Pour éviter que le Québec ne se retrouve cassé en deux


Édition du 21 Février 2015

Pour éviter que le Québec ne se retrouve cassé en deux


Édition du 21 Février 2015

Faut-il fermer les régions défavorisées au Québec ?

La question, tout aussi absurde qu'elle puisse paraître, n'est que l'écho de ce qui s'est déjà passé ici. Elle vient à nouveau d'être posée lors d'une intervention aussi intempestive que maladroite du Conseil du patronat du Québec (CPQ), à la fin de janvier.

En gros, le Conseil recommandait au gouvernement de favoriser le déplacement des citoyens de ces régions pauvres vers d'autres secteurs, là où ils ont de meilleures chances de se trouver du travail. De là à promouvoir l'exode rural, il n'y a qu'un pas, et les critiques ont été acerbes.

Constatant qu'il s'aventurait sur un terrain miné, le CPQ a tenté par la suite de nuancer sa position en affirmant qu'au fond, l'essentiel était de créer des emplois convenables pour permettre aux gens d'améliorer leurs conditions de vie. Autrement, pouvait-on lire entre les lignes, on ne fait que prolonger la lente agonie de ces milieux réduits à la dépendance.

Le Conseil a été accusé d'insensibilité. Il faut dire que les habitants de ces territoires fragiles en ont lourd sur le coeur. Les précédents épisodes de relocalisation ont laissé un goût amer.

Dans les années 1970, le Bureau d'aménagement de l'Est du Québec (BAEQ) avait mis en oeuvre un programme de fermeture de villages mal en point dans l'arrière-pays du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. Plusieurs ont été rayés de la carte, et leurs citoyens ont été relocalisés, souvent contre leur gré, dans des centres plus importants. Les transplantations n'ont pas toujours réussi, et des problèmes sociaux ont suivi. Ils étaient peut-être pauvres, ces gens, mais ils étaient attachés à leur coin de pays. Aujourd'hui, seuls les plus vieux se souviennent encore de Saint-Jean-de-Dieu, de Saint-Octave-de-l'Avenir et des autres municipalités disparues.

Et on voudrait recommencer ?

Il reste que l'enjeu demeure : un nombre élevé de villages québécois est en perdition et leur avenir est incertain. Cela conduit souvent les ménages les plus jeunes à les déserter, ce qui accentue le problème. Et personne n'a encore trouvé de solutions acceptables.

Le débat ne date pas d'hier.

En 1988, la revue Relations présentait un dossier qui allait faire époque. On y évoquait un Québec « cassé en deux », une fracture entre les régions riches, de plus en plus riches, et les pauvres, de plus en plus pauvres. Si rien n'est fait pour réduire le fossé, écrivaient les auteurs, prophétiques, les migrations vers les centres plus prospères vont s'accélérer, vidant les régions périphériques de leur population au risque de précipiter leur désintégration. Ce phénomène porte désormais un nouveau nom : la « dévitalisation ».

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