Vox populi vox dei, même pour la Caisse de dépôt ?

Publié le 07/03/2009 à 00:00

Vox populi vox dei, même pour la Caisse de dépôt ?

Publié le 07/03/2009 à 00:00

Elle est l'une des grandes créations du Québec contemporain et il n'est pas question de la regarder vaciller sans réagir.

Je fais évidemment référence à la Caisse de dépôt et placement et aux nombreux commentaires qu'a provoqués le dévoilement de ses résultats désastreux de 2008, le 25 février. Sur le blogue que je tiens sur LesAffaires.com, jamais un sujet n'a suscité autant d'interventions, concises ou détaillées, et pertinentes en très grande majorité.

Il serait présomptueux de prétendre qu'on y trouve l'expression du sentiment populaire au Québec, mais ces questions et opinions montrent bien ce qu'en pensent des gens, disons, plus informés que la moyenne.

Par exemple, le grand public a conclu que la Caisse de dépôt méritait le bonnet d'âne en se classant loin derrière le peloton des grands gestionnaires de caisses de retraite avec sa perte de 25 %.

Pas si vite, fait remarquer Gilles Crête, qui propose une comparaison avec le rendement de - 23 % affiché par CalPERS (California Public Employees Retirement System). " Ces données semblent relativiser les résultats négatifs de la Caisse ", dit-il, ajoutant qu'" il faut revenir les deux pieds sur terre et éviter de politiser un débat sur un fleuron du Québec ".

D'ailleurs, le gouvernement intervient-il dans la gestion de la Caisse ? Devrait-il le faire ? C'est clairement un enjeu qui chicote les gens.

" Politiser le débat sur la Caisse serait à mon avis une erreur très grave ", dit Claude Proulx. Pour lui, " c'est trop facile, car quand les résultats sont là, ce sont les gestionnaires qui ont pris les bons moyens, et quand ça tourne au vinaigre, c'est le gouvernement qui doit prendre le blâme... Je ne vois pas l'utilité de faire des procès. Collectivement nous avons péché, et collectivement nous devrons nous en sortir. "

D'autres commentaires sont plus mordants.

" Personne ne devait être à l'abri des conséquences de cette insolence dont ont fait preuve certains dans ce triste chapitre de notre histoire ", écrit Régis D. " Nous ne pouvons pas nous permettre de vouloir à tout prix protéger la sainte chapelle de nos institutions ", ajoute-t-il, en faisant cette mise en garde : " Les accusations stupides des opposants politiques opportunistes ne doivent pas prendre le plancher dans ce genre d'affaire. "

Philippe C. va un peu dans le même sens et se méfie de l'ingérence : " Tous ces sujets devraient être abordés de façon honnête et sérieuse (pas un comité hyper politisé et fantoche qui aura déjà tiré ses " conclusions " avant même de commencer son mandat) ", souligne-t-il.

Le conseil d'administration de la Caisse a lui aussi été mis en cause, et même si son rôle est moins évident pour les non-initiés, les lecteurs sont en mesure d'en parler.

Leur jugement est incisif. " Il est vrai qu'il y a plusieurs gros noms sur le conseil, mais si ces personnes sont très occupées et ont peu de temps à consacrer à la Caisse, il vaudrait mieux qu'elles ne siègent pas ", écrit Jean-Philippe.

Jean-Pierre Fortin renchérit : " Je me serais attendu à plus de tonus de leur part [...] Ce n'est pas le prestige des administrateurs qui nous assure une bonne gouvernance. "

Et Mario, qui dit siéger lui au conseil d'une grande caisse de retraite, plante le dernier clou : " Désolé, peu importe le nom, si l'individu ne s'intéresse pas beaucoup aux chiffres et à la réalité de ceux qu'il représente au conseil, il n'apporte rien. "

Reste la nature même de la Caisse, longtemps un objet de fierté, qui commence à être contestée. À cet égard, deux camps sont en train de se former quant à l'étendue de son rôle.

Pierre Brasseur est de ceux qui ne sont pas conciliants : " La Caisse est essentiellement un monopole dont la clientèle est captive, le genre de situation qui conduit presque automatiquement à l'instauration d'une culture de médiocrité. " En revanche, Ugo Marsolais ne croit pas que l'idée de la scinder devrait être retenue : " Le problème que vit la Caisse n'en est pas un de taille, mais plutôt de politique de gestion des risques déficiente. Cela peut se produire tant dans une petite société que dans une grande. "

Même si ce n'était pas une surprise, le choc de l'annonce de ces mauvais résultats a été brutal. On attend la suite, une éventuelle commission parlementaire, le diagnostic puis le remède, et la nomination d'un nouveau président.

Puisque la Caisse de dépôt a sérieusement dévalué ses éléments d'actif vulnérables, elle devrait afficher un meilleur rendement en 2009. C'est l'approche qu'utilisent les nouveaux dirigeants lorsqu'ils entrent en fonction, rappelle Gilles Crête, qui termine sur une note qu'on pourrait qualifier d'optimiste : " [L'idée est de] faire maison nette... et ainsi les rendements futurs seront meilleurs. "

rene.vezina@transcontinental.ca

DE MON BLOGUE

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Le fait que les initiatives du président Obama aient des chances de fonctionner devient secondaire si le courant passe mal. La prochaine étape sera de convaincre le public et les experts qu'il s'agit de la bonne stratégie. Il va falloir déployer des supervendeurs...

Vos réactions

" Les plans de relance envoient le message que les gouvernements paniquent et dépensent sans compter. Les gens irresponsables qui ont acheté une maison sans avoir les moyens de la payer vont être secourus par le gouvernement. Et qui va payer ? Les gens responsables qui ont pris une hypothèque qu'ils étaient capables de rembourser. "

- David Gagnon

" Le marché baisse non pas en réaction aux mesures promulguées par le président américain, mais pour deux raisons selon moi :

1. L'effet " janvier " qui a propulsé les titres. Cette petite bulle est en train de se dégonfler.

2. Les investisseurs attendront le premier signe mesurable que les nouvelles annonces d'aide auront un effet positif qui sauront sortir de la somnolence l'économie américaine. "

- Bull Smith

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