Patron, faudrait qu'on parle salaire, voyage, retraite et dodo

Publié le 28/04/2017 à 12:00

Patron, faudrait qu'on parle salaire, voyage, retraite et dodo

Publié le 28/04/2017 à 12:00

Salaires autodéterminés, régimes de retraite blindés ou encore programme pour favoriser le sommeil… les idées ne manquent pas pour capter les talents.

Face à la concurrence d’aujourd’hui, les entreprises doivent multiplier leurs stratégies de reconnaissance pour recruter et fidéliser les meilleurs talents. Salaires autodéterminés, alléchants incitatifs de recrutement, régimes de retraite blindés et même programme pour favoriser le sommeil des employés… les idées provenant des experts en rémunération et de ressources humaines ne manquent pas. C’est ce qu’ont pu constater les 185 participants de la 2e Conférence Rémunération globale, présentée par les Événements les Affaires, le 26 avril dernier.

Et si vous laissiez vos employés choisir leur salaire?

L’allocution spéciale de la présidente de l’entreprise Percolab, Samantha Slade, portant sur le salaire autodéterminé a été un des sujets qui a capté l’attention de l’auditoire. Depuis deux ans, cette PME, située à Montréal et Montpellier, en France, propose à sa quinzaine d’employés de fixer eux-mêmes leur salaire mensuel en fonction des projets auxquels ils participent. Un procédé qui se traduit aujourd’hui par des hausses de revenus de 30% pour cette entreprise experte en accompagnement organisationnel et social.

«Au début, les employés ont eu de la difficulté à saisir le concept. Cet exercice demande beaucoup de responsabilisation de leur part. L’employé doit être capable de bien évaluer sa valeur», a mentionné la conférencière. Elle a d’ailleurs précisé que les employées féminines ont tendance à sous-estimer leur valeur. «On observe le contraire chez les hommes, qui, eux, vont se surestimer», a-t-elle indiqué provoquant les rires dans la salle. 

Remarquez, cette méthode n’a rien d’une innovation en matière de rémunération, a tenu à souligner Mme Slade. Ce concept existe déjà depuis les années 1970 dans certaines entreprises, notamment chez l’un des plus importants transformateurs de tomates Morning Star, aux États-Unis. «Même une entreprise de fabrication de pièces automobiles, soit Favi en France, qui emploie plus de 500 personnes, a adopté ce système depuis les années 1980», a ajouté la conférencière.

Pensez incitatifs

Quelques idées ont également été présentées pour composer avec les milléniaux. Au Groupe Dynamite, dont plus de 65% des employés ont moins de 35 ans, on favorise notamment les aires ouvertes et les programmes de rotation de départements pour les nouveaux diplômés, a mentionné le conférencier Stéphane Parsons, directeur rémunération globale chez Dynamite. Chez AMPME, on offre même un budget de voyage de 2500$ à tous les nouveaux employés. Un incitatif très populaire auprès des générations Y et Z qui représente 85% des postes. «On leur demande par la suite de partager leurs photos souvenirs sur le blogue de l’entreprise», a indiqué Marie-France Laperrière, spécialiste personne et culture chez AMPME.

Pourquoi ne pas attendre à 70 ans?

Une meilleure rémunération, c’est aussi de bons conseils que l’employeur peut prodiguer à ses troupes en matière d’épargne et de retraite, a mentionné le conférencier Martin Cyrenne, associé principal retraite et épargne au sein de la firme Normandin Beaudry. M. Cyrenne a souligné que de plus en plus de travailleurs craignent ne pas être en mesure de survivre à leur régime de retraite en raison de l’espérance de vie qui ne cesse d’augmenter au pays.

«Pourquoi ne pas suggérer à vos employés de retarder le premier retrait de leur régime de rentes du Québec et de leur pension de sécurité de vieillesse? Pourquoi ne pas attendre au-delà de 65 ans? Pour un employé qui a gagné un salaire moyen de 55 000$, les deux programmes gouvernementaux peuvent représenter plus de la moitié des revenus de la retraite si le travailleur attend à l’âge de 70 ans pour recevoir ses premiers chèques», a expliqué M. Cyrenne devant l’auditoire.

Et le sommeil?

La sieste au travail ne figure pas encore dans les mœurs des grandes entreprises du Québec. S’assoupir sur les heures de travail demeure encore un sujet tabou. Une perception qui pourrait cependant changer avec le projet-pilote que mène Desjardins Assurances auprès de ses employés. L’entreprise travaille actuellement à développer un programme pour aider les employés à mieux dormir, a-t-on appris de la part de Nathalie Laporte, vice-présidente, développement, commercialisation et stratégie assurance pour les groupes et les entreprises chez Desjardins Assurances.

Munie de nombreux résultats d’études et de statistiques, la conférencière a signalé que deux personnes sur cinq au Canada souffrent d’insomnie. Le manque de sommeil représente des pertes énormes pour les entreprises. «Chez nos voisins américains, on estime à plus de 262G$ les pertes liées aux problèmes d’insomnie. Au Canada, c’est plus de 26G$», a-t-elle dit.

L’institution financière, qui travaille en collaboration avec la start-up Haleo, a proposé un questionnaire à 1800 de ses employés ce printemps. Plus du tiers (35%) ont répondu et plus de 80% de ces répondants ont accepté d’être suivis pour des consultations. «On attend les résultats d’ici juin afin d’identifier des solutions», a indiqué Mme Laporte. En attendant, un participant a demandé au président d’Haleo, Bradley Smith, s’il avait un conseil pour l’aider à mieux dormir : Oui, a-t-il répondu, il y a un petit truc tout simple : fermez votre cellulaire au moins une heure avant de dormir.