Où investir ?

Publié le 03/09/2011 à 00:00

Où investir ?

Publié le 03/09/2011 à 00:00

On a un peu sourcillé il y a quelques jours, lorsque la Caisse de dépôt a dit souhaiter que les pays du monde qui en ont les moyens y aillent de nouveaux programmes de stimulation.

Sans le dire trop ouvertement, la Caisse visait les États-Unis, l'Allemagne, la France et quelques autres pays. Objectif : éviter que la croissance ne ralentisse trop ou, pire encore, que les économies ne reculent.

La Caisse n'est pas seule à croire qu'il faut que les gouvernements qui ont encore de la capacité à leur bilan interviennent avec de nouveaux programmes de soutien. Il suffit d'écouter CNBC pour constater combien le courant de pensée gagne en adhérents.

Heureusement, Jim Flaherty n'est pas d'accord. Le ministre des Finances estime qu'il faut garder le cap sur le retour à l'équilibre budgétaire et il n'a pas l'intention d'instaurer de nouvelles mesures de stimulation.

La vision des interventionnistes est certes défendable. Il s'agit de faire en sorte que l'économie tienne bon, le temps de rétablir la confiance, et de faire en sorte que les entreprises quittent les lignes de côté et se remettent à investir.

Elle omet cependant de tenir compte d'un facteur de risque important : et si ça ne fonctionnait pas ?

La difficulté avec les programmes de stimulation, c'est qu'ils creusent les déficits et créent des dettes pour la prochaine génération. Si l'économie ne connaît qu'un faux départ sous l'effet de la stimulation, le risque est de revenir au point d'origine (la menace de récession) avec plus de dettes encore que la première fois. Vous voyez le cercle vicieux se dessiner ?

D'autant plus qu'on peut se demander si de nouveaux programmes ne risquent pas plutôt d'être un frein à la reprise. C'est que les entreprises sauront fort bien que les progressions du PIB sont en partie dopées et qu'elles hésiteront à investir.

Ce qui risque d'arriver, et où investir ?

Malgré le débat animé qui se dessine, il serait étonnant de voir survenir de nouveaux programmes de stimulation. Les Européens en ont déjà plein les bras avec la crise de la dette, et on ne voit pas trop les pays qui ont de bonnes notations faire le pari d'un ajout de dette. L'argument vaut aussi pour les États-Unis, avec en plus, là-bas, le Tea Party qui veille.

Où investir dans ce cas ?

Il faut reconnaître que les endroits ne sont pas légion.

Dans les actions ordinaires ?

Si l'on croit qu'une récession s'annonce (et c'est notre cas), il vaut peut-être mieux encore éviter, pour un temps du moins, les achats d'indice, de FNB ou de fonds d'investissement. Le potentiel haussier du marché en général semble en effet plus faible que son potentiel baissier. Il y aura toujours des exceptions et des sociétés qui croîtront, même en récession. Mais jouer le panier de titres paraît aléatoire et peu porteur.

Dans les actions aurifères ?

Malgré notre pessimisme quant au prix de l'or, l'option n'est pas nécessairement à négliger. C'est que le prix du métal jaune a grimpé de plus de 25 % depuis le début de l'année, mais que celui des titres aurifères n'a pas vraiment avancé. Même si le cours de l'or devait retraiter, le risque sur la marge bénéficiaire semble limité.

On serait prudent. Il est aussi possible que le marché en soit à réévaluer à la baisse les hauts multiples qu'il a historiquement accordés aux sociétés aurifères. Mais Scotia Capital aime bien les titres de Goldcorp, d'Eldorado Gold et d'IAMGOLD.

Dans les actions à dividende ?

C'est une avenue. Le dividende peut assurer un certain rendement. Il y a deux risques : 1 - une baisse de rentabilité qui viendrait forcer une diminution du dividende ; 2 - l'arrivée de l'inflation qui ferait grimper les taux d'intérêt (le marché pourrait alors aligner les taux de rendement des dividendes sur celui des obligations en faisant baisser la valeur des actions).

Pour tenter de se prémunir contre ces deux risques, le mieux est de chercher des sociétés qui ne sont pas trop secouées par les récessions et dont la rentabilité va croissant. Il faut mesurer soi-même le risque propre à chaque titre, mais RBC Marchés des capitaux identifiait récemment les sociétés suivantes comme ayant des dividendes en croissance et offrant un rendement de plus de 3,5 % : BCE, Shaw, Telus, la Banque Nationale, la Banque Scotia, Rogers, Transcontinental et le Groupe TMX.

Dans les débentures de sociétés ?

Il s'agit de rechercher des placements qui, même s'ils ne sont pas garantis par l'État, sont relativement sûrs et offrent un meilleur rendement que les obligations fédérales, provinciales et municipales.

RBC Marchés des capitaux a récemment passé au peigne fin des débentures corporatives qui offrent un faible risque parce que les entreprises détiennent beaucoup de liquidités et ont peu de remboursements exigibles avant le début de 2014. Omers Realty offre du mai 2014 à 1,93 %, GTAA (Aéroport Pearson, du février 2016 à 2,36 %, Cadillac Fairview du janvier 2016 à 2,32 % et PSP Capital du décembre 2015 à 1,80 %.

De faibles rendements pour une assez longue période. En fait, il n'est pas impossible que la meilleure des options soit de demeurer "cash" afin d'éventuellement pouvoir bénéficier de mouvements extrêmes sans pénalités.

DANS LE DÉTAIL

Sur le radar

INVESTIR DANS LES SOCIÉTÉS À DIVIDENDE

Attrait

Historiquement, au Canada, les sociétés à dividende rapportent plus que les autres.

Sources : Kenneth French et RBC Marchés des capitaux

Risque

Si les taux grimpent, les actions pourraient plier parce que les rendements des obligations grimperont et ceux des actions pourraient s'ajuster.

INVESTIR DANS LES ACTIONS AURIFÈRES

Attrait

Depuis le début de l'année, le prix de l'or a fortement progressé... alors que le cours des actions des sociétés de métaux précieux n'a pratiquement pas bougé.

Risque

Historiquement, les sociétés aurifères se sont toujours négociées à des multiples plus élevés que les autres sociétés minières. Certains commencent à remettre le tout en question. Les profits pourraient grimper, mais les multiples se compresser.

francois.pouliot@transcontinental.ca

blogue > www.lesaffaires.com/francois-pouliot

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