Lecavalier a investi 1 million de dollars et consacré deux ans d'efforts à son site Internet transactionnel, une première mondiale dans le secteur du recyclage de pièces automobiles. Avec l'espoir que dans cinq ans, il générera 10 % des transactions. C'est le prix à payer pour assurer la croissance à long terme de l'entreprise.
" Nos clients, des concessionnaires automobiles, des carrossiers et des mécaniciens, choisissent les pièces en ligne, mais ils passent la commande par téléphone ", explique Philippe Fugère, 45 ans, vice-président, ventes, marketing et développement, qui détient avec son frère Roger, président, 46 ans, 90 % des actions de Lecavalier.
Les 26 représentants de l'entreprise de Sainte-Sophie, dans les Laurentides, reçoivent 3 500 appels téléphoniques par jour.
" Le site a été conçu pour la prochaine génération de mécaniciens et de carrossiers, habituée à Internet ", précise-t-il.
Cela dit, le site Web de Lecavalier est déjà très populaire, puisqu'il reçoit 5 000 visites par semaine. Mis en ligne en mai dernier, il ne génère toutefois que des ventes de 3 000 $ par semaine, sur un chiffre d'affaires annuel de 40 millions de dollars.
Avec l'aide de iCongo, Lecavalier a numérisé 1,8 million de pièces pour son site transactionnel. Mais les Fugère n'étaient pas des néophytes en matière de technologies de l'information; ils s'étaient déjà dotés d'un système de gestion avancé qui, entre autres, met à jour les stocks toutes les cinq minutes.
La moitié des véhicules accidentés achetés par le recycleur, soit 5 000 par année, viennent des assureurs, l'autre moitié provient d'encans. Pour acquérir 5 000 véhicules, Lecavalier doit déposer 154 000 soumissions.
Une croissance annuelle de 3 à 7 %
Une automobile compte en moyenne 602 pièces, dont 17 représentent 85 % des revenus de Lecavalier. L'acheteur de Lecavalier doit tenter de vérifier, sur la photo de la voiture accidentée diffusée par l'encanteur sur Internet, lesquelles de ces 17 pièces sont en bon état. Le système informatique de Lecavalier met à jour les stocks de pièces en temps réel. Ses meilleurs clients peuvent réserver des pièces que le recycleur n'a pas encore en stock.
Lecavalier vise une croissance annuelle de ses revenus de 3 à 7 %. L'entreprise possède un centre de service à Cumberland, en Ontario, mais sa croissance proviendra essentiellement de ses trois centres québécois, situés à Sainte-Sophie, Saint-Jean-sur-Richelieu et Saint-Apollinaire, précise Philippe Fugère. Pour l'heure, il ne caresse pas de projets d'expansion à l'extérieur du Québec.
On pourrait croire que la récession avantage les recycleurs de pièces d'autos, mais ce n'est pas le cas. Si, en période difficile, les propriétaires conservent leur véhicule plus longtemps, ce qui implique davantage d'entretien et de réparations, ils font en revanche moins de kilométrage, pour économiser l'essence. Les pièces de leur auto brisent donc moins souvent.
Par ailleurs, les programmes de mise à la ferraille des vieux véhicules financés par les gouvernements et certains constructeurs pour inciter les propriétaires de véhicules construits avant 1996 à s'en départir n'a aucun effet sur les ventes de Lecavalier. " Ce programme vise des autos trop vieilles pour nous intéresser ", précise M. Fugère.
Fondée en 1942, Lecavalier a été achetée en 1965 par Roger, père des Fugère. En 2001, Ford en a fait l'acquisition, mais la crise financière provoquée par la bulle techno a forcé le constructeur automobile à la revendre un an plus tard aux Fugère.
L'entreprise, qui emploie 186 personnes, est le plus important recycleur de pièces automobiles au Québec, après LKQ Pintendre.
dominique.froment@transcontinental.ca
