Si on veut une relève, il faudra trouver des modèles inspirants

Publié le 08/12/2012 à 00:00, mis à jour le 06/12/2012 à 15:15

Si on veut une relève, il faudra trouver des modèles inspirants

Publié le 08/12/2012 à 00:00, mis à jour le 06/12/2012 à 15:15

Les inscriptions à l'École Polytechnique, à Montréal, sont en hausse cette année.

C'est également le cas à l'École de technologie supérieure et dans les autres établissements du genre au Québec. La situation est aussi phénoménale qu'inattendue. Le milieu québécois de l'ingénierie a vécu son annus horribilis en 2012. Les allégations de pratiques douteuses dans l'industrie de la construction couplées à d'autres sur le financement illégal de partis politiques ont entaché son image. Les interminables déboires de SNC-Lavalin ont fait le reste. De mémoire, à part les heures sombres de Nortel, on n'avait jamais vu d'entreprise majeure au Canada être aussi accablée par les scandales, au point d'assister à l'inculpation de son ancien président, soupçonné de fraude.

L'ingénierie est pourtant source de fierté au Québec. Elle s'est retrouvée au coeur des grands projets qui ont marqué notre évolution récente... Depuis plus d'un demi-siècle, le génie québécois a montré qu'il pouvait faire le travail, innovant, par exemple, avec les centrales hydroélectriques et les lignes de transmission à 735 kV. Il a essaimé et se fait maintenant valoir partout dans le monde. De jeunes Québécois en profitent pour découvrir la planète et s'acclimater à d'autres cultures. Ils servent en même temps à illustrer ce que nous pouvons accomplir de meilleur.

Et tout cela aurait été compromis par de déplorables manquements à l'éthique ? Par l'opportunisme et la cupidité ?

Heureusement, les jeunes qui continuent de s'inscrire dans les écoles de génie sont capables de faire la part des choses, semble-t-il. Ils ne se laissent pas trop décourager par les dérives.

Ce sera d'ailleurs un des tests de l'année qui s'annonce. Où et comment trouver l'inspiration, alors que les révélations-chocs attisent le cynisme ambiant ? Or, le Québec a plus que jamais besoin d'une vigoureuse relève entrepreneuriale. Un sondage récent de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante montrait que le quart des entrepreneurs qui songeaient à la retraite ont différé leurs plans depuis la récession de 2008-2009. Mais même ceux-là vont finir par passer le flambeau s'ils trouvent un repreneur.

Il y a les entreprises à préserver, puis celles à créer. L'observation et l'imitation sont deux puissants moteurs de l'apprentissage. Si on veut développer de nouvelles générations d'entrepreneurs, il va falloir compter sur des modèles. Pas besoin de saints, juste des gens intègres au parcours correct et au succès légitime.

Il y en a une multitude au Québec. Encore faut-il qu'ils se manifestent. Par réflexe, les gens d'affaires n'aiment pas s'afficher sur la place publique, y voyant une source potentielle d'ennuis, à moins que des intérêts directs soient en jeu, par exemple, quand le gouvernement signale qu'il va hausser les impôts ou les taxes sur le gain en capital. Là, on les entend haut et fort.

Mais une classe d'affaires faiblissante voit en même temps faiblir son influence. Elle obtient plus difficilement l'écoute des législateurs. Déjà que les préjugés ne sont pas précisément favorables, au Québec...

Ne serait-ce que pour une simple question d'équilibre, il faut donc espérer un raffermissement de l'entrepreneuriat québécois. Les exemples devront être inspirants. On n'attire pas les mouches avec du vinaigre, pas plus que la relève entrepreneuriale avec des malfaisants.

Dette, mais pas déficit

Il y a deux semaines, à la présentation du budget québécois, j'écrivais que la réduction du budget d'infrastructures annoncée par le ministre des Finances et de l'Économie, Nicolas Marceau, allait contribuer à réduire le déficit et à atteindre, finalement, l'équilibre budgétaire.

Un lecteur, Louis Charbonneau, me signale que cette affirmation est erronée. Et il a raison.

Dans les faits, les investissements en infrastructures ne sont pas comptabilisés comme des dépenses. Seuls les paiements d'intérêt sur les emprunts le sont. Il n'y a donc pas d'impact sur le déficit de l'année en cours. Par contre, les emprunts vont alourdir la dette.

C'est la chinoiserie déroutante de l'affaire : on pourrait fort bien avoir un budget équilibré avec une dette toujours plus forte. Depuis quelques années, le Québec parvient à réduire les dommages parce que les taux ont chuté, ce qui limite les paiements d'intérêt même si la dette gonfle. Mais à partir du jour où les taux remonteront, la facture se mettra à grimper... Aussi bien se croiser les doigts pour que l'économie mondiale, dont dépend en bonne partie le Québec, redémarre, et d'aplomb.

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Vos réactions

«Le concept d'intérêt collectif n'est pas encore bien défini dans le milieu des affaires, là où l'intérêt individuel et la concurrence dominent. Pourtant, au Québec en particulier, le milieu des affaires aurait intérêt à resserrer les rangs, ne serait-ce que pour défendre son image publique, au lieu de se laisser manger la laine sur le dos.»

- jpthoma1

«Les bonnes intentions commencent souvent par soi-même. Qu'il [Geoff Molson] commence par faire de la bonne bière et avoir un club gagnant sur la patinoire, et sa ville s'en portera déjà beaucoup mieux.»

- xylophone

rene.vezina@tc.tc

blogue > www.lesaffaires.com/rene-vezina

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