Le pessimisme des investisseurs à l'égard des marchés boursiers américains a atteint un niveau record de 70,3 % le 5 mars, selon l'indice hebdomadaire de l'American Association of Individual Investors (AAII), ce qui laisse croire que les Bourses approchent de leurs creux.
Durant la première semaine de mars, l'indice S&P 500 a perdu 7 % de sa valeur, touchant un creux de 666 points, du jamais vu depuis 1997, alors que le secteur des sociétés financières tombait à un plancher de 17 ans.
Certains analystes avancent même que le Dow Jones des 30 titres-vedettes américains pourrait chuter à 5000 points. Avec des chiffres et des prévisions aussi catastrophiques, il n'est pas surprenant que les épargnants hésitent à investir à la Bourse.
Or, depuis que l'AAII établit cet indice, en 1987, les creux de l'indice américain S&P 500 à travers les différents cycles économiques ont souvent coïncidé avec le sommet du pessimisme, fait remarquer la Financière Banque Nationale.
"Tant que le pessimisme demeurera élevé, tout rebond boursier sera difficile. Il faudra surveiller le rendement des Bourses quand l'optimisme commencera à regagner du terrain", dit Pierre Lapointe, stratège en chef adjoint à la Financière Banque Nationale.
Le système financier continue d'inquiéter
M. Lapointe avait noté en juillet dernier quatre événements qui devaient se produire pour qu'il reprenne espoir à l'égard des marchés boursiers : la baisse du prix du pétrole, la révision à la baisse des prévisions de bénéfice des entreprises du S&P 500 pour 2009, ainsi que la stabilisation du marché immobilier et du système bancaire américains.
Si les deux premiers événements se sont produits, des doutes subsistent quant au marché immobilier et au système bancaire.
"Les prix de l'immobilier continuent de baisser, mais le nombre de résidences en vente et les mises en chantier diminuent, ce qui devrait favoriser tôt ou tard une stabilisation du marché. La grande inconnue demeure la stabilité du système financier", explique M. Lapointe.
Le pire est-il passé ?
Martin Lefebvre, économiste en chef du Mouvement Desjardins, souligne que si le climat de pessimisme ouvre habituellement la porte à des occasions d'achat, l'indice de l'AAII n'offre pas une perspective historique très longue : "Il est impossible de comparer les plus récentes données avec les récessions sévères de 1982 ou des années 1930", dit-il.
M. Lefebvre soutient que les indicateurs montrent que la situation économique et financière est vraiment atroce, et qu'elle pourrait empirer.
Feu vert aux audacieux
Après avoir maintenu une stratégie de placement qui préconisait une sous-pondération en actions depuis 18 mois, Fiera Capital commence pour sa part à être plus encline aux investissements boursiers pour ses clients qui misent sur la croissance du capital.
"Nous estimons qu'aux niveaux actuels, les Bourses ont déjà pris en compte des scénarios de récession sévère. À ce chapitre, nous croyons que le compromis entre le risque et le rendement devient très attrayant", dit François Bourdon, vice-président, répartition de l'actif et revenu fixe structuré de Fiera.
La date clé du 25 mars
Pierre Lapointe souligne que, le 25 mars, le gouvernement américain mettra 200 milliards de dollars à la disposition des banques afin de les inciter à accorder des prêts. Selon lui, ce geste pourrait contribuer grandement à stabiliser le système financier.
Martin Lefebvre attend également de constater l'efficacité du plan de relance de l'administration Obama sur le système bancaire avant de retrouver le goût du risque.
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