À Barcelone, dans l'ancien quartier industriel en friche El Poblenou, se dresse un édifice cubique pour le moins détonnant.

Imaginé par l'architecte Enric Ruiz-Geli et son agence Cloud9, le bâtiment Média-TIC est fait d'un maillage de poutres munies de capteurs solaires, qui se gonflent ou se dégonflent pour réguler la lumière et la température selon la luminosité extérieure et les variations climatiques.

La visite de cet édifice «a été l'événement marquant de mon séjour à Barcelone. D'autant que nous avons eu la chance d'avoir une visite guidée par l'architecte», se rappelle Andrée Harvey, directrice-conseil à l'agence montréalaise d'interactions Phéromone. Andrée Harvey est l'une des quelque 60 personnes ayant participé l'an dernier à la troisième édition de l'École d'été en management de la création Montréal-Barcelone, organisée conjointement par HEC Montréal et l'Université de Barcelone.

Au programme : une immersion intensive d'une semaine, dans chacune de ces deux villes, ponctuée de cours et de conférences, de visites, de rencontres et d'activités créatives. L'idée émane du centre de recherche et de valorisation MosaiC, qui est animé par deux chercheurs d'HEC Montréal, Patrick Cohendet et Laurent Simon.

«La créativité est un enjeu majeur pour les entreprises. Or, la création, ça se cultive, et le contexte au sein duquel ça se cultive, ça se gère», dit Laurent Simon, en soulignant que les gestionnaires doivent créer des espaces de création dans leurs entreprises.

Les participants ont visité des entreprises québécoises comme le Cirque du Soleil, Ubisoft et Sid Lee. «C'est une chance extraordinaire que d'entrer dans ces entreprises, de se faire expliquer leur processus de création», dit Marie-Ève Baril, présidente du fabricant de robinets Baril. Elle a particulièrement apprécié sa visite de l'entreprise espagnole Roca, un géant mondial de la... robinetterie.

Son passage à l'École d'été l'a inspirée dans sa démarche d'innovation et sa volonté de se démarquer avec des produits uniques. Depuis un an, l'entreprise a même doublé à quatre ses effectifs en R-D.

Cocréation

Andrée Harvey, elle, est revenue de ces deux semaines avec un mot en tête : la cocréation ! «La créativité vient de la confrontation d'idées, de points de vue différents issus de diverses expertises.»

Elle entend appliquer ce concept chez Phéromone : «Notre équipe est composée de programmeurs, d'intégrateurs, de scénaristes, de designers, de gestionnaires qui ne travaillent pas assez ensemble et sont même regroupés selon leur spécialité. On veut mélanger les équipes et même revoir l'aménagement du bureau pour faire éclater la chaîne de production.»

Myriam Houde, conseillère senior en communications à la Banque Nationale, retient aussi l'importance de faire travailler ensemble des gens de différents univers. «Nous travaillons de plus en plus avec des équipes de travail multidisciplinaires, qui regroupent par exemple des gens en ventes, en financement ou en TI, pour développer des produits ou services», dit celle qui participe à une «communauté de pratiques en créativité» de la Banque Nationale.

«Ça favorise le choc des idées, d'autant qu'il y a aussi un facteur intergénérationnel.» - Lucy Stojak, directrice générale de l'École d'été en management de la création Montréal-Barcelone. Elle précise qu'un tiers des participants provient d'entreprises diverses, un tiers est composé de chercheurs et un autre tiers, d'étudiants de 2e et 3e cycles.