Important recul des mises en chantier, détente du marché de la revente, resserrement des règles hypothécaires... Le refroidissement du marché de l'habitation est amorcé au Québec et se poursuivra en 2013.
«Le nombre de mise en chantier devrait chuter de 12,6 % en 2013 pour avoisiner les 41 000 unités», prévoit Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale. Les marchés de Montréal et de Québec se sont détendus, et les inscriptions en vigueur ont augmenté de façon continue en un an, dit-il pour expliquer cette prévision.
Cette diminution de mises en chantier touchera principalement les appartements en copropriété (condos). «Depuis août, la copropriété est entrée dans un marché d'acheteurs», indique Marc Pinsonneault.
Les promoteurs, dit-il, vont réaliser que les nouvelles unités seront plus difficiles à vendre. Plusieurs n'auront pas le feu vert pour construire. Par conséquent, il n'y aura pas d'engorgement sur le marché.
Un avis que partage Kevin Hughes, économiste régional à la Société canadienne d'hypothèques et de logement. «La copropriété continuera de compter pour plus de la moitié des mises en chantier. Toutefois, la remontée des stocks de copropriétés inoccupées incitera les constructeurs à réduire le rythme de construction. Ce repli sera le principal facteur du fléchissement global de l'activité sur le marché du neuf», explique M. Hughes.
Même son de cloche chez Desjardins. «Après avoir défié les pronostics avec des hausses de mises en chantier, le secteur de la copropriété devrait enregistrer une baisse en 2013. Et ce serait bien étonnant que l'on se trompe», insiste Hélène Bégin, économiste principale chez Desjardins.
La demande de copropriétés est nettement plus faible depuis l'été. Alors que les ventes ont diminué de 10 %, les inscriptions en vigueur auprès des courtiers immobiliers ont bondi de plus de 20 %, rapporte l'économiste.
Toutefois, les unités moins coûteuses auront encore la cote, de sorte qu'une situation de légère pénurie persistera dans la majorité des secteurs, ajoute Mme Bégin. Cependant, ce sont les condos haut de gamme, déjà en surplus à Québec et à Montréal, qui deviendront encore plus problématiques, dit-elle.
Prix des maisons
Quant au prix des maisons, il continuera d'augmenter, mais à un rythme bien moindre. Oubliez la hausse de 8 % de 2011. «En raison du retour à un marché plus équilibré, la hausse des prix de revente ralentira en 2012 et en 2013», souligne l'économiste de la SCHL, Kevin Hughes. Elle s'établira à 3,9 % en 2012 et à 0,8 % en 2013. De sorte que les prix moyens pour ces deux années s'élèveront respectivement à 271 800 $ et à 274 100 $.
Où s'en va le taux directeur ?
Chez RBC, l'économiste principal Robert Hogues prédit que la Banque du Canada devrait commencer à hausser son taux d'intérêt dès la 2e moitié de l'année 2013. «Le taux devrait augmenter d'un demi-point dès le 3e trimestre de 2013», estime-t-il.
L'économiste principale chez Desjardins, Hélène Bégin, croit plutôt que la remontée des taux directeurs surviendra au début de 2014. «Les difficultés économiques et financières mondiales prolongeront la période de faiblesse des taux d'intérêt un peu partout dans le monde, y compris au Canada. Les autorités monétaires du pays devront donc attendre plusieurs trimestres avant d'amorcer la remontée des taux directeurs», dit-elle.
La SCHL ne prévoit pas non plus de hausse en 2013. Elle s'attend par contre à ce que le taux affiché des prêts hypothécaires d'un an progresse pour se situer dans une fourchette allant de 3 à 4 %. Celui des prêts de cinq ans variera de 5 à 5,75 %.
Le prix des maisons a crû de 3,4 % au Canada, en octobre, selon l'indice national Teranet-Banque Nationale, par rapport à la même période il y a un an. Cependant,, l'indice traduit également une baisse de 0,2 % du prix moyen par rapport au niveau de septembre.
