La tyrannie de la popularité en Bourse


Édition du 19 Avril 2014

La tyrannie de la popularité en Bourse


Édition du 19 Avril 2014

Un danger latent

Et c'est là le danger de la trop grande popularité en Bourse et de l'appât du gain des pros du placement. La marche à gravir est haute pour les entreprises qui doivent sans cesse répondre aux attentes élevées, de peur d'être punies en Bourse, au lieu de se concentrer entièrement sur leur stratégie.

Le constructeur de véhicules récréatifs BRP (Tor., DOO, 29,40 $) est aussi entré en Bourse en mai 2013 avec une évaluation élevée, de 10 fois son bénéfice d'exploitation.

Cela n'a pas empêché le titre de bondir de 35 % depuis, mais la moindre erreur de parcours ou tout signal de repli économique mondial risque de faire bien mal au titre de l'entreprise de Valcourt.

Lunetterie New Look (Tor., BCI, 20,45 $) a aussi grimpé très vite après avoir été découverte par les amateurs de titres à faible capitalisation en mal d'entreprises en croissance.

Son action a explosé de 121 % depuis juin 2013, traduisant les attentes élevées de ses nouveaux actionnaires qu'elle devra désormais satisfaire.

L'action de l'entreprise s'échange à un généreux multiple de 23,6 fois les bénéfices prévus en 2014.

Dollarama doit toujours plaire

Dollarama (Tor., DOL, 88,74 $) est aussi dans ce collimateur, après avoir explosé de 413 % depuis son entrée en Bourse, en 2009.

Le détaillant à bas prix est performant, même quand l'hiver est rude, mais il doit faire appel à des tactiques financières pour satisfaire les attentes, dont le rachat de 10 % de ses actions, à un moment où elles valent 21,5 fois les bénéfices de 4,18 $ prévus en 2015.

Le titre de Dollarama a d'ailleurs fléchi de 5,8 % depuis son record du 9 avril, après que la société eut prévenu que le recul du huard, la vive concurrence et la hausse du salaire minimum en Ontario feraient plafonner sa marge d'exploitation en 2015.

Pour établir son nouveau cours cible de 108 $, Patricia Baker, analyste de Banque Scotia, se projette déjà en 2016 et utilise un multiple de 21 fois.

Dollarama se dit disposée à racheter ses actions tant que le rendement que lui procurent ses bénéfices est supérieur à son coût d'emprunt. Vishal Shreedhar, analyste de la Financière Banque Nationale, s'attend donc à ce que la dette du détaillant passe de 2,5 à 3 fois son bénéfice d'exploitation, d'ici 2016.

Alimentation Couche-Tard et Stella-Jones sont deux autres exemples de sociétés québécoises à l'égard desquelles les attentes sont élevées.

Il serait bien plus sain pour leurs dirigeants et leurs actionnaires que ces entreprises puissent s'apprécier lentement en Bourse au fil de leurs réalisations, sans grand risque de tomber de leur piédestal.

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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