Divulgation ESG: le Canada très en retard sur les États-Unis

Publié le 04/09/2019 à 10:05

Divulgation ESG: le Canada très en retard sur les États-Unis

Publié le 04/09/2019 à 10:05

Par Diane Bérard

Le nombre d'entreprises canadiennes divulguant leurs informations ESG devrait augmenter de 60% pour rattrapper les proportions américaines. (Photo: Jason Rosewell, Unsplash)

BLOGUE. En 2017, 45% des 242 entreprises de l’indice S&P/TSX ont publié un rapport de type ESG (environnemental, social, gouvernance), RSE (repsonsabilité sociale d'entreprise) ou développement durable.

En 2018, cette proportion grimpera à 54%.

C’est ce que nous apprend le rapport, «Divulgation ESG: une perspective canadienne» , de Milla Craig, Erica Coulombe et Charlotte Lombardi, de la firme québécoise Millani. Ce rapport est dévoilé aujourd’hui (5 septembre). Millani offre des services-conseils relatifs à l’intégration des facteurs ESG. Son rapport aborde à la fois la quantité et la qualité de l’information extra-financière divulguée par les grandes sociétés canadiennes.

Premier constat: on note un déplacement des informations extra-financières

Celles-ci ont jusqu’ici fait l’objet d’une section du rapport annuel. Or, certaines entreprises choisissent de leur consacrer un rapport entier de type ESG, RSE ou développement durable.

Deuxième constat: les sociétés américaines font meilleure figure

Pour 2018, on s’attend à ce qu’un peu plus de la moitié (54%) des sociétés du principal indice de la bourse de Toronto publient un rapport de développement durable pour 2018. Aux États-Unis, ce sont plus des trois quarts (86%) des entreprises du S&P 500 qui le feront.

La proportion des sociétés canadiennes du S&P/TSX divulguant des données ESG représente donc moins du deux tiers (62,79%) de celles des sociétés du S&P 500. 

Troisième constat: les investisseurs demeurent sur leur faim

Les investisseurs réclament des informations précises sur la façon dont les entreprises gèrent le risque social, environnemental et de gouvernance associé à leurs activités. Pour l’instant, les entreprises divulguent surtout des informations générales liées à leurs initiatives de responsabilité sociale ou à des actions associées au développement durable.

Quatrième constat: on est loin de l’uniformité…

La moitié des 115 rapports étudiés se nomment «Rapport de développement durable»; 18% affichent un titre lié à la responsabilité sociale (RSE); 12% adoptent l’étiquette ESG, 6% s’articulent autour de la responsabilité envers la communauté (Public Responsability), 3% osent s’aventurer du côté de changement climatique et de l’environnement et 11% appartiennent à la catégorie «Autres».

Cinquième constat: … mais on y aspire…

Pour évaluer à leur juste valeur les initiatives d’une entreprise, il faut pouvoir les comparer à celles de ses pairs. D’où l’importance de s’appuyer sur des standards. Plus de la moitié (60%) des rapports publiés s’inspirent du Global Reporting Initiative (GRI). Près du quart (23%) opte plutôt pour le cadre du Sustainability Accounting Standards Board (SASB) pour déterminer quels enjeux doivent être considérés pertinents (material) pour l’entreprise. Enfin, 6% calquent leur structure de divulgation sur le cadre SASB.

Sixième constat: le climat, on en parle… un peu

Créé en 2015, le Task Force on Climate-related Financial Disclosure (TCFD) vise une divulgation volontaire des risques financiers auxquels sont exposées les entreprises. Ceci afin de mieux connaître et contrôler le risque auquel le système financier (institutions et investisseurs) est lui-même exposé.

Le TCFD incite les entreprises à divulguer de quelle façon elles gèrent les risques, mais aussi les occasions d’affaires, associés au changement climatique. Les informations doivent être liées à la gouvernance, la stratégie, la gestion de risque, les indicateurs de performance et les cibles.

En 2018, le quart (25%) des sociétés de l’indice S&P/TSX ont affirmé leur appui aux lignes directrices du TCFD. C’est ce qu’elles ont déclaré dans les communications. Un autre 14% a poussé l’exercice plus loin en présentant concrètement comment un accroissement de la température de 1,5 degré et de 2 degrés affectera leurs activités. Le reste (62%) ne fait aucune référence aux recommandations du TCFD.

Septième constat: les Objectifs de développement durable (ODD) font du chemin

Plus de 60% des entreprises du S&P/TSX mentionnent les ODD lorsqu’elles évoquent le développement durable. Près d’un tiers (28%) évoquent les ODD de façon concrète. Elles arriment leur stratégie, ou certaines initiatives, à un ou plusieurs ODD précis.

En terminant

Rappelons qu’en juin dernier, le Groupe d’experts sur la finance durable (Canada) a déposé son rapport. Il est question du rôle que la finance durable peut jouer pour «accélérer la transition énergétique et aider les ménages et les entreprises à gérer les nouveaux risques climatiques». On y parle aussi d’harmoniser la finance durable avec les objectifs climatiques et économiques canadiens.

La recommandation 2 de ce groupe d’experts se lit comme suit, «Permettre aux Canadiens d’affecter leur épargne à des investissements respectueux du climat et offrir des incitatifs à le faire ».

La recommandation 10, quant à elle, propose ceci, «Promouvoir l’investissement durable en tant qu’investissement normal au sein de la communauté canadienne de gestion des actifs.»

Dans les deux cas, ces recommandations sous-entendent une divulgation ESG précise et utile de la part des entreprises, afin de distinguer les véritables investissements durables.

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