BLOGUE. Le quotidien français Libération titrait, lundi matin, « Casse-toi, riche con », en apostrophant le milliardaire Bernard Arnault, grand patron du holding LVMH. On le soupçonne de vouloir déménager en Belgique, ou ailleurs, de manière à échapper aux hausses d’impôt « temporaires » que veut mettre en place le gouvernement Hollande pour aller chercher au bas mot 10 milliards d’euros additionnels chez les particuliers dans sa lutte à l’énorme déficit budgétaire du pays.

Désolé, mais si con il y a, il suffit de chercher du côté de la direction de Libération.

C’est toujours tentant, et amusant, de jouer aux gros bras en se donnant des allures de redresseur de torts. La France est mal barrée et les coupables sont tout désignés : les riches. Et qui de plus riche que celui qui règne sur un empire commercial de produits de luxe, genre Louis Vuitton et compagnie ?

La froide réalité obligerait à un peu plus de retenue. C’est plate, mais les riches sont plus mobiles que les autres. Au fond, Libération leur dit que mieux vaut pour eux de partir, quitte à priver au passage le gouvernement français des centaines de millions d’euros dont il a désespérément besoin. De quoi se taper sur les cuisses en buvant un verre de rouge ? Pas vraiment.

S’il le voulait, Bernard Arnault pourrait s’acheter une compagnie de déménagement au grand complet pour transporter ses valises. Il n’y a pas encore de barbelés autour de la France. Et la Belgique, ou la Suisse, ce n’est pas bien loin. En TGV - à supposer qu’il ne prenne pas de limousine - Bruxelles est à 82 minutes de Paris.

Est-ce que ce serait légal ? Oui. Généreux ? Peut-être pas, mais rappelez-vous qu’on est toujours plus généreux avec l’argent des autres. Moral ? Ici, tout est question d’interprétation. Mais si on venait chercher 75 % de votre salaire, quel qu’il soit – c’est le projet Hollande pour les très hauts salariés – vous lui enverriez un chèque sans rouspéter ?