La crise des caisses de retraite, ou la colère des écorchés

Publié le 08/11/2008 à 00:00

La crise des caisses de retraite, ou la colère des écorchés

Publié le 08/11/2008 à 00:00

Amertume. Colère. Désabusement. Résignation. Ce ne sont pas les plus beaux sentiments. Mais comment ressentir autre chose quand il est question de l'état de santé d'une des victimes collatérales de la crise financière : les caisses de retraite.

Liberté 55, ce fantasme des années 1990, a pris depuis longtemps le chemin du musée. La réalité est brutale. On craint le pire pour les régimes de retraite, qui sont censés assurer nos vieux jours, et qui saignent de l'encre rouge au point où il faudra bien les renflouer.

La semaine dernière, on signalait que la Ville de Québec allait devoir réinjecter pas moins de 65 millions de dollars pour renflouer la caisse de retraite de ses employés. Elle accuse maintenant un déficit de 500 millions de dollars.

Ce qui déclenche inévitablement la question suivante : " Il va falloir que je paie pour les autres alors que j'ai moi-même perdu de l'argent ? "

Le fardeau risque fort de retomber sur ceux qui vont encore travailler pour un bon moment, c'est-à-dire les plus jeunes.

Et ces plus jeunes, ils ne sont pas contents, d'autant plus qu'ils se demandent légitimement s'il restera de l'argent dans le fond du tiroir quand viendra leur tour de prendre leur retraite, dans 30 ou 40 ans.

Déjà, notre journal indiquait, il y a trois semaines, que la Régie des rentes elle-même n'aurait d'autre choix que d'augmenter le taux de cotisations des Québécois, simplement pour maintenir le régime à flot.

Au moins, dans le cas de la Régie, on évite la question acrimonieuse de savoir si on va payer d'abord pour les autres. Votre compte à la Régie vous est dédié. C'est déjà ça d'acquis.

Dans les autres régimes, ce n'est plus aussi simple. Ceux qui suivent risquent de ne recevoir qu'une partie des bénéfices auxquels ont droit leurs aînés.

C'est cette brutale constatation qui a engendré un flot de commentaires sur mon blogue, à LesAffaires.com, lorsque j'ai évoqué la situation qui a cours à Québec. Je me doutais bien que le sujet allait inspirer des réactions bien senties, d'autant plus qu'on se demande là-bas comment éviter des hausses de taxes foncières. Mais je ne pensais pas qu'allait en résulter un débat serré entre les plus jeunes - les fameuses générations X et Y - et les plus vieux, regroupés sous l'appellation fourre-tout de baby-boomers.

En deux mots, les camps se sont définis ainsi : " Nous, les trentenaires, n'acceptons pas de devoir nous serrer la ceinture en payant plus cher pour soutenir les régimes de ceux qui se sont déjà largement servis. " En face : " Nous, qui avons trimé dur pour édifier cette société, avons légitimement le droit de bénéficier des efforts de toute une vie. "

Et tout le monde casse du sucre sur le dos des employés de l'État qui profitent de régimes avantageux, défrayés par les contribuables.

Bien sûr, en filigrane, ressort le constat que les régimes à prestations déterminées - on sait d'avance combien d'argent on recevra lors de sa retraite - achèvent leur temps, parce qu'ils imposent une pression énorme à la fois aux gestionnaires des caisses et à ceux qui doivent les renflouer si les choses tournent mal.

On va probablement passer progressivement au mode des régimes à cotisations déterminées - on sait seulement combien de fonds sont injectés dans le régime, et pour la suite, on se croise les doigts. Les plus optimistes disent que plusieurs années de bons rendements peuvent même améliorer les prestations à venir. Ouais... avec ce qui arrive cette année, les sceptiques ne seront pas convaincus.

Le plus dommage, c'est que la débandade actuelle écorche des rêves. Et une personne écorchée n'a pas le coeur à pardonner. De là ces remarques acides sur l'autre : l'aîné ou le fonctionnaire, celui qui recevra alors que son vis-à-vis va donner.

Nous nous sommes mis dans le pétrin. Aujourd'hui, comment, honnêtement, aller reprendre des avantages à ceux qui ont travaillé toute une vie en se fiant à la parole donnée ? Comment leur dire : " vous aurez moins que ce qui était entendu " ?

De même, comment exiger des jeunes, de moins en moins nombreux, qu'ils payent pour soutenir les retraités ?

Au-delà de la crise actuelle, c'est là l'un des enjeux marquants de notre temps. Qu'il découle de notre manque de vision, de notre lenteur à comprendre qu'il y aura un sérieux prix à payer pour notre écroulement démographique n'y change rien. Pour une fois, l'expression n'est pas galvaudée : il va falloir en faire un vrai débat de société. Comme l'écrivait René H. Laflamme sur mon blogue : " Blâmer l'autre, c'est trop facile. Chaque génération doit faire partie de la solution. "

DE MON BLOGUE

www.lesaffaires.com/rene-vezina

La question qui tue

La semaine dernière, un lecteur me posait la question qui revient sans cesse et qui traduit bien le désarroi des investisseurs qui ont vu leurs placements fondre depuis septembre. Il se demande si la Bourse va remonter à court terme car, comme tant d'autres, il se dit découragé de voir l'ampleur de ses pertes. Faut-il tout vendre, ou plutôt racheter puisque les titres ont baissé ? Le plus désolant, c'est que je n'ai rien à répondre. Ceux qui ont la réponse sont des vendeurs d'illusions qui prétendent avoir le don de prédire l'avenir. Et ça n'existe pas.

Vos réactions

" Ma philosophie, c'est de ne pas bouger, surtout si vous n'avez pas besoin de cet argent. À tout le moins, si vous devez faire un certain retrait d'argent, alors allez-y avec le minimum qu'il vous faut et patientez pour le reste. "

- François T.

" Si j'étais dans un cours de sciences naturelles, je vous dirais qu'on a joué avec l'écosystème et qu'il peut se passer des décennies avant que la nature ne reprenne son cours, et ce, si on a la volonté d'en contrôler les causes. Malheureusement, l'économie n'a aucune morale. "

- Serge Clément

rene.vezina@transcontinental.ca

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