Ces robots qui collaborent entre eux pourraient être dangereux

Publié le 02/08/2013 à 15:25, mis à jour le 04/08/2013 à 18:20

Ces robots qui collaborent entre eux pourraient être dangereux

Publié le 02/08/2013 à 15:25, mis à jour le 04/08/2013 à 18:20

[Photo : Bloomberg]

BLOGUE. Quand on lui demande ce qu’il fait dans la vie, Omid Danesh Shahraki répond qu’il travaille à bâtir une sorte de Skynet, le réseau de robots militarisés qui domine le monde dans Terminator. C’est en partie une boutade, mais c’est aussi dans les faits le type d’application que pourrait avoir son champ de recherche. Dans les faits, les recherches de l’étudiant à la maitrise de l’Université Concordia portent sur le champ de l’intelligence artificielle qui s’intéresse à la collaboration entre robots.

Omid Danesh Shahraki utilise la théorie des jeux et la théorie du contrôle afin de concevoir des protocoles de collaboration efficaces entre robots. Ce champ d’études, beaucoup moins répandu que celui de la collaboration entre humains et robots, par exemple, a en quelque sorte vu le jour en raison des besoins de l’industrie du divertissement.

En effet, l’article ayant jeté les bases de ce champ d’études décrivait non pas une équipe de robots, mais une approche algorithmique permettant de simuler des formations d’oiseaux migrateurs… pour les besoins de l’industrie de l’animation 3D. Pour Omid Danesh Shahraki, il n’y a là rien d’étonnant, puisque la robotique et la science-fiction se nourrissent l’une de l’autre : « Dans l’univers de la robotique, plusieurs technologies sont apparues dans les livres de science-fiction avant d’être développées dans des laboratoires », explique-t-il.

Les recherches d’Omid ne sont d’aucune utilité pour améliorer l’efficacité d’une chaîne de montage, puisque les robots qu’on y trouve effectuent généralement des tâches répétitives dans un environnement contrôlé. Par contre, ses recherches pourraient avoir des applications dans un contexte où plusieurs robots doivent s’adapter rapidement, de manière décentralisée, à un environnement changeant.

À l’heure actuelle, ce type de collaboration entre robots intéresse surtout ceux qui souhaitent faire de la collecte de données en milieux hostiles ou changeants. Par exemple, si la NASA voulait cartographier une grotte sur mars, elle pourrait envoyer une équipe de drones qui, une fois à l’intérieur, devrait se séparer le travail de cartographie. De plus, advenant le bris d’un des drones, les autres membres de l’équipe devraient pouvoir se répartir son travail. Si la batterie d’un des drones était plus faible, la tâche de ce dernier devrait être allégée afin qu’il ait assez d’énergie pour sortir de la grotte.

Vous vous en doutez, ce type de protocoles de collaboration se prêterait très bien aux contraintes d’un champ de bataille. En effet, des engins de guerre collaborant de cette manière plutôt que d’être contrôlés à distance par un superordinateur ou des humains, ne pourraient pas être vaincus en neutralisant leur moyen de communication avec l’extérieur. De plus, l’ennemi ne pourrait pas saper leur coordination en supprimant leur chef, puisque ces robots collaborent plutôt que d’obéir. Il serait étonnant que la DARPA, une agence de recherche relevant de l’armée américaine qui finance le développement de nombreux robots comme ceux de Boston Dynamics, n’ait pas quelque projet à la Skynet sans ses cartons.

Dans la vie civile, on peut imaginer aisément que ce type de robots pourrait être d’efficaces pompiers. Par contre, lorsque j’ai demandé à Omid Danesh Shahraki s’il croyait qu’on verrait ce type de technologie être démocratisé au point d’en voir dans nos aspirateurs robotisés qui, pourquoi pas, pourraient travailler en équipe pour faire notre ménage, il a rejeté cette éventualité : « Je ne pense pas que ce ne serait souhaitable de cohabiter avec des robots qui agissent en meute, ce serait trop coûteux pour rien, et cela pourrait être dangereux. »

Comme quoi, en robotique, il ne suffit pas de connaître son histoire pour éviter de reproduire les erreurs du passé… Il faut aussi connaître sa science-fiction pour éviter de reproduire les erreurs commises dans des oeuvres de science-fiction se déroulant dans le futur.

À propos de ce blogue

DE ZÉRO À UN MILLION est le blogue de Julien Brault, qui a fondé la start-up Hardbacon en juin 2016. L’ancien journaliste de Les Affaires relate ici chaque semaine comment il transforme une idée en entreprise. Dans ce blogue, Julien Brault dévoile notamment chaque semaine ses revenus. Une démarche sans précédent qui est cohérente avec les aspirations de Hardbacon, qui vise à aider les gens à investir intelligemment en faisant voler en éclat le tabou de l’argent. Ce blogue sera ainsi alimenté jusqu’à ce que Hardbacon, qui n’avait aucun revenu lors de la publication du premier billet, génère un million de dollars en revenu annuel.

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