La petite société minière Nemaska Lithium (TSX-C, NMX) vient de réussir un doublé : elle a dévoilé un nouveau procédé de fabrication et a conclu une entente d'approvisionnement qui va l'aider à financer la construction d'une usine-pilote dès le début de 2013.
La minière de Québec veut alimenter le marché en forte croissance des piles pour téléphones portables, tablettes et voitures électriques. À cette fin, elle prévoit construire la mine de Whabouchi, à la Baie-James, qui produira du concentré de lithium (spodumène), en 2014.
Le 3 octobre, elle a publié une étude économique préliminaire révisée. Elle a ainsi annoncé qu'elle changeait de stratégie de fabrication, car elle a trouvé un procédé révolutionnaire qui lui permet de sauter une étape.
Ainsi, plutôt que de produire du concentré et de le faire transformer en Chine en carbonate de lithium, qui serait ensuite transformé en hydroxyde, un dérivé de plus grande valeur, son nouveau procédé lui permettra de produire de l'hydroxyde de lithium directement à partir du concentré.
Le procédé, en instance de brevet, a recours à l'électrolyse, relativement abordable au Québec en raison des faibles coûts d'électricité. Elle va bâtir une usine de deuxième transformation à Salaberry-de-Valleyfield.
Le 4 octobre, Nemaska a annoncé une entente avec Phostech Lithium, une filiale du géant suisse de chimie Clariant, qui fabrique des éléments de batterie à Candiac. Phostech lui achètera tout l'hydroxyde qu'elle réussira à fabriquer à l'usine de phase 1 qu'elle prévoit construire à Salaberry-de-Valleyfield, avant l'usine finale.
La quantité d'hydroxyde qu'elle vendra à Phostec, de 500 tonnes par année, est petite, car Nemaska ambitionne produire 27 000 tonnes par an. L'entente d'une durée d'un an vaut quatre millions de dollars, tandis que l'usine de phase 1 coûtera 15 M$ à bâtir, dit le président de Nemaska, Guy Bourassa.
La valeur de l'action de Nemaska Lithium a oscillé entre 30 et 65 cents au cours de la dernière année. Lors de la semaine précédant l'annonce du 3 octobre, le titre a gagné près de 50 %. Mais son cours s'est stabilisé aux environs de 50 cents.
Les analystes partagés
Kilian Charles, analyste de l'Industrielle Alliance, maintient sa cible à 1,10 $, jusqu'à la publication de l'étude préliminaire complète. L'analyste est optimiste : le marché de l'hydroxyde est prometteur et restreint, dit-il. Nemaska devient le premier à en produire directement et à bas coût. Reste à savoir si la demande d'hydroxyde se maintiendra, compte tenu de l'évolution rapide des technologies dans ce domaine.
Mansur Khan, de Dundee Securities, a pour sa part fait passer sa cible de 1 $ à 70 cents. Il estime que le montant des dépenses en immobilisations, chiffré à 454 M$ dans l'étude préliminaire, est trop élevé et craint que Nemaska peine à le financer.
NEMASKA LITHIUM : LE PROJET WHABOUCHI EN CHIFFRES
Valeur actuelle nette du projet 567 M$
Revenus 4,1 G$ sur 18 ans
Taux de rendement interne 23 %