Quand le goût de l'école passe par celui des métiers

Publié le 31/10/2009 à 00:00

Quand le goût de l'école passe par celui des métiers

Publié le 31/10/2009 à 00:00

A mind is a terrible thing to waste.

Veuillez pardonner cette introduction en anglais, mais à mon avis, rien ne représente mieux le besoin de lutter contre le décrochage que cette phrase tirée d'une campagne publicitaire qui a marqué les États-Unis des années 1980.

" Gaspiller un cerveau " est une chose terrible, en effet, et la lutte contre cette plaie justifie tous les efforts qu'on mène au Québec et ailleurs. Encore faut-il viser juste. Les méthodes classiques ne conviennent pas à toutes les clientèles scolaires. On a beau exhorter les jeunes à persévérer, s'ils ne veulent tout simplement pas... Et si l'école s'adaptait à leurs besoins, et non pas l'inverse ?

Prenez l'école secondaire des-Studios, à Saint-Jérôme, dans les Laurentides. Elle loge dans un environnement inhabituel, une sorte d'entrepôt typique d'un parc industriel. Mais la formation qu'on y dispense sort également de l'ordinaire. Elle est en train de permettre à des dizaines d'adolescents mal à l'aise dans le système traditionnel d'obtenir la reconnaissance de leurs compétences.

Pour le Québec, cet enjeu revêt une importance capitale. Lors d'une récente conférence organisée par Les Affaires, l'économiste Pierre Fortin, de l'UQAM, rappelait que la croissance économique dépend d'abord de la croissance démographique; mais à cet égard, au Québec, les perspectives ne sont guère encourageantes. On peut toujours compenser en misant sur l'immigration, les gains de productivité et une meilleure scolarisation, expliquait M. Fortin. Faire en sorte que les travailleurs potentiels puissent s'intégrer davantage au marché de l'emploi. Comme on prévoit que la population active (15 à 64 ans) va décliner dès 2014 au Québec, il importe de maximiser la participation des gens aptes au travail. On ne pourra pas se payer le luxe de perdre autant de compétences qu'aujourd'hui, alors que le taux de décrochage, au secondaire, se maintient près des niveaux records.

C'est la région du Nord-du-Québec qui détient la triste palme à ce chapitre. En 2007, plus de 7 élèves sur 10 n'y ont pas terminé leur secondaire. Au deuxième rang de ce sombre palmarès, on note les Laurentides, au nord de Montréal. Même si le décrochage y a légèrement diminué depuis quelques années, 43 % des garçons et 25 % des filles quittent l'école sans qualification ni diplôme.

Que faire ? Les obliger à rester sur les bancs d'école ? Impossible. Quelles que soient les raisons de l'abandon, vient un moment où le lien se brise, et on ne peut pas le réparer par la force.

Et si on réinventait l'école pour qu'elle convienne mieux aux jeunes qui ne s'y retrouvent pas ? C'est exactement ce qu'ont fait les dirigeants de l'école secondaire des-Studios, avec l'appui de la Commission scolaire de la Rivière-du-Nord. Le projet est unique dans la mesure où on a accepté que l'école relève du Centre d'études professionnelles voisin.

L'école a ouvert ses portes en 2008. Plus de 160 jeunes y sont maintenant inscrits. Ils y entrent à 15 ans. Pour plusieurs, la vie n'a pas été facile ni le système scolaire, accueillant. Il leur fallait un milieu plus souple.

Ils ont maintenant accès à un programme de formation axé sur l'emploi, qui peut durer un an ou trois ans, comprenant des cours réguliers (anglais, français, maths, sciences, univers social) et un stage en milieu de travail. À la fin de leur formation, ils obtiennent un certificat qui reconnaît leurs compétences dans l'un des 131 métiers semi-spécialisés reconnus par le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport. Non seulement ils ont de meilleures chances de se trouver un emploi dans un domaine qui leur plaît, mais certains retrouvent aussi le goût de l'école, à tel point qu'ils décident de poursuivre leurs études.

La différence paraît jusque dans l'attitude. " Des parents me disent que leurs enfants sont maintenant contents de se lever le matin et d'aller à l'école, dit la directrice de l'école, Geneviève Bourdeau. Ils se sentent utiles, valorisés, et ont une meilleure estime d'eux-mêmes. Ce sont des chemins peu fréquentés que nous parcourons avec eux. "

Il fallait voir ces jeunes, le 23 octobre, lors de l'événement Impact organisé par la Direction régionale du ministère de l'Emploi, et tenu dans les locaux de l'école. Les élèves s'étaient occupés de tout, de la décoration jusqu'à la sonorisation. Ils étaient manifestement fiers et décidés à ce que la journée se déroule bien. On leur avait fait confiance. Mieux, on leur avait donné une chance de se faire valoir. Pour espérer réussir dans la vie, c'est là une des conditions essentielles.

De mon blogue

www.lesaffaires.com/rene-vezina

Vous avez la parole sur les retraites

Dix travailleurs pour un retraité en 1950, cinq pour un aujourd'hui, deux pour un dans 30 ans... Et avec des centenaires à la tonne : vous voyez le tableau. Alors, qu'est-ce qu'on fait ?

Vos réactions

"Les pensions à prestations déterminées ne sont pas dépassées, loin de là. N'est-il pas normal de savoir combien on va avoir à sa retraite ? "

- Patrice

" Autant je trouve ridicule de voir certaines personnes envier les retraités du secteur public, autant je trouve normal qu'on réétudie certains points, dont sans doute l'âge de la retraite ou plutôt l'âge réel auquel les gens partent à la retraite. "

- Olivier M.

" Il y a tellement de faussetés et de légendes urbaines concernant les retraités du secteur public que, parfois, ça devient de la démagogie. Jusqu'à maintenant, des fonds publics comme le REEGOP se financent par les seules contributions des employés. "

- Grandsage

rene.vezina@transcontinental.ca

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