il a déjà été démontré au Canada que les non-professionnels avaient une préférence pour leur pays d’origine. Toutefois, les investisseurs professionnels peuvent rechercher des occasions favorables dans le monde entier. Ils possèdent bien plus de ressources que l’investisseur individuel et devraient donc être à l’abri des tendances comportementales telles que la préférence nationale, non? 

L’examen de plus de 3000 fonds couvrant les actions, les titres à revenu fixe et les fonds équilibrés montre que la réponse n’est pas si claire. En septembre 2023, une part importante des fonds détenait un montant disproportionné de produits canadiens par rapport à une alternative véritablement mondiale, que l’on désigne dans le rapport par «Indices de comparaison». Cela signifie que les gestionnaires de placement, tout comme les investisseurs individuels, révèlent une préférence nationale dans les fonds qu’ils gèrent.

 

L’étude a également révélé que cette situation était beaucoup plus fréquente dans les fonds de fonds et les fonds équilibrés, deux structures dans lesquelles les responsables de la répartition d’actifs et les sélectionneurs de gestionnaires peuvent exercer une influence considérable sur la conception d’un fonds. Les fonds de fonds d’actions mondiales, par exemple, avaient en moyenne une participation aux actions canadiennes qui était près de trois fois supérieure à celle des fonds d’actions mondiales classiques.

 

Les fonds canadiens d’actions mondiales détiennent beaucoup plus de titres locaux

Si l’on considère la moyenne des fonds équilibrés mondiaux, cette disparité s’accroît. La pondération en actions canadiennes est presque quatre fois plus élevée dans les fonds équilibrés mondiaux que dans le fonds d’action mondial moyen, après ajustement pour tenir compte des différences d’allocations. Moins d’un dixième des fonds équilibrés mondiaux détiennent une part d’actions canadiennes égale ou inférieure à celle de l’indice Morningstar Marchés mondiaux en pourcentage de leur participation aux actions.

Pour les titres à revenu fixe, c’est la même histoire, bien qu’il soit encore plus rare de trouver un fonds équilibré mondial sans préférence nationale. Environ un fonds sur vingt détient moins d’obligations canadiennes que l’indice Morningstar Obligations mondiales de base, en pourcentage de sa participation aux revenus fixes.

 

Quels sont les fonds équilibrés qui ne privilégient pas les obligations canadiennes?

 

Ceux qui ont privilégié les actions canadiennes et délaissé les actions mondiales ont dû mener une lutte acharnée au cours de la dernière décennie. Un investissement de 10 000 $ en septembre 2013 dans l’indice Morningstar Marchés mondiaux aurait rapporté 7500 $ de plus que le même investissement dans l’indice Morningstar Canada en septembre 2023; le Canada s’est fortement sous-classé par rapport au marché au cours des dix dernières années.

 

Investir à l’étranger a été payant

Mais si la préférence nationale a joué un rôle important pour les actions, elle ne semble pas avoir autant d’importance pour les titres à revenu fixe, du moment que les obligations non canadiennes bénéficient d’une couverture en devises. Cette condition est cruciale ; de nombreux fonds couvrent leur participation aux devises étrangères en dollar canadien afin d’éliminer l’influence de l’évolution du dollar canadien par rapport à d’autres devises, mais surtout par rapport au dollar américain. Le rapport compare trois indices : Morningstar Canada Obligations de base, Morningstar Obligations mondiales de base et Morningstar Obligations mondiales de base (couvertes en CAD), et démontre l’importance de la couverture contre le risque de change dans les titres à revenu fixe. Avec la couverture, les rendements sont très similaires. Sans elle, les investisseurs auraient connu un parcours inutilement cahoteux.

 

Les résultats des titres à revenu fixe sont moins influencés par les partis pris

La participation géographique joue un rôle important dans le portefeuille d’un investisseur. Il semble que les investisseurs individuels et les gestionnaires de placement ne soient pas totalement immunisés contre le phénomène de préférence nationale. Ce phénomène est particulièrement important lorsqu’il s’agit de stratégies et de portefeuilles d’actions: le Canada s’est battu contre le monde entier, et en particulier contre les États-Unis, au cours de la dernière décennie. Les investisseurs feraient bien d’évaluer leurs préjugés et de s’assurer que les décisions qu’ils prennent ne se fondent pas sur le confort, mais sur un raisonnement solide.

Par Michael Dobson

 

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