Rio Tinto Alcan mise toujours sur la Chine

Publié le 08/11/2008 à 00:00

Rio Tinto Alcan mise toujours sur la Chine

Publié le 08/11/2008 à 00:00

Malgré la chute récente des prix, les métaux sont toujours promis à un bel avenir grâce au boom économique de la Chine, qui retrouvera à long terme un rythme de croissance époustouflant.

C'est ce que croit le pdg de Rio Tinto Alcan (NY, RTP, 185,87 $ US), Tom Albanese, qui a remis à l'ordre du jour la théorie du découplage pour justifier son optimisme de voir les prix des métaux se maintenir au-dessus des niveaux historiques au cours des prochaines années.

" Nous assistons à deux ralentissements - celui de la Chine et celui de l'Occident - qui ne sont que partiellement liés ", a fait valoir M. Albanese devant des gens d'affaires montréalais, le 28 octobre.

Alors que la crise du crédit a entraîné les économies des pays développés dans un marasme, c'est plutôt un resserrement de la politique monétaire de la Chine, en vue de freiner une inflation menaçante, qui a occasionné le ralentissement de la croissance de l'économie chinoise.

Conjugués, les deux phénomènes ont eu un effet dépresseur sur les prix des produits de base. La dernière baisse des taux d'intérêt décrétée par la Banque centrale chinoise devrait cependant permettre à la Chine de reprendre un rythme de croissance vigoureux, en dépit de la crise financière en Occident.

" L'excédent commercial net de la Chine ne correspond qu'à environ 6 % du PIB du pays ", a expliqué M. Albanese.

C'est donc surtout la demande intérieure qui assurera la croissance de la Chine à plus long terme, affirme-t-il.

Il reste encore beaucoup d'occasions d'affaires à saisir pour l'acquéreur d'Alcan, qui réalise déjà 17 % de ses ventes en Chine. D'ici 2025, 60 % des Chinois vivront dans des villes, comparativement à 40 % aujourd'hui, ce qui nécessitera des investissements majeurs dans les infrastructures, a souligné M. Albanese.

Si la consommation d'aluminium par habitant en Chine devait rejoindre le niveau de Taïwan et de la Corée du Sud, la demande mondiale augmenterait de 38 %.

Un scénario optimiste qui ne fait pas l'unanimité

C'est le scénario optimiste que partagent certains experts, dont Tony Robson, analyste chez BMO Marchés des capitaux. Il recommande de conserver le titre de Rio Tinto Alcan, pour lequel il établit un cours cible de 45 livres sterling (83,25 $ CA).

" Rio Tinto Alcan est bien positionnée pour profiter des difficultés de concurrentes, puisqu'elle peut produire de l'aluminium à moindre coût que plusieurs d'entre elles ", explique-t-il.

D'autres experts sont plus pessimistes, comme Jagdish Handa, professeur d'économie à l'Université McGill : " Il est faux de dire que les économies sont moins interreliées qu'auparavant; elles le sont même plus qu'il y a 10 ans ", avance-t-il.

À son avis, la demande intérieure chinoise n'échappera pas au ralentissement économique en Amérique du Nord et en Europe. " À mesure que les exportations diminueront, les salaires élevés qui y sont liés seront réduits, ce qui se répercutera sur la consommation en Chine. " La croissance de la Chine risque d'être sensiblement réduite : " La baisse pourrait être de l'ordre de 3 à 4 % ", avertit M. Handa. L'économie chinoise a crû de 11,4 % en 2007 et devrait progresser de 9,4 % en 2008, selon les prévisions des économistes.

Mathieu D'Anjou, économiste principal chez Desjardins, apporte aussi des bémols à la thèse du découplage : " Les matières premières étaient surévaluées avant la crise et les prix demeurent élevés. " Selon lui, il faudra attendre à la mi-2009 avant que le prix de certaines denrées recommence à croître.

Tom Albanese nuance ses propos

Comme s'il voulait lui-même nuancer ses propos, Tom Albanese signalait d'ailleurs quelques jours plus tard que le ralentissement économique s'aggravait en Chine : " Cela va mener à une reprise différée de la demande pour la plupart de nos produits en 2009. "

Le titre de Rio Tinto Alcan ne semble pas moins attrayant aux analystes. Quinze des dix-neuf analystes consultés par Bloomberg recommandent de l'acheter, deux de le conserver, et deux de le vendre. " Son cours s'est effondré plus vite que les bénéfices ne devraient chuter dans le pire des scénarios ", affirme M. Robson.

jean-francois.cloutier@transcontinental.ca

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