Suite à mon article blogue précédent et aux commentaires et questions que j’ai reçus, je préciserai que le risque représente une situation où divers scénarios sont possibles et la majorité des scénarios possibles sont connus ou estimables (probabilités). Il y a une cause à effet identifiable entre le facteur économique qui cause un changement et le résultat qui peut au moins être expliqué ex-post.
Le hasard, lui, est le résultat de l'incertitude et de l'inconnu. Ce sont des scénarios qui ne peuvent même pas être probabilisés et dont les causes à effet ne sont pas logiques. C’est le domaine de l’aléatoire.
Alors pour illustrer ce que je veux dire quand je propose que le plus grand facteur économique est le hasard en ce moment, je présente le principe de la goutte qui fait déborder le vase : Si un bol peut contenir 1 millions de gouttes qui y sont versées une après l'autre, l'impact de chaque goutte dans le bol est semblable, sauf l'impact de celle qui fait déborder le vase.
Mais pourtant cette goutte elle-même était semblable aux autres. Ceux qui étudiaient l'impact des gouttes et leur répercussion sur le reste de l'eau dans le vase, ne peuvent expliquer pourquoi ce n’est pas la goutte précédente qui ait fait déborder le vase si ils n’observaient pas le vase lui-même. Alors l'impact des petits ou gros évènements économiques ces jours-ci peut soudainement créer une réaction disproportionnée à la nature de l'évènement lui-même, parce que le système mondial est déjà sous une des pressions financières les plus fortes de l'histoire et comme on le voit récemment, sous une pression sociale énorme aussi.
Il est absolument impossible d'anticiper si ou quand il y aura un évènement qui sera LA goutte. Il est aussi impossible de prédire quand, comment, pourquoi LA goutte se présenterait car la relation de cause à effet entre cet évènement "goutte qui fait déborder le vase et la conséquence économique n'est pas normale ni logique. Nous savons que le bol est plein, mais il est impossible de savoir combien de gouttes peuvent encore tomber sans le faire déborder, et de combien de gouttes supplémentaires nous bénéficions alors que l’évaporation nous aide un peu.
Le message ici est que le vase des marchés boursiers est peut-être plein au point où il ne reste de place que pour quelques gouttes à un moment où en parallèle, toutes les mesures de confiance et d'optimisme dans les actions sont à des sommets historiques et les attentes des investisseurs sont énormes, et encouragées par l’industrie de l’investissement.
Et franchement, si vous ne voyez pas ce risque combiné à cet optimisme euphorique, alors vous n'êtes pas conscient de ce qui se passe vraiment.
Le risque est là et c’est indiscutable. Par contre, il est possible que LA goutte n'arrive jamais. J’espère que vous distinguez la subtilité d’être conscient du risque sans savoir le scénario final, sans savoir la vérité et sans être capable de prédire le futur. Je parle ici de gestion du risque et il y a des risques qui ne valent pas la peine d’être pris.
Alors peu importe votre opinion sur le scénario le plus probable, vous devriez savoir qu'il y a un risque élevé que la prochaine goutte soit LA goutte et que ce soit un scénario qui pourrait être pire que 2008. Historiquement les marchés en état de bulle n'ont pas subi LA goutte nécessairement, ils se sont parfois simplement épuisés et ont croulés graduellement sous leur propre poids, le poids du désir profond de croire à une illusion positive parce que vous n'avez pas les moyens que le négatif se produise. Mais on sent ce poids par nos émotions et nos sens ... le sentez-vous ?
Moi je le sens, je le vois dans mes analyses et je vous recommande une prudence extrême. Je prends mon risque principal dans des titres qui font de l’argent si le marché baisse en ce moment. J’ai presque le même portefeuille qu’à l’été et automne 2008. Je suspecte que vous aussi avez le même portefeuille qu’en 2008. Ai-je raisons ?
