Le voyage éthique, une étiquette qui ne vend pas

Publié le 03/08/2013 à 00:00

Le voyage éthique, une étiquette qui ne vend pas

Publié le 03/08/2013 à 00:00

Spécialisée en conception de voyages équitables, Louise Constantin s'apprête à mettre la clé sous la porte de Mercure Tourisme Équitable, qu'elle a fondée en 2004, faute de clients. «Pourtant, les médias ont amplement parlé de mon produit. Le public, lui, n'a pas accroché», admet Mme Constantin, qui avait en main des études de marché positives sur ce type de voyages.

Ainsi, le développement durable a beau être à la mode, il ne sourit pas au monde du voyage. Les concepts de voyage équitable, d'écoresponsabilité et d'écotourisme ne sont pas vendeurs. Actuellement, l'industrie touristique estime à 5 % la clientèle intéressée par le voyage à caractère éthique. Cette donnée circule depuis au moins cinq ans. En fait, ce sont surtout les voyages d'aventure, de découverte dans lesquels on introduit des notions d'écoresponsabilité et d'écotourisme qui plaisent aux touristes.

«La destination demeure encore le critère prioritaire du client», dit Véronique Pépin, directrice générale d'Expéditions Monde. Depuis 20 ans, cette agence montréalaise organise des voyages internationaux d'aventure pour de petits groupes. «Chez nous, l'écoresponsabilité fait partie de notre philosophie, de nos pratiques. Et on le fait avec coeur. Cependant, inutile d'en faire un élément de marketing, notre clientèle n'est pas encore rendue là», reconnaît Mme Pépin, indiquant que son chiffre d'affaires augmente d'au moins 4 % par année.

Une stratégie de fidélisation

Même son de cloche chez Othentika, une entreprise qui organise des événements d'affaires, principalement des voyages de motivation et de reconnaissance pour des groupes de 100 à 300 personnes. Depuis quatre ans, le président Nicolas Richard suggère à ses clients d'organiser une activité communautaire au cours du séjour. Baguage de rhinocéros en Afrique du Sud, montage et remise en état de vélos au Mexique, rénovation d'une classe d'école dans l'île de Sainte-Lucie... «Plus de 40 % de nos clients sont séduits par le concept», dit-il fièrement.

Toutefois, pas question d'utiliser la formule «voyage communautaire ou d'écoresponsabilité» dans le positionnement de l'entreprise. «Ça demeure des voyages VIP. Par conséquent, l'utilisation du mot communautaire ne serait pas un bon argument de vente», précise-t-il.

Louis Jolin, coauteur du livre Un autre tourisme est-il possible ?, ne croit pas que le voyage éthique deviendra une marque de commerce. «Ce n'est pas un argument pour attirer de nouveaux clients. Par contre, ce type de voyage peut devenir une stratégie pour fidéliser une clientèle déjà acquise», soutient le professeur associé du Département d'études urbaines et touristiques de l'École des sciences de la gestion de l'UQAM.

Il cite le transporteur et voyagiste Transat. Bien que les destinations et les bas prix constituent les principaux arguments de vente de cette entreprise, la société montréalaise a tout de même élaboré une politique de tourisme durable en matière d'environnement, de respect des communautés et de protection de leurs cultures respectives.

Malgré la tendance, une poignée d'entrepreneurs persistent et signent. Voyage Gaïa, à Trois-Rivières, qui a ouvert ses portes en mars dernier, est du nombre. La fondatrice de cette entreprise de conception de voyages écotouristiques demeure convaincue que le succès de ce marché créneauréside dans une approche adaptée aux besoins et aux degrés d'écoresponsabilité de chacun. «Tout le monde ne veut pas voyager "vert foncé". Il y a aussi des "vert pâle" qui veulent faire leur part, remarque Michèle Rhéaume. C'est à nous de leur proposer des formules attrayantes, en intégrant un petit clin d'oeil écoresponsable.»

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