Olivier Schmouker - Et si vous vous mettiez à l'Ubuntu?

Publié le 28/04/2011 à 09:22, mis à jour le 29/04/2011 à 13:18

Olivier Schmouker - Et si vous vous mettiez à l'Ubuntu?

Publié le 28/04/2011 à 09:22, mis à jour le 29/04/2011 à 13:18

Sans surprise, cette attitude low profile en apparence a attiré les foudres des va-t-en guerre américains depuis plusieurs semaines, et sa confirmation par un conseiller présidentiel a mis de l’huile sur le feu. John Podhoretz, chroniqueur néoconservateur du New York Post et rédacteur en chef du magazine Commentary, s’offusque de ce style de leadership «indigne de la grandeur des Etats-Unis» : «Il révèle la vision défaitiste qu’a la Maison Blanche de l’avenir de notre pays, sa conviction que notre puissance est en train de décliner, en particulier face à la Chine», lance-t-il. De son côté, Michael Rubin, un membre influent du think tank néoconservateur American Enterprise Institute, soutient que «quoi que fassent les Etats-Unis, ils se feront toujours critiquer par les autres pays», si bien que «le mieux est de les laisser braire et de faire ce que nous avons à faire»; par conséquent, Barack Obama, en cédant sa place de leader à d’autres sur la scène internationale, a commis la pire des gaffes, d’après lui.

Le hic, dans toutes ces critiques néoconservatrices? D'une part, c'est qu'elles sont outrancières, ce qui dénote un manque de jugement certain. D'autre part, c’est qu’elles oublient qu’un grand leader a fait de «Leading from behind» son motto. Un grand leader incontesté, qui est d’ores et déjà entré dans l’Histoire alors qu’il est toujours des nôtres : Nelson Mandela.

«L’idéal, c’est de diriger depuis l’arrière et d’inciter les autres à prendre les devants, surtout lorsque les opérations se déroulent bien. Le leader ne doit monter au front que lorsqu’il y a un danger; alors, les autres apprécieront grandement votre leadership», a-t-il confié à Richard Stengel, journaliste au Time Magazine et auteur d’une biographie du 10e président de la République d’Afrique du Sud. Et d’ajouter : «Mon image du leader est celle du gardien de troupeau. Il se dote de bêtes braves et intelligentes et ne se met surtout pas devant elles, mais les laisse prendre la direction qu’il leur indique. Il leur donne le pouvoir, et donc leur fait confiance. Même chose avec les êtres humains, un bon leader sait s’entourer de personnes brillantes, capables d’appliquer sa vision et ses idées. Et cela est vrai tant en politique qu’en entreprise, et même en famille».

Nelson Mandela se met-il le doigt dans l’œil avec une telle vision du leadership? La réponse est bien entendu «non», puisque c’est celle-ci qui lui a permis de faire se soulever tout un peuple pour mettre fin au régime d’apartheid du gouvernement de Frederik de Klerk. Il va en réalité plus loin encore, avec la notion d’Ubuntu…

Ubuntu? Ce mot vient des langues bantoues de l’Afrique du Sud, et n’a pas vraiment d’équivalent en français. Nelson Mandela, qui a été élevé avec cette notion en tête, le décrit ainsi : «Respect. Serviabilité. Partage. Communauté. Générosité. Confiance. Désintéressement. Le mot d’Ubuntu signifie un peu tout cela à la fois. Il s’agit d’un état d’esprit, d’une attitude envers les autres, qui incite chacun à faire quelque chose de bien, de grand, pour sa communauté», dit-il.

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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