
Il suffit d'un manager de type boss pour ressentir une profonde solitude professionnelle. Photo: DR
Les études scientifiques abondent aujourd’hui pour dire que notre degré de satisfaction dans la vie fluctue avec l’âge. Elles se recoupent toutes pour dire que le graphique de notre bonheur est en forme de U :
– L’heureux tourbillon de la jeunesse. Lorsque nous sommes jeunes, notre bonheur est globalement très élevé. Il atteint même son pic lorsqu’on avoisine la vingtaine, qui est visiblement l’âge de l’insouciance et de la désinvolture.
– Le cap de la cinquantaine. Notre bonheur se met ensuite à chuter à mesure que nous entrons dans l’âge adulte et qu’il nous faut assumer des responsabilités de plus en plus lourdes et stressantes. Le point de bascule de situe pile à 50 ans, quelles que soient nos origines et notre culture.
– L’heureuse quiétude de la vieillesse. Une fois la cinquantaine passée, notre bonheur se met à remonter sans discontinuer, même si la remontée est un peu moins prononcée que la chute initiale. Certains estiment que cela s’explique en grande partie parce qu’on est alors soulagé de nombre de sources de stress (ex. : nos enfants ne sont plus sous notre responsabilité directe, les tâches au travail s’allègent,…).
Cela étant, il ne s’agit là que d’une courbe approximative, qui se déforme parfois lorsqu’on ne considère plus que des sous-groupe, et non plus l’ensemble des groupes d’une même population. Certes, le U demeure toujours, mais il est parfois accentué, parfois diminué.
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Comment cela s’explique-t-il ? Quatre chercheurs canadiens et coréens ont émis l’hypothèse que cela tenait sûrement au contexte social dans lequel évoluent les personnes du sous-groupe considéré : d’après eux, plus le milieu de vie est propice à l’épanouissement des individus, plus la forme de U est atténuée ; et inversement, plus il est néfaste à l’épanouissement de chacun, plus le U est prononcé.
John Helliwell, professeur d’économie à l’Université de Colombie-Britannique à Vancouver (Canada), assisté de son étudiant Max Norton, Haifang Huang, professeur d’économie à l’Université d’Alberta à Edmonton (Canada), et Shun Wang, professeur d’économie à l’École de management et de politique publique du KDI à Sejong (Corée du Sud), ont ainsi unis leurs forces pour s’en faire une idée. Dans le cadre de leur étude intitulée Happiness at different ages : The social context matters, ils se sont plongé dans les données du sondage Gallup-Healthways, qui interroge quotidiennement des centaines d’adultes américains sur divers sujets.
Il se trouve que l’une des questions récurrentes concerne la vision que les salariés ont de leur «supérieur hiérarchique immédiat», ou si vous préférez de leur manager – «Le voyez-vous comme un ‘boss’ ou plutôt comme un ‘coach’?». Et qu’en recoupant l’ensemble des réponses fournies par des millions de gens des années durant avec d’autres données connexes, il y a moyen de voir si la perception que les gens ont de leur manager a un impact sur leur degré de satisfaction dans la vie, ou pas.
Résultat ? Je vous le donne dans le mille :

Source: «Happiness at different ages», Helliwell, etc., 2018
– Mieux vaut un coach qu’un boss. Que l’on ait un manager de type boss ou coach, la courbe demeure en U. Toutefois, celle liée au boss est systématiquement située en-dessous de celle liée au coach, avec un écart quasi constant de 0,4 point (sur un axe de 0 à 10). Ce qui est – je me permets de le souligner – considérable ; les quatre chercheurs donnent d’ailleurs à ce sujet une image frappante : «0,4 point, ça correspond au bond de votre satisfaction dans la vie si jamais vous voyiez votre salaire doubler d’un seul coup», notent-ils dans leur étude.
Autrement dit, qu’on soit en tout début de carrière, dans le gouffre émotionnel de la cinquantaine, ou encore en toute fin de carrière, il suffit que notre manager se comporte en boss – vous savez, celui qui commande et contrôle, comme cela se faisait tout le temps au 20e siècle – pour nous pourrir la vie. Oui, nous la pourrir. À l’inverse, il suffit d’avoir la chance de tomber sur un boss de type coach – qui, lui, comprend, conseille et soutient, comme il se doit dans une entreprise entrée de plain pied dans le 21e siècle – pour que d’un coup d’un seul la vie nous paraisse plus belle que jamais. Ni plus ni moins.
Voilà. Leaders, à présent que vous savez ça, à vous de voir ce que vous pourriez entreprendre pour passer davantage du style boss à celui de coach ; car, ça va de soi, il est impossible pour une équipe d’afficher une performance extraordinaire si chacun traîne des pieds, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois. Et à vous, employés, d’amener subtilement votre manager à saisir qu’il se tire une balle dans le pied chaque fois qu’il se met à commander et contrôler ; et donc, à se transformer peu à peu en un coach qui illuminera votre quotidien au travail.
En passant, l’écrivain français Victor Hugo a dit dans Les Misérables : «Le bonheur veut tout le monde heureux».
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